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Dominant la Seugne de ses terrasses, auprès
de l'ancienne église paroissiale, le château de Lussac est l'une des plus
pittoresques demeures des environs de Jonzac. Le premier seigneur connu est
Jean Vidault, écuyer, seigneur de Chassagne, de Saint-Palais et de La Barde,
paroisse de Bois. En 1550, il céda moyennant 2080 livres ses fiefs de Lussac
et de Saulges, à François Lefourestier, écuyer, seigneur d'Orignac, marié à
Catherine Vidault. La petite-fille de ce dernier, Marie Lefourestier,
héritière des seigneuries de Lussac, de Saulges et d'Orignac, se maria en
1578, à René de Saint-Légier, puis à René de Lausserois et enfin en
troisièmes noces, en 1595, à Claude Marin. En 1614, Lussac avait changé de
mains. Le château était la propriété de Gilles Arnoul, écuyer, seigneur de
Vignolles, marié à Esther du Gravier. Il entreprit d'acheter de nombreux
terrains tout autour de sa seigneurie. Il mourut vers 1649, laissant un
fils, Léon Arnoul, marquis de Vignolles, qui devint seigneur de Conteneuil
et lieutenant du Roi en Guyenne. De son mariage avec Marie-Anne de Brossard,
veuve en premières noces de Jean de Marbotin, conseiller en la grand chambre
du parlement de Bordeaux, il eut une fille unique Marguerite-Françoise. En
1709, il obtint la concession du droit de haute justice sur sa terre de
Lussac, du comte de Valançay, seigneur de Clam, son suzerain. Il testa au
château de Lussac, le 6 mai 1711, en faveur de sa fille qui devait prendre
pour époux Jean Poute mais qui se maria à Bordeaux, en 1714, à Jean-Antoine
de La Chabanne, marquis de Dunes, conseiller du Roi en sa cour de parlement
de Bordeaux, fils d'André-Louis, conseiller du Roi en la grand chambre du
parlement. Jean-Antoine de La Chabanne mourut jeune, en 1736. En 1729,
Françoise-Marguerite Arnoul de Vignolle fit constater l'état du château.
Tout tombait en ruine: la tour du côté couchant, le colombier à côté,
l'ensemble des murailles bâties de terre sans chaux, les écuries, les
greniers, la grange à foin du côté de l'aile gauche et les granges et
remises du côté de l'aile droite. Seuls le pavillon de l'aile gauche, côté
couchant, et la tour à côté étaient en un peu meilleur état.
Quelques jours après avoir fait constater le mauvais état du château, son
procureur, Léon de La Marthonie, chevalier, seigneur du Gagnon, passa un
marché avec Jean Routier, maître maçon, demeurant au faubourg Saint-Eutrope
de Saintes et René Routier, charpentier de la paroisse de Thénac, auxquels
il confiait la reconstruction du corps de logis. Ils devaient démolir les
ruines du vieux château pour le remplacer par un petit corps de logis bas
contenant trois pièces, venant s'appuyer sur un pavillon qu'ils
s'engageaient à construire à l'autre extrémité du logis. La marquise de
Dunes mourut en 1766. L'inventaire que ses héritiers firent faire à Lussac
montre que la demeure, où le comte de Jonzac avait un appartement, était
richement meublée. Selon le testament qu'elle avait fait le 20 mars 1755,
ses terres de Lussac et du Breuillet revinrent à son lointain cousin,
Alexis-Benjamin-François Poute, comte de Nieul, brigadier des armées du Roi,
commandant du régiment d'infanterie de Foix, chevalier de saint Louis. La
date de 1769, gravée sur un des escaliers montre qu'il fit faire quelques
travaux à Lussac. Le comte de Nieul fit vendre par procureur, en 1782,
moyennant 164800 livres, ses châteaux de Lussac et du Breuillet à Charles
Lys, négociant, demeurant rue du Chai des Farines à Bordeaux. Ce bourgeois,
qui avait acclamé les idées révolutionnaires, fut nommé l'un des
administrateurs du département de Charente-Inférieure. Il mourut à
Nieul-sur-Mer, en 1798, dans la demeure de sa femme, Marie-Anne Garesché,
laquelle se remaria avec René Eschassèriaux. De ce second mariage naquit une
fille unique, Marie-Eugénie Eschassèriaux, laquelle épousa, en 1821, son
cousin germain, Camille Eschassèriaux auquel elle apporta le château qui
revint à leur seconde fille, Marie-Catherine-Amélie, lorsqu'elle épousa, le
15 avril 1848, Marc-Placide Gaillard.
Auprès de l'église, sur une hauteur dominant la vallée de la Seugne, le
château de Lussac est une charmante construction basse encadrée par deux
pavillons couverts d'ardoise, surplombant un jardin bas auquel on accède par
une série d'escaliers à balustres dont un porte la date de 1769. La demeure
rappelle les chartreuses bordelaises de la même époque et il y a fort à
parier que les plans de Lussac furent demandés par la marquise de Dunes à un
architecte de Bordeaux. Côté cour, le logis était encadré par deux grandes
ailes de dépendances. L'une a été entièrement détruite au XIXe siècle. La
cour faisait face à un bois de haute futaie, percé d'allées en perspective,
qui occupait le coteau voisin du château de Clam. Depuis les jardins bas,
une grande allée en perspective menait au logis du Breuillet, un temps réuni
à la propriété de Lussac. Parmi les dépendances, il faut remarquer sa belle
orangerie avec toitures à l'Italienne masquée par des balustres. Lussac
occupe l'un des plus beaux sites du Jonzacais. (1)
Éléments protégés MH : les diverses parties constituant le domaine : le
logis, les autres bâtiments, les terrasses et les escaliers et l'ensemble
des parcelles, la passerelle métallique et le pont en pierre enjambant la
rivière Seugne et le vivier en pierre sis dans le lit de la même rivière :
inscription par arrêté du 21 décembre 1999.
chateau
de Lussac 17500 Lussac, propriété privée, ne se visite pas.
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