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Le fief de Château-Couvert relevait de
l'évêque de Saintes et, pour la haute justice sur Migron qui lui était
rattachée, du seigneur de Matha. Il est mentionné pour la première fois en
1189, date à laquelle Jeanne de Bourg, dame de Château-Couvert, Mons,
Écoyeux, etc., épouse Seguin d'Authon, chevalier, seigneur d'Authon. La
terre restera possession de leurs descendants du nom pendant trois siècles.
En 1253, le titulaire en est Pierre d'Authon, qui reçoit hommage de Jean d'Authon
pour son hébergement de La Bernardière. Ce dernier fief sera donné, en 1315,
par Pierre, fils de Richard d'Authon, écuyer, seigneur d'Authon et
Château-Couvert, à son neveu Seguin d'Authon. Hugues, parent des précédents,
sert avec trois écuyers au ban de 1337, et fait aveu pour Château-Couvert en
1340. Le fief passe ensuite à Guillaume d'Authon, également seigneur d'Authon,
lequel teste en 1362, élisant sépulture en l'église de Migron et instaurant
son épouse, Péronelle de Fayolle, tutrice de leur fils Jean. Ce dernier,
seigneur en Aujac, légataire en 1395 de son parent Seguin d'Authon,
patriarche d'Antioche et archevêque de Tours, hérite encore l'hébergement et
l'hôtel de Château-Couvert, pour lesquels il rend hommage, en 1404, à
l'évêque de Saintes, puis, pour la haute justice, l'année suivante, à
Éléonore de Périgord, dame de Matha. Semblable procédure se répète en 1410,
1417, 1423 et 1440. Jean d'Authon meurt peu après, laissant de Philippe de
Torsay huit enfants dont l'aîné, Jean, marié avec Marguerite de Mareuil,
hérite, outre Authon et Mons, Les Bernardières, Le Bourdet et Les Combes en
Périgord; Pernelle d'Authon, sœur de ce dernier Jean, a épousé, vers 1450,
Arnaud Gombaud, écuyer, seigneur de La Gombaudière en Oléron; c'est sans
doute du fait de cette union qu'après le décès de Jean d'Authon (1465),
Château-Couvert devient propriété de la famille Gombaud.
En effet, le 24 octobre 1467, Michèle, vraisemblablement la fille des
précédents, est dite dame du lieu ; elle reçoit de François de Montbron,
seigneur de Matha, quittance de lods et ventes pour les rachats de la haute
justice attachée à Château-Couvert. Le 31 mai 1497, Jean Vigier, écuyer,
époux de Jeanne Gombaud, donne aveu pour cette haute justice à la dame de
Montbron de Matha, Jeanne de Vendôme; témoin au mariage de François
Bouchard, écuyer, seigneur de Saint-Martin-de-La-Coudre, et de Juliette
Goumard (25 janvier 1505), il en rendra encore hommage, le 21 août 1510, à
Louise, comtesse d'Angoulême et de Matha. Il était mort avant le 24 novembre
1512, date à laquelle sa veuve apparaît dans une transaction concernant la
construction du château de Brasseau. Par la suite, Château-Couvert passe
entre les mains de François Vigier (aveu pour la haute justice à Migron du
28 décembre 1524), puis entre celles de Arnaud (alias Raynaud) Vigier,
qualifié seigneur du lieu dès le 2 juin 1553. Ce dernier semble convoler une
première fois avec Madeleine de La Rochandry; ils figurent en effet tous
deux dans un contrat d'emprunt passé au logis noble de Château-Couvert le 21
janvier 1564 (Micheau, notaire) en faveur de Jules de Beaumont, écuyer,
seigneur de Rioux. D'après une transaction du 19 novembre 1578, à propos de
la succession de Bonaventure Georgeau, dame de La Touche-Georgeau, il semble
alors remarié avec Jeanne Prévost. Arnaud Vigier rend encore hommage pour sa
haute justice sur Migron à André de Bourdeille, seigneur de Matha, le 15
septembre 1579, puis à l'évêque de Saintes pour le logis noble de
Château-Couvert, le 29 novembre suivant.
À sa mort survenue sans doute peu après, la terre devient propriété de
Perrette Vigier, dont la mère était née Jeanne Gombaud. Celle-ci semble
avoir épousé d'abord Guy d'Angliers, écuyer, seigneur de Montroy (dont
postérité fondue dans les Polignac de la branche de Saint-Germain), puis
Jean de Polignac et enfin, le 26 mars 1578, Hilaire de Céris. Ce dernier, au
nom de sa femme, fournit à Nicolas, évêque de Saintes, le dénombrement de la
terre et seigneurie de Château-Couvert, le 24 février 1583, et lui en fait
aveu le 28 mars suivant. Hélie de Céris, issu de Hilaire et de Perrette
Vigier, est qualifié seigneur du lieu lors de son mariage célébré selon le
rite réformé, le 23 avril 1599, avec Esther Poussard, dame du Haut-Vandré.
Leur postérité n'hérite pas Château-Couvert qui passe à Jean, né d'une
première union de Hilaire de Céris avec Jeanne de Couchaud, et marié
lui-même avec Jeanne de Puyvert (contrat du 26 avril 1593, passé devant
Audayer, notaire). La succession de ces derniers est réglée le 10 juin 1628;
la terre est attribuée à leur fils aîné, Alexandre, époux de Madeleine Le
Royer (contrat de mariage du 13 juin 1617, Porcheron et Royer, notaires),
lesquels auront au moins Alexandre, seigneur de Château-Couvert et Boissec;
maintenu dans sa noblesse par M. d'Aguesseau (7 avril 1668), il continuera
la lignée en convolant, le 5 mai 1658, avec Marguerite des Gittons de
Puyvert. Cinq enfants leur naîtront, l'aîné, Alexandre, recevra
Château-Couvert et s'unira par contrat du 22 juillet 1693 (Chabot et Surreau,
notaires) avec Charlotte de Brouillac. Il était mort avant le 19 mars 1728,
date à laquelle sa veuve, tutrice et curatrice de ses enfants mineurs
consent, avec ceux qui sont majeurs, un compromis sur partage de la
succession paternelle, avec l'arbitrage de François de Bouhet, écuyer,
seigneur du Portail; Alexandre-Charles, l'aîné, hérite Château-Couvert.
Il avait épousé, le 21 août 1723, Marie-Angélique de Saint-Martin; il
disparaît avant le 21 juin 1737, date du remariage de sa veuve avec François
Tison, chevalier, seigneur de Coulonges. Il n'avait laissé qu'une fille et
héritière Marguerite-Charlotte de Céris, unie le 16 juin 1752 à Hector-Louis
de Saint-Georges, chevalier, seigneur de Dirac. Elle sera la dernière de son
nom à Château-Couvert; veuve depuis juin 1779, elle sera incarcérée à
Brouage en 1794 et ne mourra qu'en 1816, laissant trois fils célibataires et
une fille, Marie-Madeleine, née le 6 juin 1754. Celle-ci; d'abord
chanoinesse de Remiremont, épousera par contrat du 6 mars 1779,
Charles-Alexandre-Bernard-Théodore-Philippe-Étienne, comte de Raugrave,
vicomte de Challeux, colonel à la suite de Royal-Allemand. Au décès de ce
dernier, elle vend Château-Couvert en 1819; l'acquéreur en est
Charles-Joseph-Nicolas, baron de La Laurencie, ancien chevau-léger,
chevalier de saint Louis, maire de Saint-Jean-d'Angély (nommé le 11 avril
1816, démissionnaire le 7 août 1830), petit-fils de Bertrand de La Laurencie
et de Marie-Anne Thomas d'Authon. Il décède sans postérité en 1860. Le
domaine est partagé entre ses héritiers: l'édifice échoit à sa cousine
germaine Marie-Anne de La Laurencie, épouse de François Maurin, qui le vend
le 15 janvier 1861 conjointement à Jacques Mesnard et à François Huguet. Ces
dernier le cèdent le 11 septembre suivant à la société immobilière Dutont et
Dumas fils, laquelle s'en dessaisit le 14 mars 1863 au profit de
Jean-Antonin Renault, négociant en eaux-de-vie à Cognac. Celui-ci acquiert
alors le reste du domaine et les dépendances aux autres héritiers de
Charles-Joseph-Nicolas de La Laurencie et transmet l'ensemble à sa fille
Marie-Louise, qui le fait entrer par son mariage dans la famille Formey de
Saint-Louvent. Leurs arrière-petits-enfants, le comte et la comtesse Maurice
du Parc, actuels propriétaires, organisent au mois de mai, un festival qui
connait un succès mérité dans le cadre de l'Association "piano en
Saintonge".
L'édifice actuel est entouré de larges douves; il présente deux ailes
réunies par un corps de logis central et est percé de hautes croisées. Il
encadre une vaste cour au midi, fermée par des balustres de pierre, dont le
sol a été rehaussé à deux reprises et dans laquelle on aborde par un pont à
double arche. La voie d'accès primitive était située dans l'axe de celui-ci,
s'étendant donc perpendiculairement à l'actuelle avenue de platanes issue du
pavillon des gardiens. A l'origine, la maison noble de Château-couvert ne
devait comporter que quelques bâtiments peu fortifiés puisque c'est
l'appellation d'hôtel et d'hébergement qui lui est donnée. D'ailleurs, la
présence de marais et de nombreux cours d'eau devait constituer une défense
naturelle. Un moulin y a existé depuis au moins le XVIe siècle, époque à
laquelle le réseau hydrographique s'est trouvé remanié par des hollandais.
L'actuelle tour carrée constitue l'élément le plus ancien; une tourelle
circulaire, édifiée à postériori, abrite toujours un escalier à vis et
venait flanquer son flanc sud-ouest. Cet élément fut englobé dans l'aile
sud-ouest/nord-est lors de sa reconstruction à la Renaissance: cette
dernière abrite de nos jours une chapelle, consacrée il y a un siècle
environ, en remplacement d'une autre plus ancienne, dont il subsiste encore
la cloche qui porte le millésime 1677 et une inscription mentionnant ses
parrain et marraine, François-Roger d'Authon, chevalier, fils de Seguin et
Marie-Marguerite de Céris, fille de Alexandre de Céris, chevalier, seigneur
de Château-Couvert, et de Marguerite des Gittons. Le corps de logis central
a été rapporté à la fin du XVIIe siècle, peut-être sur les fondations d'un
moulin en service avant le creusement de la rivière Dandelot et des douves.
L'escalier intérieur, qui mène à l'étage, présente une rampe en fer forgé
datée de 1774. Côté cour, sa façade est agrémentée d'un porche d'une
charmante simplicité, surmonté d'un cadran solaire d'adjonction plus
tardive. La terrasse sur les douves aurait été construite pour stabiliser la
façade nord qui avait tendance à s'enfoncer fâcheusement dans l'eau. L'aile
en retour, qui fait le pendant de celle affectée à la chapelle, a servi à
loger des animaux, sans doute des chevaux; elle n'a été transformée en
habitation que tardivement. Jusqu'au XIXe siècle, le château était couvert
par des tuiles plates. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures du château, la cour, les
piles du portail, les balustrades en pierre, les douves : inscription par
arrêté du 13 novembre 1989.
Château Couvert 17770
Migron, propriété privée, des animations culturelles sont organisées au mois
de mai chaque année (piano en Saintonge).
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