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La seigneurie de Clam, qui
connut d'illustres propriétaires, était un démembrement de celle de Jonzac,
et relevait de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, au devoir "de six
cousteaux et demy et demye peau de cerf corroyé en alung pour couvrir les
livres". Dès 1182-1192, Guillaume de La Rochandry, seigneur de Jonzac,
reconnaissait avoir fait hommage à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, pour
sa seigneurie de Jonzac avec ses dépendances de Clam,
Saint-Germain-de-Lusignan, Saint-Maurice-de-Tavernolle, Le Grandvau et
Saint-Germain-de-Vibrac. Ces terres restèrent unies jusqu'en 1335. A cette
date, elles furent divisées en deux lots entre les nièces et héritières de
Bertrand de La Rochandry, chevalier, seigneur de Jonzac et de La Rochandry.
Quelques années plus tard, la moitié de la seigneurie de Jonzac, comprenant
Clam, fit retour aux La Rochandry, et ce n'est qu'à la fin du XVe siècle,
qu'elle prit définitivement le nom de Clam, ce qui laisse supposer que l'on
venait d'y édifier un nouveau château, sans doute sur les restes d'un petit
ouvrage de défense contrôlant la vallée de la Seugne en aval de Jonzac. Les
La Rochandry possédèrent Clam jusqu'au début du XVIIe siècle. Peu après
1615, le château devint la propriété d'Anne de Polignac, fille de Gabriel,
seigneur de Saint-Germain-de-Lusignan, épouse de Gaspard de Coligny,
troisième du nom, duc de Châtillon, amiral de Guyenne, maréchal de France et
gouverneur d'Aigues-Mortes. Il passa ensuite à leur fils, Gaspard de
Coligny, quatrième du nom, duc de Châtillon, marié à Élisabeth de
Montmorency dont il eut un fils, Henri-Gaspard, mort jeune, qui testa en
faveur de sa mère.
Le château de Clam fit ainsi retour à Élisabeth de Montmorency qui devint
duchesse de Mecklembourg par son second mariage avec Christian-Louis, duc de
Mecklembourg, prince des Vandales. N'ayant pas eu d'enfant de ce second
mariage, elle fit don, en 1685, à Julie d'Étampes de Valançay, sa nièce,
mineure, de ses terres de Clam et de Saint-Germain-de-Lusignan, en
Saintonge. Cette dernière épousa ensuite Pierre Gorge, seigneur d'Entraigues,
conseiller au parlement de Metz, auquel elle transmit Clam. Quelques années
plus tard, le château était aux mains de son frère, Henri d'Étampes, comte
de Valançay, qui le tenait au nom de ses neveux, lesquels, dès leur
majorité, contestèrent la gestion de leur oncle et réclamèrent d'être mis en
possession du château et des terres par voie de justice, ce qui leur fut
accordé par un arrêt du parlement de Bordeaux de 1708. En 1719, la
seigneurie de Clam fut adjugée par les créanciers de Pierre-François Gorge
d'Entraigues, duc de Falary, comte de Meillard, à Paul-François de Béthune,
duc de Charrost, marquis d'Ancenis, pair de France, et à son épouse,
Julie-Christine-Régine Gorge d'Entraigues. Leur fille, Marie-Françoise de
Béthune-Charrost, épousa, en 1734, Paul-François de Quélen de Stuart, prince
de Carency, duc de La Vauguyon, marquis de Saint-Maigrin, auquel elle
apporta les terres de Clam et de Saint-Germain-de-Lusignan. Celui-ci les
vendit en 1764, moyennant 200000 livres, à Charles-Jean-Baptiste
Mercier-Dupaty, conseiller du Roi, seigneur du Treuil-Chartier, en Aunis, et
à sa femme, Louise-Élisabeth Carré, qui devint veuve peu de temps après.
Clam revint ensuite à un de leur fils, Louis-Charles Mercier-Dupaty de Clam,
ancien chevalier d'honneur au bureau des finances de La Rochelle, ancien
mousquetaire du Roi. A la Révolution, il était aux mains de sa veuve,
Marie-Anne Jouault de La Favrière, habitant à Paris et qui tenait le château
au nom de leur fils unique, Charles-François Mercier-Dupaty de Clam.
Le visiteur qui découvre Clam de nos jours est en général assez surpris par
ce qui reste des bâtiments. Après avoir traversé un ancien pavillon dérasé
accolé à une tour polygonale d'escalier dont la partie supérieure a été
dotée d'un couronnement fantaisie récent, on découvre, sur la droite, les
restes d'un ancien corps de logis autrefois recouvert de tuiles plates et
englobant les restes de murs de plus de deux mètres d'épaisseur, percés de
portes en tiers-point. L'ensemble, qui comprend l'échauguette carrée sur
contrefort, semble avoir été remonté à la fin du XVIe siècle ou au début du
siècle suivant. Ce qui reste de la façade sur cour semble être dû à une
campagne de travaux menée pour le comte de Valançay. En retour d'équerre et
s'appuyant sur une courtine faite d'une maçonnerie grossière et maladroite,
se dresse une aile d'appartements en très mauvais état, autrefois
lambrissés, que l'on doit aux remaniements effectués par les Mercier-Dupaty,
peu après l'achat de 1764, et dont une moitié a été abattue au XIXe siècle
pour faire place à un hangar. En retour, faisant face à l'ancien corps de
logis, se dresse une grande aile de dépendances qui reprend l'unité de la
précédente. Elle englobe une remarquable chapelle voûtée d'ogives qui
constituait autrefois le rez-de-chaussée d'un pavillon isolé et qui fut
englobée dans de nouvelles constructions lors de la campagne de travaux
entreprise par les Mercier-Dupaty. En retour, et allant rejoindre le
pavillon formant tour-porte, se dressait une aile de dépendances de même
unité, comme le montrent encore quelques arrachements. La chapelle et
certains restes d'ouvertures à moulures prismatiques font croire que le
château avait été en grande partie rebâti dès la fin du XVe siècle. Clam
constitue donc un ensemble composite remontant aux XIIIe et XIVe siècles,
rebâti en plusieurs étapes à la fin du XVe siècle et à la fin du siècle
suivant, réparé au début du XVIIIe siècle, agrandi et complètement
transformé après 1764, et enfin complètement désarticulé par les indivisions
et destructions successives du XIXe siècle. Ces vestiges méritent pourtant
notre attention, ne serait-ce qu'en souvenir des noms illustres qui sont
attachés à ces pierres. (1)
château de Clam 17240 Saint-Georges-Antignac, propriété privée, ne se visite
pas, vestiges.
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