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Dès le XIe siècle, le cartulaire de
Notre-Dame de Saintes mentionne une famille d'Authon dont le château, situé
à une centaine de pas à l'est de l'actuel édifice, somme alors une motte
argileuse naturelle d'une trentaine de mètres de haut, nivelée au cours des
temps et qui, pour avoir servi par la suite aux exécutions capitales, a
conservé localement l'appellation de "haute justice". La puissance des
seigneurs d'Authon, vassaux des comtes de Taillebourg, s'affirmera peu à peu
durant le Moyen Age et la Renaissance. Les personnages marquants en seront
Roland, compagnon de saint Louis en Terre Sainte, Seguin, archevêque de
Tours, patriarche in partibus infidelium d'Antioche, mort en 1395, Jean,
abbé de Saint-Jean-d'Angle, chroniqueur du roi Louis XII (1467-1527),
Antoine (1466-1546), corsaire à ses heures et passé, selon certains, au
service du sultan Soliman II, qui en fit le lieutenant général de ses armées
de mer. Au début du XVIIe siècle, la situation des barons d'Authon,
sénéchaux héréditaires de Saintonge, semble bien assise. Ils se sont alliés
aux plus riches familles de la région et possèdent de nombreux fiefs non
seulement autour de leur terre patrimoniale (à Migron, Brizambourg, Ecoyeux,
Vénérand, Aujac, etc.), mais aussi dans l'île d'Oléron dont ils tiennent la
baronnie du château relevant directement du Roi. Une branche cadette est en
outre fieffée à Vanzay, près de Civray. Cette fortune va leur permettre de
moderniser leur demeure; la motte féodale ne leur appartenant plus en 1481
(elle est alors propriété des seigneurs de Brizambourg mais leur fera retour
en 1500), les premiers travaux ont donc commencé avant cette date et
aboutissent à la transformation d'anciennes salles de justice en un corps de
bâtiment doté d'une agréable galerie italianisante ouverte au midi, connue
seulement par les relations.
Un siècle plus tard, Seguin d'Authon, conseiller du Roi en ses conseils,
entame une nouvelle tranche de travaux (1607); s'il laisse persister
l'actuelle tour des gardes, construite en 1588, et son pendant nord-ouest,
qui conservent encore nettement un caractère austère, il remanie la façade
de sa demeure, l'agrémentant de hautes croisées. Le toit est pourvu de
mansardes supportant de curieuses têtes de pierre encadrant divers motifs
sculptés (blason disparu en 1791, soleil rayonnant probablement postérieur).
Les porches datent de la même époque; les armes familiales de gueules à
l'aigle éployée et couronnée d'or, becquée et membrée d'argent, martelées
également en 1791, les surmontaient alors, celui donnant sur la cour
intérieure sommant une tête de femme. On peut supposer qu'il s'agit là d'une
représentation de Marie Martel, fille de François, chevalier, seigneur de
Lindebœuf, et d'Anne de Pons, qui a épousé Seguin d'Authon en 1601, lui
apportant en dot la baronnie du château d'Oléron. Le côté défensif n'est
toutefois pas négligé, l'édifice présentant des avancées porteuses de
meurtrières permettant la protection des voies d'accès et de ses abords.
Durant la Fronde, tout ceci n'empêchera pourtant pas les troupes du prince
de Condé d'investir les lieux et d'y faire prisonnier Jean-Seguin,
petit-fils de Seguin (3 décembre 1651).
Une chapelle romane, malheureusement détruite en 1878, s'élève alors à peu
près à mi-distance de la tour des gardes et des bâtiments de servitudes,
auxquels elle se trouve reliée par un mur et qui s'étendent le long de la
rivière Dandelot, constituant une sorte de courtine extérieure. Un bosquet
d'ifs, à droite de l'actuelle grille d'entrée, matérialise son emplacement.
Malheureusement, ces dépenses appauvrissent singulièrement la famille; quand
Jean, fils de Seguin, meurt tué en duel en 1627, sa veuve, Judith de Nossay,
doit mettre en vente la baronnie et la terre d'Ébéon qui lui était
rattachée. Pour qu'Authon ne quitte pas la famille, c'est finalement
Jeanne-Marie-Hélie de La Rochesnard, veuve de René de Nossay, mère de Judith
mais aussi aïeule de la propriétaire actuelle qui la rachète (9 août 1629).
Elle la transmet à son petit-fils Jean-Seguin qui achèvera de dilapider les
dernières ressources familiales à la Cour et disparaîtra lui aussi
prématurément laissant pour unique héritier François-Roger. Du fait de la
minorité de celui-ci, ses proches cherchent, par tous les moyens juridiques,
à éviter la vente d'Authon; le procès, débuté du vivant de Jean-Seguin,
durera trente ans. Le 26 août 1699, la baronnie est finalement adjugée à
Pierre Guillemin, seigneur de Rennebourg, maire de Saintes; en 1711, elle
passe à sa fille Marie-Jeanne, unie à Pierre Thomas, écuyer, maire de
Saintes. Par la suite, en 1764, en vertu d'un arrangement entre leurs deux
filles cohéritières de la terre, Marie-Anne, épouse de Bertrand de La
Laurencie, chevalier, seigneur de Chadurie et des Thibaudières, et
Marie-Thérèse, mariée à Antoine-Maurice Charrier, conseiller-secrétaire du
Roi au parlement de Bordeaux, maire de Saint-Jean-d'Angély, elle est
attribuée à cette dernière.
Quand survient la Révolution, Claude-Alexandre Normand, écuyer, baron d'Authon
du chef de sa femme, Marguerite-Thérèse Charrier, devient maire de
Saint-Jean-d'Angély (1789-1790). Bien qu'ouvert aux réformes comme son ami
Régnault de Saint-Jean-d'Angély, il voit sa maison d'Authon pillée et
incendiée en juillet 1791 (disparition de l'aile nord). Sa modération, ses
rapports familiaux avec les milieux de l'émigration le conduisent à Brouage
où il est interné en novembre 1793. Libéré à la chute de Robespierre, il
réintègre sa demeure et entreprend certains travaux de réfection, tout en
rachetant le château d'Écoyeux autrefois dans la mouvance d'Authon (1802).
Cette œuvre de restauration sera poursuivie par son petit-fils, Marcelin
Normand d'Authon, marié à Ernestine de Lestang, et dont la mère, née Griffon
de Pleineville est une descendante des Nossay. C'est lui qui est à l'origine
des transformations les plus marquantes, donnant à la demeure sa physionomie
actuelle (1875-1878). Son fils Charles devra, à son grand regret, faire
abattre ce qu'il reste de la chapelle et achèvera la plantation du parc; il
fera en outre édifier les écuries actuelles sur des fondations plus
anciennes (1891). En 1956, Authon échoit à sa petite-fille, Solange Normand
d'Authon, épouse de Maurice Poivre, ancien officier de cavalerie; ce sont
les parents de la propriétaire actuelle. Depuis 1979, celle-ci a continué
dans la ligne de ses prédécesseurs. Les charpentes et couvertures, ainsi que
les enduits extérieurs, ont été refaits sur la tour des gardes et le toit à
l'impériale. Les murs des douves ont été consolidés et rétablis dans leurs
contours originels. Enfin, le pavement de la salle des voitures a été
refait. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures de la tour des Gardes, la
porte d'entrée du château : inscription par arrêté du 27 avril 1972.
château d'Authon, rue du Château, 17770 Authon-Ébéon, tél. 05 46 25 05 40,
ouvert au public, visites de 14h à 18h avec réservation préalable.
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