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Le château est sans doute l'une des plus
belles demeures que la fin du XVIIIe siècle ait laissée dans l'arrière-pays
de l'Aunis. C'est aussi une seigneurie, relevant autrefois directement du
Roi au devoir d'un marbotin d'or, qui possède un passé riche. Le premier
personnage que l'on trouve parmi les propriétaires de la terre d'Huré est
maître Jean Mérichon, écuyer, conseiller du Roi, élu en Saintonge, seigneur
d'Huré, de Lagord et du Breuil-Bertin, vers 1460, puis chambellan du Roi,
gouverneur et capitaine de la ville de La Rochelle, en 1489. La terre resta
aux mains de ses descendants pendant une centaine d'années. En 1559, elle
était la propriété de Marguerite de Montberon, fille de Jean et de Guyonne
de Mérichon. Ne s'étant pas mariée, elle la laissa, à sa mort, à Antoine de
Montagrier, écuyer, seigneur de Maroitte, de Montagrier et de Brassac, en
Périgord, lequel l'échangea, en 1584, contre la terre et seigneurie de
Grésignac, en Périgord, appartenant à Claude d'Angliers de Joubert,
chevalier, seigneur de La Sauzaye et d'Angliers, agissant comme ayant charge
de sa mère Catherine de Joubert, héritière d'Anne de Joubert, dame de
Grésignac et de La Chapelle. Quelques années plus tard, en 1599, le fermier
de la seigneurie d'Huré, au nom des d'Angliers, passa un marché avec des
tailleurs de pierre de la ville de La Rochelle pour qu'ils refassent toutes
les murailles de clôture du grand jardin, les tours d'angle qui les
flanquaient avec des canonnières comme au préalable et construisent "une
autre tour pour servir de fuye qui aura quatorze pieds en carré par dedans…,
ronde par le dehors et de huit pieds de haut hors terre".
Le château passa ensuite aux mains des héritiers de la famille d'Angliers,
Nicolas Guinot, écuyer, seigneurdu Fief, René de Saint-Légier, écuyer,
seigneur de La Sauzaye, et René de Saint-Mathieu, écuyer, sieur de Soulignac,
lesquels le vendirent, en 1637, à Jean Bruneau, écuyer, sieur du Gravoy.
Après la révocation de l'Édit de Nantes en 1685, son fils Arnaud et son
épouse quittèrent la France, pour cause de religion. Leur fille, Marie,
épouse de Jean-Baptiste-Christophe de Hastrel, semble avoir un temps possédé
Huré qui échut par la suite à Anne Bruneau, épouse de Jules de Gabaret,
chevalier, seigneur d'Angoulins. En 1715, la seigneurie fut adjugée sur la
succession vacante d'Anne Bruneau, à Antoine Jarry de La Rousselière.
Celui-ci fit aussitôt faire des travaux et notamment construire une chapelle
qui fut bénie le 9 juin 1718. Son fils, Jean-Baptiste Jarry de Loire, ne
laissa qu'une fille, Elisabeth-Angélique, qui reçut le château d'Huré en
dot, en 1746, lorsqu'elle épousa Pierre-Alexandre Petit du Petit-Val,
écuyer, fils de François, conseiller du Roi et son procureur au bureau des
finances de La Rochelle, et d'Esther Bernon. C'est aux époux Petit du
Petit-Val que l'on doit la reconstruction de l'actuel château, vers
1770-1780. En 1784, les terres et châtellenies de Loiré, d'Huré, de Lagord
et des Halles de Puilboreau revinrent à leur fils François-Gaspard-Philippe,
receveur général de la généralité de La Rochelle, beau-frère du seigneur de
Buzay, qui les mit en vente dès 1786. Ce n'est qu'en 1791 qu'il trouva
acquéreur en la personne de Jean-Baptiste-Louis Chevallier de Puilboreau,
riche négociant qui acheta Huré pour 64 000 livres. De son mariage avec
Sophie-Salonie de Saxes il laissa cinq enfants dont Béat-Baptiste-Louis,
négociant à Bordeaux, qui s'attribua le domaine, en 1851.
Quelques années auparavant une annonce parue dans le journal La
Charente-Inférieure informait le public de la mise en vente du "beau et bon
domaine d'Uré, commune de Lagord à une demi-heure de La Rochelle, composé
d'un joli château bâti à la moderne, servitudes de toutes espèces, deux
grands jardins, un parc très agréable, allées, charmilles, belles avenues,
bois futaie et taillis. d'une contenance de dix-neuf journaux plus
quarante-six journaux de terres labourables et prés artificiels,
quatre-vingt sept journaux d'excellentes vignes, la majeure partie plantée
depuis vingt ans". En 1852 il fut vendu à Philippe Rey, général de brigade,
officier de la Légion d'Honneur, et à son épouse, Louise-Nathalie Gigaux.
Devenue veuve, la générale Rey revendit le domaine, en 1861, pour 60 000
francs, à trois négociants. La description du château faite à ce moment-là
montre que le général et son épouse avaient fait transformer une des pièces
du rez-de-chaussée en salle de billard. Au devant du portail, une demi-lune
entourée de haies vives précédait, comme au château de Buzay, une avenue
plantée. De sombres projets avaient poussé les acquéreurs comme le prouve
l'estimation qu'ils firent faire, l'année suivante, des matériaux provenant
d'une éventuelle démolition du château, de ses dépendances et de la fuie, se
montant à 13 017 francs. Fort heureusement, un acquéreur se présenta:
Marie-Adeline Garos, épouse de Louis Saint-Cyr-Sauvé, docteur en médecine,
laquelle put acquérir le château et ce qui n'en avait pas été démembré, pour
31 000 francs, le sauvant ainsi de la pioche des démolisseurs.
Depuis, Huré a connu différents propriétaires avant de devenir maison
départementale de retraite. Laissé à l'abandon pendant plusieurs années, il
vient de faire l'objet d'une belle restauration menée par le Conseil Général
de la Charente-Maritime. Entre deux ailes de dépendances couvertes
d'ardoises, reconstruites au XIXe siècle, s'élève un long corps de bâtiment
entre cour et jardin, animé par un léger avant-corps central, contenant
autrefois le salon. Il est précédé par un portique à colonnes ioniques
supportant un balcon à balustres de belle facture. Les entrées ont été
aménagées de part et d'autre de l'avant-corps. Une balustrade couronne
l'édifice masquant les toitures. Ces éléments, annonçant le néo-classicisme
un peu froid, sont ponctués par le traitement des baies aux linteaux en arcs
segmentaires. La façade sur jardin reprenant le même schéma est cependant
plus sobre, n'ayant pas été dotée d'un portique. Parmi les éléments
intéressants, il faut noter l'ancienne chapelle avec sa façade sur cour
coiffée d'un fronton triangulaire, le pigeonnier isolé dans le parc, avec sa
coupole recouverte de tuiles, terminée par un lanternon, remontant à 1599,
et une belle grille d'entrée soutenue par deux piliers massifs qui portent
les lions. À l'intérieur, seules quelques cheminées assez simples et
d'inspiration Louis XV ont subsisté. Tel qu'il se présente et malgré son
affectation actuelle, le château d'Huré conserve encore un certain charme
dans son écrin de verdure. (1)
château du Bois
d'Huré 17140 Lagord, maison de retraite aujourd'hui.
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