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Situé à l'embouchure de la Charente,
Fouras fut occupé très tôt. La tradition veut que les romains n'avaient pas
négligé ce point stratégique où ils avaient fait bâtir un premier castrum
dont les ruines durent disparaître lors de campagnes de construction
postérieures. La châtellenie de Fouras devient, au XIe siècle, la propriété
d'Hugues et de Geoffroy de Rochefort qui avaient droit de haute, moyenne et
basse justice et de prélever des taxes sur les bateaux empruntant la
Charente. Au début du XIVe siècle, le roi Philippe le Bel, instruit de
l'importance stratégique des donjons de Fouras et de Rochefort, essaie de
racheter les deux châtellenies aux divers héritiers de Goeffroy de
Rochefort. Ainsi, en 1305, et pendant dix années, Fouras appartiendra à la
Couronne, représentée par Pierre de Bailheus, chevalier, sénéchal de
Saintonge. Mais la châtellenie est donnée, le 29 décembre 1315, par le roi
Louis X le Hutin à Guillaume de Maumont, sire de Tonnay-Boutonne, en
compensation de terres qu'il aurait cédées à Philippe, comte de Poitiers. On
ne sait comment la châtellenie change de mains au début du XVe siècle: Guy
de La Personne rend aveu au roi de France, le 1er mars 1410. Le 15 janvier
1461, c'est Jean le Bon, comte d'Angoulême, qui rend aveu de sa châtellenie
de Fouras. En 1469, Fouras passe entre les mains de Jehan II de Brosse,
seigneur de L'Aigle. Ce dernier aurait fait bâtir, de 1480 à 1490, le donjon
actuel, seul vestige de la forteresse médiévale. Jean IV de Brosse étant
mort sans postérité, Jeanne de Vivonne devient la dame de Fouras en 1548.
Par son mariage, la châtellenie passe à la famille Clermont, puis aux mains
d'Albert de Gondi, duc de Retz. Avant 1609, Charles Geoffroy, écuyer,
seigneur de Dompierre, acquiert la terre de Fouras qui, par alliance,
revient à la famille Polignac qui sera dépossédée du château par le Roi,
mais qui conservera la seigneurie, transmise à la famille Chesnel. Jean
Fretard de Gadeville hérite en 1757 de la châtellenie comme époux de
Marie-Élisabeth Chesnel. Leur fille, Marie-Louise-Anne, épouse Élie-François
de Vassoigne auquel elle apporte Fouras.
La forteresse de Fouras fut au cours des siècles un point stratégique
convoité. De ce fait, ces murs servirent de triste décor lors des sanglantes
luttes de la guerre de Cent Ans. Français et Anglais se la disputèrent et se
l'arrachèrent. Une période de paix et de reconstruction suivit ces
affrontements qui avaient ravagé le pays jusqu'en 1453. C'est à la fin du
XVe siècle que le seigneur de Fouras décide la construction du donjon
quadrangulaire. Mais quelques décennies plus tard la forteresse devient à
nouveau le théâtre des hostilités entre Catholiques et Protestants. A la
prise de La Rochelle en 1628, Fouras, en raison de sa situation importante,
échappe à la démolition des châteaux forts commanditée par Louis XIII.
Devenue forteresse royale, on y fait des travaux de maçonnerie
considérables, notamment lors de la guerre de Hollande (1672-1678). En
effet, les hollandais ayant l'intention de combler la Charente, l'ordre fut
donné de fortifier Fouras et l'embouchure du fleuve. Le gouverneur de La
Rochelle, M. de Gadagne, vint surveiller les travaux effectués autour du
donjon XVe siècle. Les moyens mis en œuvre découragèrent les hollandais qui
durent rebrousser chemin après une tentative d'approche. La paix retrouvée,
les travaux ne s'arrêtent pas pour autant et s'échelonnent de 1682 à 1706 et
plus précisément de 1689 à 1693. Vauban serait même venu inspecter le
chantier dirigé par Ferry, en 1684, mais cette supposition est démentie par
Nicolas Faucherre dans l'ouvrage Les fortifications du littoral de la
Charente-Maritime (éd. Patrimoines et Médias). Rien ne subsiste des
premières constructions médiévales. Le donjon actuel, élevé par Jehan II de
Brosse, demeure le seul témoin de la construction du XVe siècle avec, sans
doute, la muraille sud de la première enceinte. Ce donjon, atteignant une
hauteur de vingt mètres, est divisé en quatre niveaux de plan quadrangulaire
reposant sur une crypte d'une grande qualité. Divisée en plusieurs salles,
cette dernière à l'origine ne formait qu'une salle unique soutenue par neuf
piliers. De nombreuses fenêtres à traverse ont été murées au cours des
remaniements du XVIIe siècle. Le donjon se situe aujourd'hui au centre d'une
enceinte flanquée de trois tours. La muraille sud semble être plus ancienne
que le restant des courtines datant de la fin du XVIIe siècle. On constate
en effet une différence d'épaisseur des murs et dans le diamètre des tours.
Les plates-formes, l'épaisseur considérable des courtines et la tour
nord-est massive au glacis fortement incliné sont autant d'éléments propres
à l'architecture militaire contemporaine de Vauban. Cette enceinte commande
un troisième ouvrage longeant la mer, à l'ouest. (1)
Éléments protégés MH : les bâtiments (fin XVe siècle), les murs d'enceinte
(Vauban XVIIe siècle) et les sols non bâtis ; le sol de l'esplanade
s'étalant au Sud-Sud-Ouest (sur lequel était le casernement du fort et des
batteries), à l'exclusion des parcelles non cadastrées, délimité au
Nord-Ouest par le mur d'enceinte de la citadelle, à l'Ouest et au Sud-Ouest
par l'océan Atlantique, à l'Est et au Nord-Est par la rue Vauban :
classement par arrêté du 13 mars 1987.
château fort de Fourras 17450 Fourras, transformé en
musée.
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