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Le château de La Garde portait aussi le nom de La
Garde-Merpins, du nom du château voisin de Merpins (Charente) dont-il
relevait. Une annonce de vente parue dans les Affiches de Bordeaux en 1780
décrivait la terre de La Garde "en Angoumois, enclave de Salignac, à une
lieue de Cognac, à deux de Pons et à quatre de Saintes, comme un château,
cour, belles servitudes, magasins autour des cours, jardins, fuie, garenne
bien peuplée, gros vaisseaux vinaires, etc.". Le domaine rapportait 8000
livres par an avec des "terres à bled de la première qualité, susceptible de
beaucoup d'acroissements". La première mention connue du fief de La Garde
est un aveu rendu en 1470 au seigneur de Merpins, par Jean de La Magdeleine,
écuyer. Vingt-cinq ans plus tard, Jean Mie, écuyer, rendait hommage de ses
fiefs de La Garde et de Prunelas. Il mourut peu après, car en 1497, c'est sa
veuve, Hélye de Saint-Martin, qui en rendait aveu. Elle était héritière,
selon un acte de donation de 1492, de Marguerite de Losme, dame de Mazotte,
de Puyguillier et de La Garde, fille de Jean et de Marguerite Foucaud. Elle
avait été mariée en premières noces à Giraud de La Brousse, en secondes
noces à Georges Victor, puis en troisièmes noces, à François de Puyrigaud.
N'ayant pas eu d'enfants de ces trois mariages, Hélye de Saint-Martin devint
dame de La Garde, à laquelle succéda François Green de Saint-Marsault. En
1541, qualifié d'écuyer et de seigneur de La Garde, il fut condamné à céder
à sa belle-mère, Françoise de Barbezières, la moitié des terres de
Saint-Marsault, Mazotte et Puyguillier.
Pour s'en acquitter, il dut lui vendre, le 20 mars 1546, la seigneurie de La
Garde qu'elle donna ensuite à son dernier fils, François Green de
Saint-Marsault, époux de Marie Chesnel, qui lui donna Daniel Green,
chevalier, baron de Châtelaillon, seigneur de Salles, du Roullet et de
Rudepierre par sa femme, Marie de Blois. C'est à lui que l'on doit la
reconstruction du château de La Garde tel qu'on le voit encore maintenant,
vers 1610, date gravée sur la porte d'entrée. Son fils, Osée, se défit de La
Garde en vendant le château, le 27 août 1651, à son voisin, Jean-Louis de
Brémond, seigneur, baron d'Ars, mort l'année suivante des suites de graves
blessures reçues lors du siège de Cognac. Après lui, trois générations de la
branche aînée des Brémond d'Ars possèderont le château, qui revint à la
fille de son arrière-petit-fils, Charles de Brémond, marquis d'Ars, la
marquise de Verdelin. Marie-Madeleine de Brémond d'Ars, née à Cognac en
1728, avait épousé, en 1750, Bernard, marquis de Verdelin, colonel
d'infanterie, maréchal des camps et armées du Roi, auquel elle apporta le
château de La Garde. La marquise de Verdelin est connue pour avoir été très
liée à Jean-Jacques Rousseau qu'elle protégea toute sa vie. C'est elle qui,
dès 1780, mit le château en vente. Il n'avait pas encore trouvé d'acquéreur
lorsque la Révolution éclata.
Dominant un paysage de vignoble plat et monotone, le château de La Garde
présente une masse encore imposante, tirant une partie de son effet de ses
grands combles couverts d'ardoise. C'est un corps de logis rectangulaire
flanqué, sur sa façade postérieure de deux pavillons fortement bastionnés.
Seules les hautes lucarnes à meneaux et croisillons, couronnées d'un fronton
triangulaire et une terrasse de création très récente atténuent l'austérité
de cette façade percée irrégulièrement de hautes baies. La façade antérieure
est en revanche plus riante, éclairée par de nombreuses baies, flanquée de
deux élégantes tourelles d'angle en encorbellement et surmontée de lucarnes
à meneaux et croisillons couronnées par un fronton triangulaire terminé par
des amortissements en forme de boules. L'entrée se fait par un escalier à
rampe droite donnant sur une belle porte à pilastres cannelés et à fronton
triangulaire portant la date de 1610, marquant sans doute l'achèvement du
château. L'ancien plan cadastral montre que les dépendances n'étaient pas en
retour d'équerre, mais formaient une aile parallèle au château, plus basse,
mais de même longueur, aussi flanquée de deux pavillons bastionnés. De ce
corps de bâtiment, il ne reste que le pavillon de l'angle est, couvert
d'ardoise. À proximité s'élève encore une imposante fuie cylindrique
couverte de tuiles plates, de la fin du XVIe siècle ou du début du siècle
suivant. L'intérieur contient 2 600 boulins de terre cuite à embouchure
carrée, disposés en quinconce, et un mât central pivotant, pouvant actionner
deux échelles tournantes. À la fois touché par les grâces d'un style
Renaissance tardif et par une conception encore militaire, le château de La
Garde est un intéressant témoin du règne d'Henri IV, dans les Charentes. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures du château, et le
pigeonnier : inscription par arrêté du 16 décembre 1987.
château de La Garde 17800 Salignac-sur-Charente, tel: 06 92 31 91 00,
propriété d'une société, visite des extérieurs.
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