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C'est par un acte passé sous seing privé, du 13
décembre 1879, que William Augereau, propriétaire du domaine des Égreteaux,
près de Pons, achetait de Pierre Gandaubert, médecin de la Marine à
Rochefort, et de son beau-frère, Eugène Bouyer, époux d'Eugénie Gandaubert,
les restes du château d'Usson, situés sur la commune d'Échebrune, que ces
derniers avaient acquis des héritiers Dupuy, en 1861. A cette époque, une
nouvelle histoire allait débuter. En effet, William Augereau, ingénieur aux
Chemins de Fer, maire de Jarnac-Champagne, décida de faire démonter tous les
éléments décoratifs subsistant du château des Rabaine et de les faire
transporter d'Échebrune aux Égreteaux où il les fit remonter selon une
composition nouvelle qu'il pensait être plus en accord avec les dispositions
originelles du château. A partir de 1884, les éléments de décoration du
château d'Usson migrent sur des wagonnets spécialement conçus par
l'ingénieur Augereau. Le nouveau château d'Usson devient rapidement une
sorte d'objet de collection. Pour embellir sa nouvelle demeure, William
Augereau, à l'instar du comte Octave de Rochebrune, à Terre-Neuve (Vendée),
ou plus près de nous de Paul Chénereau, à la Roche-Courbon au début du XXe
siècle, achète çà et là des éléments venant d'autres édifices, pour embellir
Usson. Il y fait en particulier remonter de remarquables boiseries Régence
provenant du château de Rosny-sur-Seine, dans la région parisienne et une
cheminée provenant du château de Pons, vendue par la municipalité au début
du XXe siècle, pour financer les travaux de restauration du donjon, ce qui
déclencha d'ailleurs, une polémique au sein du conseil municipal et des
sociétés savantes locales. Le château d'Usson, comme l'écrit Jean-Pierre
Babelon, est un château "qui a subi les ardeurs contradictoires des
destructeurs et des reconstructeurs".
Actuellement le bâtiment forme un U. L'espace central est occupé par la
galerie Renaissance remontée sur un soubassement. Elle masque un remarquable
jardin d'hiver, coupant l'habitation en deux. L'aile droite, encadrée par
une tourelle et la curieuse tour aveugle surmontée d'un lanternon, autrefois
un temps isolée du reste des bâtiments, est une composition de la fin du
XIXe siècle à partir d'éléments décoratifs en partie récupérés sur le corps
de logis anarchiquement remonté. Seule la galerie du rez-de-chaussée est une
pure invention, ainsi que les souches de cheminées. L'aile qui lui fait face
comporte le porche de l'ancien château, réutilisé, couronné par un crénelage
moderne, flanqué d'un gros pavillon couvert d'ardoise, aussi composé à
partir d'éléments disparates. Seules les trois façades s'organisant autour
de la cour centrale comportent des éléments Renaissance. Toutes les façades
externes sont une pure invention de la fin du XIXe siècle s'inspirant avec
plus ou moins de bonheur des restes anciens. L'exubérant décor sculpté d'Usson
portant les millésimes de 1536, 1540 et 1548, soulève encore les passions
quant à son interprétation. Certains y ont vu une influence directe de
l'église voisine de Lonzac, bâtie à partir de 1515. Le vocabulaire décoratif
d'Usson est plus varié. La galerie avec ses proportions anormalement
écrasées trahit une certaine naïveté d'interprétation des modèles antiques.
Son couronnement de créneaux et merlons symboliques annonce un style
particulier aux Charentes, au XVIIe siècle. Dais ouvragés abritant des
figures sculptées montrent des emprunts à l'art religieux. L'allégorie
moralisatrice tournant à l'obsession pédagogique à travers figures, devises
et inscriptions tirées de Sophocle, de Virgile, de la Bible et de saint
Jérôme, affiche l'appartenance du commanditaire au courant huguenot. Enfin,
la tour d'angle de l'aile droite, avec son lanternon et ses fausses tuiles à
rebord, disproportionnés, évoque par son décor les modèles antiques et la
famille Rabaine, grâce aux coquilles et croissants qui y sont sculptés, et
par sa conception, les donjons médiévaux. Parc agrémenté de conifères, tapis
de verdure, pelouses et façades externes symbolisant quant à eux la
reconstruction idéaliste et le confort de la fin du XIXe siècle, ainsi que
l'amateur d'art et le collectionneur éclairé. Le château est en définitive
un édifice plein de particularismes représentatifs qui, juxtaposés
deviennent un particularisme tout court et font de cette demeure un édifice
contradictoire tout aussi attachant que mystérieux, unique en Saintonge. (1)
château des Egreteaux, route de Fléac,
17800 Pons, tél 05 46 91 09 19, le château des Énigmes est ouvert au public
tous les jours du 3 avril au 4 novembre, horaires d'ouverture : non stop de
10h à 19h (20h l'été)
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