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Bien situé sur la vallée
de la Charente, Forgettes est une curieuse demeure composite, fruit de
remaniements successifs. Cette seigneurie appartenait primitivement aux
Cumont, d'une famille d'échevins et de maires de Saint-Jean-d'Angély, qui la
garda jusque vers 1480. Le domaine passa, à la fin du XVe siècle, à Robert
Germain. Le 5 juin 1500, Catherine de Coëtivy, dame de Bords et de
Champdolent, accorda en faveur de Robert Germain, écuyer, seigneur des
Pontois et de Forgettes, le droit de haute justice, de fourches patibulaires
à trois piliers et la faculté de "bâtir et ediffier place forte, de la
fortiffier de murailles, fossés, ponts levis, archères, canonières et autres
chozes requizes à l'hôtel et place forte comme aussy tout droit de fuye et
de garenne". La petite-fille de Robert Germain épouse Louis du Chesne,
écuyer, seigneur du Cluzeau, qui rend hommage au seigneur de Taillebourg
pour Forgettes en 1585. Leur fille apporta la terre à son mari François
Isle, seigneur de La Matassière. Le petit-fils de François Isle, Daniel,
épousa Marie Esneau, qui lui donna cinq filles, dont Léa à qui revint la
seigneurie de Forgettes qu'elle apporta à ses deux maris successifs, René de
Marbœuf, écuyer, seigneur de La Savinière, et Josué de Ballodes, écuyer,
seigneur de Montizeau. De son premier mariage, Léa Isle avait eu une fille,
Jacquette de Marbœuf, qui épousa en 1656, à Saint-Savinien, son cousin,
Claude Isle, chevalier, seigneur des Grois et de La Cave, fils de Daniel
Isle, chevalier, seigneur des Grois et de La Cave, et de Madeleine Héraud,
faisant ainsi revenir le château de Forgettes entre les mains de la famille
Isle. De cette union naquirent quatre enfants tous morts en bas-âge.
Après le décès de Claude Isle, Jacquette de Marbœuf se remaria à Jean-Louis
de Malsac, chevalier, seigneur de Monclas, commandant le régiment de
Piémont-Royal-Cavalerie, qui devint ainsi seigneur de Forgettes. Après la
mort de Jacquette de Marbœuf, Jean-Louis de Malsac se remaria à Marguerite
Béraudin qui devint héritière du domaine de Forgettes. Elle épousa, en
secondes noces, René de Menou, écuyer, seigneur de Billy, à qui elle apporta
Forgettes. À la mort de Marguerite de Béraudin, en vertu d'une donation
particulière, le château échut à Godefroy de Lalié, lieutenant des vaisseaux
du Roi au département de Rochefort, demeurant à Paris, époux de mademoiselle
de Menou. En 1718, ce seigneur ouvrit les portes de son château à
l'ingénieur Claude Masse, chargé de lever des cartes de la vallée de la
Charente. Claude Masse profita de son séjour à Forgettes pour lever le plan
des bâtiments qui sont aujourd'hui un précieux témoignage. Après la mort du
comte de Lalié, Charles de Luchet, époux de Marie de Menou, devint seigneur
de Forgettes. En 1738, Marie de Menou, devenue veuve, céda la seigneurie
pour une rente de 1 800 livres formant un capital de 36 000 livres, à
Louis-Charles de Ponthieu, chevalier, demeurant au château d'Agonnay. En
1754, il laissa son château de Forgettes, quelques marais salants et sa
maison noble du Maine-Moreau à son fils, Louis-Thomas-Charles de Ponthieu.
La famille Ponthieu le garda jusqu'à la Révolution. Par la suite, Forgettes
a appartenu aux Desprès d'Ambreuil de Montpezat puis aux Laage de Meux.
Le plan relevé en 1718 par Claude Masse montre qu'à l'origine, le château de
Forgettes était une enceinte quadrangulaire flanquée d'au moins trois tours
cylindriques aux diamètres inégaux. On accédait au château depuis l'est. De
ce côté, il était protégé par un fossé, et par une grosse tour dominant la
rivière, dont les pièces étaient carrées. Seul un front de l'enceinte a été
conservé. Un corps de logis flanqué de deux tours cylindriques couvertes
d'ardoise est venu s'adosser à l'enceinte. Dans la première moitié du XIXe
siècle, la façade donnant sur la Charente fut reconstruite dans un style
néo-classique assez froid. Un peu plus tard, une petite tour cylindrique,
coiffée d'une toiture d'ardoise en forme de dôme, fut ajoutée à la façade
opposée ainsi que deux gros pavillons dans le prolongement des tours et
plusieurs corps de bâtiments plus bas, tous dotés de fenêtres à meneaux de
style néo-gothique et néo-Renaissance, formant ainsi un étrange contraste
entre les deux façades, l'une froide, voire rigide, aux lignes pures et
rigoureuses et l'autre animée par une série de décrochements pittoresques et
de styles variés. À proximité du château, existe encore une grosse fuie
cylindrique couverte de tuiles plates et dotée d'un petit clocheton
recouvert d'ardoise. (1)
château de Forgettes 17350 Saint-Savinien, propriété privée, ne se visite
pas
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