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C'est en 1650 que Pierre Yvon, conseiller du roi
en ses conseils d'État et privés, anoblit la maison de La Faucherie avec "le
droit de pouvoir la faire décorer et embellir de tours, pavillons,
girouettes, mascoulis, flancs, fuye et autres embellissements qui peuvent et
doivent compéter et appartenir aux maisons qui tiennent en pareil droit,
sans cependant y avoir aucun droit de juridiction", à condition qu'elle
relève de la châtellenie de Laleu à foi et hommage plein au devoir d'un
pigeon blanc à mutation de seigneur et de vassal. Dès 1660, Richard Creagh,
un bourgeois d'origine irlandaise établi à La Rochelle et naturalisé par
lettres patentes de Louis XIV en 1655, en rend hommage. Devenue la propriété
de Catherine Arthur, veuve de Jacques Creagh, et d'Edmond Giraldin, qui en
rendent aveu en 1733, elle passe par voie d'héritage en 1735 à Philippe de
Gilagh, négociant à Nantes, et à son épouse, Marie Knolles, avant de revenir
à l'héritier de cette dernière, François-Xavier-Jacques Whyte, seigneur de
Malleville, un capitaine irlandais au service du roi de France. Acquis en
1786 par Antoine-Raymond Viaulz, capitaine de navire, le domaine est cédé en
1807 par sa veuve à Marie-Paul-François de Sartre de Salles, puis en 1832 à
Alexandre Duchâtel, conducteur des ponts et chaussées, avant de passer, à la
fin du XIXe siècle, aux mains des Mörch, une famille d'origine norvégienne
dont l'un des membres, Christian, armateur, vice-consul de Russie (fils de
Wladimir, président de la chambre de commerce de La Rochelle), a fait
construire le môle d'escale du port de La Pallice.
Un procès-verbal dressé en 1767 pour la veuve de Philippe de Gilagh montre
que le premier édifice comprenait des bâtiments organisés autour d'une cour.
On y pénétrait en franchissant une porte cochère accompagnée d'une porte
piétonne. Le logis, limité à un rez-de-chaussée, renfermait une cuisine
ouvrant sur le jardin, un salon pavé, un vestibule, une salle avec une
cheminée à trumeau englobant une glace, une chambre et une ancienne cuisine.
Un escalier aménagé à proximité du vestibule permettait d'accéder dans une
pièce haute contenue dans un pavillon coiffé d'une toiture couverte
d'ardoise. Vers 1880, l'ancienne maison noble est remplacée par le château
actuel. Désormais isolé, le nouvel édifice est annoncé par une grille en fer
forgé au chiffre de la famille Mörch. Accolée à un pavillon de gardiens,
elle fait face à de nouvelles dépendances établies de l'autre côté d'un
chemin. Composée de deux ailes en retour d'équerre, la demeure est
entièrement couverte d'ardoises. Sa façade antérieure, comprise entre un
avant-corps à pignon et une tour cylindrique presque aveugle, comprend deux
portes d'entrée desservies chacune par un perron.
Sa façade postérieure s'organise autour d'une tour rectangulaire très
élancée placée dans l'angle rentrant des deux ailes. Bien que très
éclectique, le décor des façades se développe selon une hiérarchie
harmonieuse. Les fenêtres du rez-de-chaussée sont ornées de moulures à
accolade, tandis que les fenêtres de l'étage puisent leur inspiration dans
le répertoire ornemental de la Renaissance et que les lucarnes des combles,
couronnées par un fronton triangulaire, utilisent des références plus
classiques. Ce jeu décoratif, conjugué à des proportions justes et à une
qualité d'exécution irréprochable, donne à cette séduisante demeure un
cachet intemporel. Le cadastre napoléonien fait apparaître que ce lieu
abritait déjà un ensemble sur cour implanté en L avant que la riche famille
d'armateurs des Morck ne construise l'ensemble aujourd'hui visible au début
du XXe siècle. Louis Grima rapporte dans son ouvrage consacré à Laleu que le
parc du château servit, le 21 décembre 1912, de théâtre au duel à l'épée
opposant Eugène Decout (maire de La Rochelle) à Léonce Vieljeux (conseiller
municipal) suite à une vive altercation en plein conseil. L'épisode se
soldat par une blessure au bras pour Eugène Decout. La Faucherie fut
réquisitionnée par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale puis
occupée par un officier supérieur américain jusqu'en 1964. Aujourd'hui les
différents édifices de l'ensemble sont occupés par plusieurs familles. (1)
château de La Faucherie 17000 La Rochelle, propriété privée, ne se visite
pas.
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