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Château de Roussillon à Saint-Germain-du-Seudre
 
 

       Une fois n'est pas coutume, nous bénéficions d'une solide monographie sur les seigneurs de Roussillon, due à Bernard Sebileau. L'actuel édifice s'élève non loin d'une motte qui aurait pu supporter un premier château. La première famille qui semble l'avoir possédé de façon certaine, dès 1190, fut la famille Tison. Vers 1280, Aleays Tison, dame de Roussillon, épousa un des membres de la famille Mortagne, faisant ainsi passer le château entre les mains de cette maison jusque vers la fin du XIVe siècle. Le château passa ensuite, Sans doute par succession collatérale, aux mains de Jean d'Éstuert, seigneur de Saint-Maigrin par sa femme, Jeanne, bâtarde de Pons, et de Roussillon. C'est comme seigneur de Roussillon, qu'il reçoit l'aveu, en 1429, d'un certain Pierre Vigier de Bois. Par la suite, Roussillon passera entre les mains de son fils Jean, puis de son petit-fils Guillaume, chevalier, seigneur de Saint-Maigrin, de L'Ileau et de Roussillon, chambellan du Roi, sénéchal et gouverneur de Saintonge. A la suite d'un procès qui l'opposa à François de Mortagne, un arrêt du Grand Conseil, du 10 septembre 1484, le condamna, ainsi que son père, Jean d'Estuert à se désister de la terre et seigneurie de Roussillon, avec ses appartenances et dépendances, en faveur dudit Mortagne. Celui-ci en prit possession réelle l'année suivante, le 3 novembre 1485. Dix ans plus tard, à la suite d'une transaction passée entre les fils de François de Mortagne, le logis et le principal "hostel et ses préclotures" de Roussillon revinrent à l'aîné, Gaillard, alors que ses frères recevaient chacun une partie de la seigneurie.
Gaillard de Mortagne semble être mort jeune, et le château dut revenir alors à son frère cadet, Jehan, puis à la fille de ce dernier, Ysabeau, mariée vers 1500 à Pierre de Blois, écuyer, auquel elle apporta Roussillon. A Pierre de Blois succédèrent sept générations représentées par autre Pierre, Geoffroy, Jacques, Henri, autre Henri, à nouveau Geoffroy et enfin Charles de Blois, qualifié de comte de Roussillon et de seigneur de Massac, en 1789. Il laissait un fils, Charles, marié en 1781 à Marthe de Laporte, et plusieurs filles, dont Marie-Louise, mariée, en 1777, à Damien-Benjamin de Saint-Pierre, ancien commissaire des guerres à l'île de Ré, laquelle vendit la propriété, en 1811, à Pierre Petit, maire de Lorignac de 1816 à 1833, et à son épouse, Anne Verger, pour 3000 francs de rente viagère. C'est sur leur fils, Pierre, propriétaire et ancien négociant, que le domaine sera adjugé, en 1839, pour 35925 francs, à Honoré Chaparon, médecin de Saint-Fort-sur-Gironde, à la requête de Jean-Baptiste-Félix Dumontet, en exécution d'un acte d'obligation consenti en 1835 en faveur de ce dernier par Pierre Petit, fils. D'après un mémoire de Claude Masse, du début du XVIIIe siècle, le château de Roussillon était un édifice flanqué de quatre tours "enceint de fossés pleins d'eau et partie environné de bois de haute futaye".
Aujourd'hui, il s'agit d'une demeure construite sur un terre-plein entouré de fossés presque comblés, isolé dans les champs. On y pénètre par un pont dormant. Aux angles intérieurs du terre-plein, se distingue l'arrachement de deux tours cylindriques. Le corps de logis, flanqué d'une tour en fer à cheval et d'une tour polygonale d'escalier, a été remanié aux XVIIIe et XIXe siècle. Durant cette dernière époque, on l'a doté d'une toiture d'ardoise, percée de lucarnes de style néo-Renaissance. La porte d'entrée de la tour a aussi été remaniée et dotée d'un décor de pinacles de style néo-gothique, encadrant une inscription protestante provenant du logis voisin de Cherpenaise. Deux ailes basses encadrent la demeure: celle de droite vient s'appuyer sur un pan de courtine médiévale dotée d'un gros contrefort. La façade postérieure de l'édifice est plus riante, percée de grandes baies à arc segmentaire au XVIIIe siècle, et dotée d'une terrasse et d'un bel escalier à balustres qui donnait autrefois sur les parterres. L'ensemble, alliant le souvenir de la forteresse et le charme de la demeure de plaisance, a encore beaucoup d'allure. (1)

château de Roussillon 17240 Saint-Germain-du-Seudre, propriété privée, ne se visite pas.


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(1)
   Source : châteaux, manoirs et logis, Charente-Maritime, éditions Association Promotion Patrimoine, 10 rue Dabault, 79000 Niort, imprimé en octobre 1993

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