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Il faut certainement mettre au rang des
légendes l'édification du donjon de l'Isleau, sur une petite éminence
dominant des marais, par Henri II Plantagenet. Le premier seigneur connu
avec certitude apparaît dans un aveu rendu en 1368. Il s'agit de Pons de
Vivonne, chevalier "tesmoing de vérité sous le scel de sa chastellerie de
Lilleo près de Pontlabay". Un siècle plus tard, le donjon était aux mains de
Guillaume d'Estuert, seigneur de Roussillon et de Saint-Maigrin. Cette
famille resta propriétaire de la terre jusque vers 1521. À cette date, Guy
d'Estuert, seigneur de L'Isleau, n'ayant pas eu d'enfant, testa en faveur de
ses neveu et nièce: Jean et Anne Isle, enfants d'Yverte, écuyer, seigneur de
La Matassière et de Catherine d'Estuert. La famille Isle garda le donjon
Jusque vers la fin du XVIe siècle. Le dernier représentant fut Daniel, mort
sans postérité vers 1611, qui avait reçu la seigneurie en partage en 1590.
C'est entre ces deux dates qu'un puissant personnage, Arthus Lecomte,
conseiller du Roi, baron de La Chaume, Nancras, Champagne, seigneur de
Matha, des Chastelliers, de Bresneau, de Blénac, puis de Romefort, en
Saintonge, en devint propriétaire. De son mariage avec Marie Tizon, il n'eut
point d'enfant. Après son veuvage, celle-ci se remaria à Jacques de Courbon,
chevalier des ordres du Roi, auquel elle transmit les seigneuries de Blénac,
Bresneau, et L'Isleau, acquises durant son précédent mariage. En 1672, leur
fils cadet, Charles de Courbon, comte de Blénac, fit recouvrir la tour et
construire un treuil dans les dépendances, par Jean Chaïllou, maître
architecte, demeurant au village de Torfou.
La puissante famille Courbon, branche de Blénac, resta propriétaire de la
terre de L'Isleau jusqu'en 1722. A cette date, Louis de Courbon, comte de
Blénac, la céda, moyennant 12000 livres, à maître Pierre Sarit, conseiller
du Roi, garde des sceaux au présidial de Saintes, baron de La Chaume. Des
contestations surgirent presqu'aussitôt, ce qui donna lieu à un procès non
encore réglé en 1727, puisqu'à cette date on annonçait la saisie réelle de
la seigneurie de L'Isleau, sur la tête de Gabriel-Magdeleine de Courbon,
marquis de Blénac, neveu de Louis, qui avait sans doute essayé de faire
valoir son droit de retrait lignager. En définitive, les Courbon purent
rentrer en possession de la terre qui ne fut vendue qu'en 1771, par Arnoult
Pierre, marquis de Courbon, comte de Blénac, seigneur de Romegoux et autres
places, à Charles-Henri de Beaucorps, chevalier, seigneur de La Bucherie,
pour 30000 livres. A la suite d'un partage passé en 1792 entre ses enfants,
Agathe et Guillaume-Charles de Beaucorps, celui-ci devint propriétaire de la
tour qu'il céda, deux ans plus tard, lors d'un autre partage, à sa
belle-sœur, mademoiselle Dupin de
Bélugard, contre la terre de La Vieille-Grollière, près de Soubise. Dans le
courant du XIXe siècle le donjon de L'Isleau, passé aux mains de fermiers
fut peu à peu abandonné.
Ce n'est qu'en 1974 qu'il fut acquis par ses actuels propriétaires, lesquels
entreprirent aussitôt un courageux sauvetage et une restauration de qualité
méritoire. Un îlot de terre ferme, entouré par les marais de la vallée de
l'Arnoult, sert de base à un donjon roman carré de type C d'environ 11
mètres de côté, haut de 17 mètres. Il est doté, au milieu de chaque face, de
contreforts plats. On y pénètre par un escalier donnant accès à une porte
ménagée au second niveau, près d'un contrefort renfermant un escalier en
vis. Il est éclairé par de rares ouvertures percées dans des murs de 2,25
mètres d'épaisseur. Le dernier étage est doté d'une voûte en berceau brisé.
Sur la face sud-est on remarque, accolées à un contrefort, des latrines
desservant les deux niveaux habitables. Le donjon était autrefois entouré
d'une chemise quadrangulaire flanquée de petites tours d'angle encore debout
au XIXe siècle. Dans son voisinage immédiat on remarque les restes d'une
chapelle. (1)
Éléments protégés MH : le donjon de l’Isleau : inscription par arrêté du 14
mai 1925.
donjon de l’Isleau 17250 Saint-Sulpice-d’Arnoult, ce vestige féodal
représente un des plus anciens monuments militaires de la région, envahi par
les ronces et les herbes, il est restauré par ses nouveaux propriétaires, il
est impossible de le visiter à l'heure actuelle, mais visible de
l'extérieur.
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