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L'origine de la seigneurie du
Colombier n'est pas très ancienne. En effet ce n'est qu'en 1615, que Jean
Lemusnier, élu en l'élection de Saintes obtint l'érection en fief noble de
sa terre du Colombier, située sur la paroisse de Favaud, en la baronnie de
Nancras. Il y fit bâtir un logis presque aussitôt puisque deux marchés de
construction sont signalés en 1622. Par le mariage de Françoise Lemusnier,
héritière de Jean, avec Charles Guillau, échevin de Saintes, greffier en
l'élection, le logis du Colombier passa entre les mains de ce dernier,
lequel, en 1671, en fournissait l'aveu et dénombrement qu'il devait au Roi à
cause de son duché de Guyenne. Il mourut en 1685, après avoir précisé par
testament qu'il léguait sa maison noble du Colombier près Nancras, à son
fils, Charles Guillau, et à son autre fils, François, la métairie de
Montelin. Le domaine resta entre les mains de la famille Guillau jusqu'au
milieu du XVIIIe siècle. Les derniers représentants auront de sérieuses
difficultés financières, et leurs biens seront mis sous séquestre. Un
procès-verbal, dressé en 1755, montre un important corps de bâtiment flanqué
de plusieurs pavillons couverts d'ardoise, en fort mauvais état. Quatre ans
plus tard, par un arrêt rendu aux requêtes du Palais de Paris, il fut adjugé
à la requête d'André Portier, ancien premier président de la Cour, au
préjudice de Charles Guillau, greffier en l'élection de Saintes, à Vincent
Chauvin, ancien lieutenant d'infanterie, demeurant au Gua, pour 20 200
livres. Selon le testament qu'il rédigea en 1775, il légua ses biens à
Catherine Chauvin; ses héritiers le vendirent, dès 1777, à Michel Bienville,
ancien capitaine d'infanterie au quartier du Petit-Goivre, côte de l'île de
Saint-Domingue, remarié en 1774 à Marianne de Ronceray. Dès l'année
suivante, Michel Bienville et sa famille vinrent habiter Le Colombier. Le 21
novembre 1793, Marianne de Ronceray, sa veuve, tutrice de Gabriel, Rosalie
et Marie-Anne Bienville, dut remettre à la municipalité du Gua les titres
concernant l'anoblissement de la terre, lesquels furent brûlés sur la place
publique. Parmi les actes ravagés par les flammes, il faut noter la lettre
d'anoblissement accordée en février 1615 sur parchemin, une enquête pour
l'anoblissement, du 13 juillet 1618, un hommage du 20 août 1668, un
dénombrement de 1722 et une liasse contenant les aveux et dénombrements
rendus en 1727.
L'histoire du château au XIXe siècle est encore mal connue. En 1832, il
appartenait à Louis-Gabriel-Gustave-Joseph de Poutier, capitaine de Dragons,
chevalier de la Légion d'Honneur, époux de Rose-Clotilde-Marie-Thérèse
Coutray de Pradel, lequel achetait cette année-là, deux domaines dans le
voisinage, sur la commune de Sainte-Gemme. Ensuite, il serait passé aux
mains des familles Saint-Légier de La Sauzaye, Grandseigne d'Hauterive et
Pindray, avant de tomber entre les mains de la famille Groux. Il faut mettre
au rang des légendes la construction de l'actuel bâtiment à la fin du règne
de Louis XVI et achevé au début de l'Empire et pour lequel on aurait voulu
voir la facture de l'architecte de Lorignac, Christophe Macaire. En effet,
l'ancien corps de logis avec ses pavillons flanquant les communs en bordure
de l'ancien chemin de Nancras au Gua, et sa fuie cylindrique isolée figurent
encore sur l'ancien plan cadastral, des années 1830. Le château actuel de
belle facture, bâti sur un plan en H avec ses hautes toitures d'ardoises,
son avant-corps central à fronton triangulaire sur une travée, et ses deux
ailes, en faible saillie sur la façade antérieure, ne semble pas remonter
au-delà du Second Empire. Sa reconstruction pourrait coïncider avec la
création d'une nouvelle route du Gua à Nancras, plus au sud-est, qui isola
ainsi le domaine parmi ses terres. Isolé de ses dépendances, au milieu d'un
vaste parc aux essences d'arbres variés, et malgré une datation tardive, le
château du Colombier reste une demeure de belle qualité aux lignes
néo-classiques pures. (1)
château du Colombier
17600 Le Gua, propriété privée, ne se visite pas, situé sur la F 117, route
du Gua.
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