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C'est à quelques
centaines de mètres des bords de la Boutonne, au cœur d'un superbe parc créé
au milieu du XXe siècle par le célèbre jardinier paysagiste le comte Choulot,
que l'on peut voir le château de La Grève. La tradition, non vérifiée, veut
que le château de La Grève ait été, au moins depuis la fin du Moyen Age, la
résidence des seigneurs de Tonnay-Boutonne, terre à laquelle il aurait été
réuni pendant plusieurs siècles. Vers 1660, le château était aux mains de
Charles de La Mothe-Fouquet, chevalier, mort sans héritiers directs. En
1699, il est fait mention d'une sentence de décret de la seigneurie par le
sénéchal de Saint-Jean-d'Angély. A la suite d'une longue procédure
judiciaire, elle fut adjugée en 1710, à Pierre Ythier. L'année suivante, la
cour du parlement de Bordeaux reçut une surenchère de 1 500 livres et
adjugea la seigneurie, saisie sur François de Salles de Laubardemont et son
épouse, Jeanne de Saigues, à Jacques-François de Boucaud, chevalier,
seigneur de Longchamp, du Bousquet et de Poyanne, pour 28 000 livres. Il
mourut quelques années plus tard, laissant quatre enfants et des dettes. Dès
sa majorité atteinte en 1720, son fils aîné, Joseph-François de Boucaud,
vendit le château pour plus de 57 000 livres au procureur Frédéric-Guillaume
de La Trémoille, prince de Talmont, comte de Taillebourg et de Benon,
seigneur du duché de Châtellerault et de Tonnay-Boutonne, gouverneur de la
ville et forteresse de Sarrelouis. La Grève passa alors en d'illustres
mains, mais devenue une simple terre de rapport, les bâtiments du château
furent peu à peu délaissés. Après la mort d'Anne-Charles-Frédéric de La
Trémoille, fils de Frédéric-Guillaume, en 1759, ses terres de
Tonnay-Boutonne et de La Grève, unies, revinrent à des héritiers indirects:
Auguste-Léon de Bullion, marquis de Bonnelle, et François-Emmanuel de
Crussol-Monsalès, duc d'Uzès. Le marquis de Bonnelle mourut en 1771, et ses
héritiers cédèrent la moitié des terres de La Grève et de Tonnay-Boutonne au
duc d'Uzès. Dès l'année suivante, il vendit la seigneurie de La Grève et Le
Fief-Colinot, pour 120 000 livres, à Gaspard Pandin de Narcillac, qui les
garda deux ans avant de les revendre, presqu'à moitié prix, à
Charles-Alexandre de Morell, comte d'Aubigny, lieutenant général des armées
navales de Sa Majesté au port de Rochefort, puis vice amiral de France,
époux de Marguerite Goussé de La Rochalard. Agathe, sa fille, en héritera à
son décès. En 1804, la vicomtesse d'Aubigny se dessaisit de La Grève auprès
d'Antoine Bourreau de Beauséjour, député libéral de Charente Inférieure de
1819 à 1824, puis de 1831 à 1834. Sa fille, Marie-Clémence, épousera
Paul-Louis-Gabriel Bethmont (fils d'Eugène, ancien ministre), conseiller
général de la Charente, puis député de Rochefort de 1865 à 1880,
vice-président de la Chambre sous le septennat de Mac Mahon, enfin président
de la Cour des Comptes de 1880 à 1889.
C'est lui qui fit démolir les dépendances tout autour du château pour les
faire reconstruire plus loin, diminuer le corps de logis qui était en double
épaisseur à l'origine, et construire la façade ouest. Tout autour de
l'édifice, il fit aménager un très vaste parc à l'Anglaise, sur plusieurs
hectares, allant jusqu'à la Boutonne qui faisait ainsi partie du cadre
paysager. Le tout fut agrémenté de petites fabriques assez pittoresques,
malheureusement détruites, mais qu'un remarquable plan du domaine nous
permet de connaître. Seule la façade est peut remonter à la fin du XVe
siècle. Le corps de logis est percé par de belles fenêtres à meneau,
surmontées de lucarnes. Au centre, il est doté d'une tour d'escalier
polygonale dont la partie supérieure forme un carré agrémenté d'une tourelle
en encorbellement contenant l'escalier donnant accès au comble. On y pénètre
par une jolie porte à accolade surmontée d'une bretèche qui la protège. La
façade opposée, créée pour Paul-Louis-Gabriel Bethmont, reprend le même
schéma en plus simple. La partie centrale n'est qu'une fausse tour ayant
permis d'aménager un salon ouvrant par trois portes-fenêtres dans une sorte
d'avant-corps à pans coupés. Tel qu'il se présente à nos yeux, le château de
La Grève est à la fois un intéressant exemple d'architecture gothique
flamboyant et du XIXe siècle, ce qui en fait toute son originalité. (1)
château de La Grève 17380 Puy-du-Lac, propriété privée, ne se visite pas.
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