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La terre de Laléard était
mouvante en plein fief du comté de Taillebourg. On la trouve pour la
première fois mentionnée dans un aveu du 12 novembre 1482, rendu pour la
châtellenie de Loulay par Guillaume Duval, écuyer, seigneur de Laléard. Elle
restera propriété de cette famille pendant près de deux siècles. Ainsi, en
1536 et 1540, elle est aux mains de Jean Duval, écuyer, marié à Franquine de
Ségur, leque (à moins qu'il ne s'agisse d'un homonyme) semble avoir convolé
en secondes noces avant 1551 avec Jacquette de Cumont, elle-même veuve de
Pierre Brun, écuyer, seigneur de Saint-Martin-de-Sarsay. Le château présente
à cette époque un plan quadrangulaire, l'accès se faisant par le village;
une première enceinte édifiée au cours du XVIe siècle sur des fondations
plus anciennes. On pénètre dans le gros donjon carré, datant de 1593, en
franchissant deux ponts-levis (dont il existe encore de nos jours la trace à
l'intérieur de la cave et au premier niveau), qui l'isolent ainsi du corps
de logis. A la date du 14 septembre 1597, François Duval est seigneur de
Laléard et du Moulin de Palluau en la forêt d'Annepont. Peut-être à la suite
des travaux entrepris à Laléard, la situation de ce dernier semble
singulièrement obérée; ses biens seront en effet saisis le 23 décembre 1629
par le sieur Destale. Peu après, le 15 juillet 1630, Catherine Moreau, veuve
de Jean Boisseau, écuyer, seigneur de Pouzou et Vervant, introduit une
requête devant le parlement de Bordeaux afin d'être remboursée d'une somme
de 1 400 livres sur Laléard. Cette démarche paraît aboutir; la terre lui est
vraisemblablement adjugée avant le 7 août 1634, date à laquelle la dame de
Laléard et La Brousse (sur Saint-Hilaire-de-Villefranche) est condamnée pour
défaut d'hommage par arrêt du parlement de Rennes, bien qu'ayant fait valoir
qu'en dépit de sa volonté d'aboutir, elle ne possède aucun titre pour
pouvoir le faire.
Laléard passe ensuite entre les mains de Jeanne Boisseau, fille des
précédents, qui avait épousé, par contrat du 14 octobre 1609, Gabriel de
Goullard, chevalier des ordres du Roi, fils de René, écuyer, seigneur du
Breuil-Milon et de La Mothe d'Anville, gentilhomme ordinaire de la chambre
du Roi, et de Marguerite Poussard, lequel disparaît avant le 7 août 1634. A
cette date, sa veuve est requise de rendre hommage pour ses fiefs de Laléard
et La Brousse. L'adhésion familiale à la Réforme contraint leurs descendants
à l'exil. Jacques, l'aîné de leurs enfants, aura d'Angélique Martel, fille
d'Isaac, chevalier, baron de Lindebœuf, et d'Élisabeth Poussard,
Jacques-Martel, tige de la branche des marquis de Vervant. Leur second fils,
Frédéric, qui se qualifie indûment seigneur de Saint-Hilaire-de-Villefranche
alors que le titulaire du fief est le curé de la paroisse, reçoit Laléard.
En 1662, il épouse Françoise Herouard, qui lui donne Auguste, avec lequel il
émigrera en Angleterre lors de la révocation de l'Édit de Nantes (1686).
Alphée, le dernier fils, seigneur de La Mothe d'Anville, se joint à eux mais
rentre en France en 1698, après le décès de ses frère et neveu. Il ne
laissera pas postérité de son union avec Marie Docoy. Les biens des cadets
font ainsi retour à la branche aînée, dont le représentant pour l'heure,
Jacques-Martel, ayant fui lui-aussi l'absolutisme religieux, meurt en
Angleterre en 1700. Il avait épousé, le 15 janvier 1681, Marthe-Fabrice de
Gressewich qui, après la fuite de son mari, se trouvera enfermée un temps à
Port-Royal. Ayant abjuré, elle récupère, en 1688, les terres confisquées
deux ans auparavant et les transmet à leur fils, Jacques-Alphée.
Outre divers fiefs sur Saint-Hilaire-de-Villefranche, le nouveau marquis de
Vervant possède la baronnie de Rochereau et la seigneurie du Roullet que
Marie-Rose Boisson, épousée le 3 juillet 1700, lui a apportées en dot. Cette
incontestable opulence lui permet sans doute de remanier son château de
Laléard et d'y faire édifier le long corps de bâtiment à un étage ainsi que
diverses dépendances, recentrant l'édifice autour d'une nouvelle cour plus
vaste, encadrée par deux ailes de dépendances flanquées chacune par un
pavillon couvert d'ardoise. Il mourra en 1760, laissant au moins
Jacques-Charles et Antoine, auquel sont attribuées les terres de Laléard et
de La Brousse. Ce dernier disparaît lui-même le 22 décembre 1784, âgé de 84
ans. "Ce seigneur était bien avec feu Mer le prince de Talmond et c'est en
apparence pour cette raison qu'il n'a jamais rendu d'aveux des différents
fiefs qu'il possédait. Le dernier était de 1556. Il ne laisse qu'un fils
malade à Paris, non marié et une très bonne succession". En effet, sur les
trois enfants issus du mariage d'Antoine de Goullard avec Marie du Sablon,
seul survit à son père Jacques-Antoine-Charles, chevalier de saint Louis,
mestre de camp de cavalerie, mort le 19 février 1785 à Laléard. Il lègue
tous ses biens à son cousin mineur, Louis-Antoine de Goullard, fils de feu
Jacques-Charles, marquis de Goullard, et de Louise-Françoise-Élisabeth
Avril. Le château de Laléard, bien qu'en mauvais état, figure dans la
succession pour 10 150 livres; l'existence d'une orangerie est mentionnée en
1787. Louis-Antoine sera le dernier de son nom à Laléard. En effet, de ses
deux unions avec Aimée-Aguathe-Aimable de Nossay, puis avec
Marie-Anne-Françoise de Bourdeille-Montanceys en 1800, il n'aura qu'une
fille, issue du second lit, Marie-Antoinette-Delphine.
Le mariage de cette dernière, en 1819, avec Jean-Gustave-François de Senigon
du Rousset de Roumefort du Cluseau, ancien garde du corps du Roi, fait
passer Laléard pour un peu plus d'un siècle dans cette vieille famille
périgoudine. Le château de Laléard et les terres attenantes seront
malheureusement vendues, au lendemain de la Grande Guerre. Plusieurs
propriétaires se succèderont: d'abord exploitation agricole pendant quelques
décennies, puis hôtel-restaurant de 1975 à 1983, l'édifice sera transformé
ensuite en maison de convalescence jusqu'en 1987, époque à laquelle des
difficultés financières entraînent sa fermeture. Le sivom du canton de
Saint-Hilaire-de-Villefranche en est le propriétaire dans les année 1990 et
l'utilise comme centre de vacances. Très bien restauré aujourd’hui, le
château retrouve ses plus beaux atours pour vous recevoir lors de vos
évènements professionnels et familiaux en tous genres. Le pigeonnier, creusé
de plus de 1 400 cases et toujours pourvu de son échelle tournante, ainsi
que les terres voisines se sont trouvées malheureusement distraites de
l'ensemble il y a une vingtaine d'années, ce qui nuit à l'environnement
immédiat de cet édifice dont la valeur architecturale et le charme demeurent
indéniables. (1)
château de Laléard 17770 Saint-Hilaire-de-Villefranche, tel. 05 46 59 11 96,
hôtel-restaurant qui propose la location de salles pour réceptions et 37
chambres. .
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