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La première mention d'un seigneur de Dampierre
apparaît dans une charte de 1027. Il s'agit d'Adalbert dont la fille
Pétronille épousa Hugues Maingot, fils de Guillaume, seigneur de Surgères,
auquel elle apporta Dampierre. Les Maingot conserveront la seigneurie
pendant près de trois cents ans. Le dernier du nom, Guillaume IX meurt sans
enfant en 1342 et sa sœur, Jeanne, veuve de Jean de Parthenay, devenue dame
de Dampierre, apporte le domaine, par son mariage, à Aymar de Clermont,
seigneur d'Hauterive, en Dauphiné. Aymar, qui rend hommage en 1364 au Prince
de Galles, voit son château pris par Du Guesclin en 1373. Un de ses
descendants, Claude, épouse Jeanne de Vivonne et meurt en combattant les
Anglais en 1545. Sa veuve Jeanne et sa fille Claude ont été les grandes
animatrices de la construction du magnifique château que l'on voit
aujourd'hui. Claude, âgée de 15 ans, épouse en 1558 le vieux maréchal Jean
d'Annebaut, baron de Retz, qui meurt quatre ans après; Claude garde la
baronnie de Retz qu'elle apporte en mariage en 1565 à Albert de Gondi qui
devient baron puis duc de Retz et seigneur de Dampierre. Pendant les guerres
de Religion, en 1586, le château, tout juste terminé, est assiégé par les
huguenots, mais est sauvé par l'arrivée de Malicorne, gouverneur du Poitou.
Un an après, en 1587, il est pris par Condé, pillé, saccagé et en partie
démantelé. Le prince trouvait, par ce geste, l'occasion de se venger
d'Albert de Gondi qui, en 1581, avait fait raser la place de Montaigu,
propriété de sa femme. En 1598, le duc de Retz et sa femme vendent Dampierre
à Charles de La Mothe-Fouquet, qui ne peut payer son acquisition. Il doit
rétrocéder le château deux ans plus tard à David Fourré, écuyer, seigneur de
Beaulieu, Rocherou et Messignac, gouverneur de Taillebourg et de
Saint-Jean-d'Angély, maître particulier des Eaux et Forêts de la vicomté d'Aunay,
gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi. Son petit-fils, Charles, meurt
sans postérité en 1681. Dampierre revient alors à sa sœur, épouse de Louis
Foucault, comte du Dognon, maréchal et amiral de France. Leur fille,
Constance, épouse Renaud-Constant de Pons, baron de Thors, auquel elle fait
passer le domaine. Celui-ci le vend en 1712 à Marie-Anne-Bertrand de La
Bazinière, veuve de Claude de Dreux, marquis de Nancré et de La Flocellière,
conseiller d'État. Celle-ci n'ayant pas d'enfant, Dampierre passa à ses
nièces, Marie-Thérèse, Marie-Anne-Antoinette et Henriette-Antoinette de
Mesmes d'Avaux. Devenue seule propriétaire, Marie-Thérèse de Mesmes,
marquise de Fonteville, vendit le château, en 1752, à
Philippe-Christophe-Amateur de Gallifet qui y fit aussitôt entreprendre
d'importants travaux. La famille Gallifet conserva Dampierre jusqu'à la
Révolution.
Le dernier seigneur ayant émigré, le château fut vendu comme bien national.
Victime de plusieurs générations de vandales, il devient enfin la propriété
du docteur Texier qui le restaure et en fait une magnifique demeure. Hélas,
occupé par les Allemands, il est saccagé en 1944. Heureusement, la famille
du docteur Texier le remet patiemment en état et lui redonne son lustre
d'antan. Le château primitif se serait élevé sur le tertre où se trouve
l'église romane; il fut suivi d'un château féodal qui a très probablement
été ruiné pendant la guerre de Cent Ans. C'est donc à la fin du XVe siècle
que le château actuel a été construit dans une île de la Boutonne. Une
galerie lui a été adjointe vers 1540. Après avoir franchi la grille, on
accède à une petite île entourée d'un côté par un mur et de l'autre par des
servitudes et les communs ; de nombreux vestiges et fragments de sculptures
ont été réunis et réemployés dans cette avant-cour. Passant sur un pont, on
arrive dans la grande cour ombragée du château; on voit encore les restes de
l'ancienne muraille dont la base se baigne dans l'eau vive des douves. Au
fond, la façade Renaissance avec ses deux galeries superposées accuse la
première moitié du XVIe siècle: ses arcades surbaissées retombant sur de
gros piliers donnent une impression de solidité plus que d'élégance.
Dampierre se construit au cours d'une période troublée et reste un château
fortifié, mais l'architecte cherche à en égayer la cour intérieure et à la
rendre moins austère. Entre les galeries une grande frise montre de fins
rinceaux et des palmettes qui semblent plutôt ciselés que sculptés; ces
ciselures se continuent sur les chapiteaux des grosses colonnes du
rez-de-chaussée, en larges feuillages et cornes d'abondance. Aux angles de
la toiture, on trouve, à droite, une statue de femme et, à gauche, une
statue d'homme en costume du XVIe siècle ; en bas du grand comble, des
lucarnes à fenêtres ovales, et, sur les pignons des murs, deux chimères
accroupies complètent la décoration de cette façade.
En passant à gauche devant une porte décorée de rinceaux surmontée d'une
fenêtre à meneaux, on arrive à une grosse tour à créneaux et mâchicoulis
percée de meurtrières et d'embrasures de couleuvrines ; la façade qui suit a
quelques fenêtres simples et repose sur une terrasse, baignée par la
rivière, qui mène à la tour nord, vraisemblablement reconstruite au XIXe
siècle. Passant sous la galerie, on trouve la porte d'entrée; le plafond en
arc surbaissé est divisé par des nervures qui délimitent des caissons aux
angles desquels on voit de jolies clés pendantes. A l'intérieur, des
cheminées monumentales et des décors sculptés ont été placés là par le
docteur Texier; ils proviennent des démolitions d'anciens logis et ont pu
être ainsi sauvés de la disparition. Un grand escalier de pierre à
balustres, du milieu du XIXe siècle, monte vers les salles de l'étage dont
l'une, heureusement intacte, garde un beau plafond à poutrelles et grosses
poutres peintes et une grande cheminée. Par une porte décorée d'élégantes
colonnes, on pénètre dans la belle galerie de l'étage dans laquelle
s'ouvrent trois fenêtres à meneaux et deux portes basses. Aux extrémités,
des fenêtres à meneaux, et, sur le jardin, cinq baies surbaissées éclairent
le superbe plafond. Celui-ci, aux nervures richement moulurées et ornées à
leur intersection de 128 clefs pendantes aussi variées que celles du
rez-de-chaussée, est formé de 93 caissons. La richesse et la variété de
leurs motifs sculptés en font la partie la plus intéressante du château; là
se sont donné libre cours le talent des sculpteurs et l'esprit de ceux qui
les ont inspirés. C'est une suite ininterrompue de devises, proverbes,
citations diverses en latin, français et espagnol, typiques de ces jeux
intellectuels si familiers aux beaux esprits de la Renaissance. Ces caissons
groupés par séries de neuf sont séparés par des rangées de-trois portant les
monogrammes H et D entrelacés d'Henri II et de Diane ou bien les triples C
de Catherine de Médicis. Suivant Fulcanelli, certains ont voulu y voir un
grimoire alchimique décrivant de façon hermétique la progression de l'adepte
vers la pierre philosophale. Les interprétations de cet auteur ne sont guère
convaincantes et il faut se souvenir qu'à cette époque, l'alchimie était
considérée comme activité diabolique et que ceux qui s'y adonnaient,
pourchassés et risquant le bûcher, ne devaient pas exhiber leurs grimoires,
même codés ! (1)
Éléments protégés MH : le château : classement par arrêté du 18 mai 1926.
Les communs, les ponts et les murs d'enceinte entourant les îles et les
douves, les deux îles dont le sol peut renfermer des vestiges archéologiques
: inscription par arrêté du 21 septembre 1990.
château de Dampierre 17470 Dampierre-sur-Boutonne, ouvert au public, visites
du 15 mars à mai, du 1er octobre au 11 novembre, dimanches et jours fériés,
de 14h à 17h, juin et septembre tous les jours de 14h à 18h, en juillet et
août tous les jours de 10h30 à 19h. Des salles dans les dépendances, le parc
et la galerie du château accueillent vos réceptions.
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