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Par une transaction passée le 9 novembre 1425 entre
Jean Méhé, seigneur d'Étray et Jean de Léricon, d'autre part, le premier
céda au second sa terre, seigneurie et paroisse de Coulonge. Douze ans plus
tard, elle appartenait à Guillemette de Coureilles, veuve de Jean Innocent
qui en rendit aveu au devoir "d'une paire d'éperons dorés et un cent
d'écuelles de bois de rente, garnies de leur saucières et tranchoires" par
an, au seigneur de Taillebourg. En 1450, c'est François Goumard qui était
qualifié de seigneur de Coulonge, puis en 1477, Pierre Langlois, licencié ès
loi, seigneur d'Angliers, ancien maire de La Rochelle, procureur général du
duc de Guyenne. Enfin, en 1507, Jacques de Culant, époux de Françoise
Chaudrier, possédait la terre de Coulonge, qu'il tenait de Taillebourg au
devoir d'un marbotin d'or. En 1548, sa veuve et son fils, Olivier, vendirent
les fiefs, terres et seigneuries de Coulonge et de La Barbinière à Aubert
Lebault. La famille Lebault garda la terre une centaine d'années, jusqu'en
1649, lorsque les filles d'Isaac Lebault revendirent le tout à Pierre
Guibert, seigneur de Varenne, fils de Pierre, seigneur de Landes. Mort jeune
et sans postérité, Coulonge revint à son frère Henri, seigneur de Landes qui
rendit aveu, en 1656, de sa terre de Coulonge "avec droit de forteresse,
pont-levis, fossés autour de la maison, mâchicoulis et autres défenses".
Ensuite, le château revint à son fils, Louis, chevalier seigneur de Coulonge
et de Landes, gouverneur pour le Roi de la ville de Saint-Jean-d'Angély.
Après lui, la terre passa aux mains de Blanchefleur-Geneviève Guibert,
mariée, en 1713, à Louis de Sainte-Hermine, chevalier, seigneur de Mérignac,
colonel au régiment de Caylus-Infanterie. Son petit-fils, René-Louis,
marquis de Sainte-Hermine, vint habiter le château quelques années avant la
Révolution. En 1783, il fit venir les officiers du comte de Taillebourg pour
lui dire qu'il comptait faire entreprendre la vérification de ses terres d'Agonnay
et de Coulonge. Au sujet de cette dernière, il voulait faire rétablir la
haute justice qu'il prétendait avoir eue autrefois. N'ayant pu s'entendre
avec lui, Jean, l'un des officiers du comté de Taillebourg, écrivit à
l'intendant de la duchesse de La Trémoille, l'informant que le marquis de
Sainte-Hermine prétendait "être fondé à se faire servir les bians et corvées
à exercer la haute justice et à pêcher dans la Charente". Pour se justifier,
il lui avait fait voir un aveu "quy porte ces droits quy est presque
totalement illisible fait par une personne quy n'étoit pas propriéttaire". À
cette époque le marquis de Sainte-Hermine faisait agrandir son château de
Coulonge par l'édification des deux ailes en retour, et le droit de "bians
et corvées", lui aurait permis, sans doute, des travaux d'un moindre coût.
Ces contestations furent arrêtées par la Révolution, tout comme les travaux
du château. Le marquis de Saint-Hermine émigra, laissant inachevé
l'aménagement de plusieurs chambres des ailes. Le château saisi, fut adjugé
pour 62 000 livres à Louis-Mathieu Faure, banquier de Saintes, aussi
acquéreur du château du Douhet, par la suite député de la Convention. Sa
fille reçut Coulonge en dot lorsqu'elle épousa en 1821 au château des Ormes
en Poitou, Charles-Marie-René, marquis de Voyer d'Argenson. En 1847, le
marquis d'Argenson vendit le château à un certain Cador qui ne le garda que
quelques mois. C'est en 1860, qu'il fut acquis par la famille des
propriétaires actuels.
Bien que bâti vers 1670, comme en témoigne encore une poutre réutilisée dans
le comble d'une des ailes, le château est encore très marqué par le
maniérisme. Il se compose aujourd'hui de trois corps de bâtiments détachés
formant un U. Autrefois, le corps de logis était encadré par deux pavillons
sur lesquels étaient venues se greffer les ailes construites pour le marquis
de Sainte-Hermine. Ces pavillons, ainsi qu'une partie des ailes, ont été
habilement détruits dans la première moitié du XIXe siècle. L'aile de droite
succédait en partie à un corps de bâtiment ancien appelé, au début du XVIIIe
siècle, "le vieux château", dont les caves existent encore et portent la
marque des XVe et XVIe siècles. La façade antérieure du corps de logis
principal possède encore une remarquable porte encadrée par des colonnes
toscanes surmontée de rinceaux et d'une architrave décorée, à armoiries
bûchées. La travée centrale, contenant autrefois un escalier rampe sur
rampe, est marquée par une toiture à l'impériale, éclairée par une lucarne
ornée de vases à fruits. Fenêtres et angles de la construction sont marquées
par des chaînes harpées formant bossage. La façade postérieure, donnant sur
des jardins dont les terrasses descendant jusqu'au Bramerit et à la Charente
ont été coupées par la création de la voie ferrée Bordeaux-Nantes, présente
une unité à peu de choses près semblable. Pour rattraper la dénivellation du
terrain, un large perron en fer à cheval permet l'accès à une porte centrale
encadrée par des pilastres ioniques, surmontés par un fronton curviligne
richement orné. Quatre lions sculptés gardent l'accès à l'escalier à
balustres. Les fenêtres du rez-de-chaussée ont perdu leurs allèges après
avoir été transformées en portes-fenêtres dotées de garde-corps en fer.
Toutes les lucarnes sont ornées de masques sauvages. Les ailes, construites
en pierre de taille, bien que de style plus dépouillé, sont aussi de belle
facture. Malgré les amputations du XIXe siècle, le château de Coulonge
demeuree un des plus intéressants témoins du XVIIe siècle en Saintonge. (1)
château de Coulonge 17350 Saint-Savinien, au lieu-dit Coulonge sur
Charente, propriété privée, ne se visite pas.
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