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Dominant un petit vallon, le château de Neuvicg
est devenu l'une des plus belles mairies rurales de France. Il aurait
appartenu, dès le XIVe siècle, à la famille La Rochandry qui le possédait de
manière certaine en 1426. En 1452, Jean de La Rochandry, seigneur de Neuvicg,
et Méry Martineau, seigneur du Breuil-Bâtard, passaient une transaction
concernant le partage de leurs terres. Le fils de Jean de La Rochandry,
aussi seigneur de Clam et de Vervant, Robert, épousa, en 1478, Andrée de
Bourdeille qui lui donna deux fils: Louis, seigneur de Clion, de Courpignac
et autres lieux, et Antoine de La Rochandry, pronotaire du Saint-Siège,
chanoine de Saintes, seigneur de Neuvicg. Par une convention, lors du
contrat de mariage de Jeanne de La Rochandry, fille de Louis et de Jean de
Galard, seigneur de Brassac, il fut convenu que, pour payer les 12 000
livres de sa dot, Antoine de La Rochandry, son oncle, délaisserait la terre
et seigneurie de Neuvicg à Louis de Montberon, oncle maternel de la dite
Jeanne. Celui-ci la revendit peu de temps après, pour 10 000 livres, à
Pérette Carré, dame de Lannerée, riche habitante de La Rochelle. Mais elle
n'en resta pas propriétaire longtemps puisque, dès 1554, le frère de Jeanne
de La Rochandry, François, chevalier, seigneur de Clion, de Courpignac, de
Saint-Antoine-du-Bois et de Chassac, fit valoir son droit de retrait
lignager. Il mourut jeune et sans s'être marié, en 1559, peu après avoir
fait son testament en faveur de ses sœurs Jacquette et Marie de La Rochandry.
Jacquette épousa Jean de La Rochebeaucourt et eut le château de Courpignac.
Marie épousa Jean Acarie, seigneur de Crazannes et eut le château de Neuvicq,
qui fut saisi et adjugé par décret, en 1593, moyennant 20 000 livres, à
Arnauld d'Espiemont, seigneur du Colombier, gouverneur pour le Roi de la
ville et château d'Angoulême. De son mariage avec Lucrèce Vigier, il eut une
fille qui épousa à Angoulême, en 1611, Jean-Jacques de Goth, baron d'Authon,
seigneur de Sonneville, d'Herpes et autres lieux, capitaine d'une compagnie
de gens de pied au régiment de Clermont.
N'ayant pas eu d'enfant et voulant laisser Neuvicq à son petit-neveu,
Louis-Henri de Pardaillan de Gondrin, marquis de Montespan, Louis d'Espiemont
présenta, en 1673, une requête devant le parlement de Bordeaux afin qu'il
soit reconnu héritier, conformément au testament de son mari. Après la mort
de Louise d'Espiemont, le marquis de Montespan dut malgré tout racheter les
parts de ses nombreux co-héritiers, parmi lesquels François de Massacré,
seigneur de l'Abrégement, Henri de Beaumont, seigneur du Gibeau, Louis
Guinot, seigneur de Dercie, et bien d'autres encore, en 1679. Seule
Catherine de Beaumont et son époux, Jean de La Chétardie, lui firent
quelques difficultés et ne consentirent à se défaire de leur part qu'après
une sentence arbitrale, en 1684. Le nouveau châtelain de Neuvicq avait
épousé, en 1663, la célèbre Françoise-Arthénaisse de Rochechouart, plus
connue sous le nom de marquise de Montespan, maîtresse de Louis XIV qui
défraya la chronique scandaleuse de la Cour. Le marquis de Montespan mourut
en 1701, et le château de Neuvicq échut à son fils, Louis-Antoine de
Pardaillan de Gondrin, duc d'Antin, qui s'en désintéressa. Dès 1705, il
vendit les seigneuries de Neuvicq et Sonneville (Charente) à Bertrand de La
Laurencie, chevalier, seigneur de Charras, lieutenant de Messieurs les
Maréchaux de France en la province d'Angoumois, moyennant 86 100 livres. A
son retour de Paris, où il avait signé le contrat d'acquisition, Bertrand de
La Laurencie s'adressa à un notaire d'Angoulême pour faire constater l'état
du château. Le document qu'il dressa apprend que le duc d'Antin avait fait,
en 1702, démolir entièrement le château de Sonneville, en ruine depuis
longtemps. À Neuvicq, il avait fait démolir le pont-levis permettant l'accès
à la basse-cour et combler les fossés l'entourant. Le second pont-levis,
permettant de passer de la basse-cour à la cour du château avait, lui aussi,
été détruit. L'ensemble des bâtiments était en mauvais état. La famille
La Laurencie le conserva jusqu'à la Révolution, bien que, dès 1780, "la
terre et châtellenie de Nevicq en Saintonge, consistant en trois paroisses
et deux seigneuries ayant toutes haute, moyenne et basse justice, beau
château meublé, écuries, granges, greniers de récoltes, belles caves, chays
garnis de tous les vaisseaux vinaires, brûlerie avec trois chaudières,
jardins, fuie, etc." fût annoncée à la vente dans les Affiches de Bordeaux,
ce n'est qu'en 1792, que le château sera acheté, à Paris, par le banquier
Jean Martel. En 1858, il fut vendu par la famille Martel à Michel Calluaud,
propriétaire, qui en fit don douze ans plus tard à sa fille, Marie, épouse
de Samuel-Auguste Martineau. N'ayant pas eu d'enfant, elle le légua, en
1893, à son neveu, Étienne Clais, notaire à Saint-Jean-d'Angély. Depuis, le
château est devenu propriété de la commune de Neuvicq qui y a aménagé la
mairie. Actuellement le château de Neuvicq se compose d'un haut corps de
bâtiment comprenant trois niveaux, flanqué sur sa façade postérieure de deux
tours cylindriques aux diamètres inégaux, dominant un petit vallon. La
façade ouest vient s'appuyer contre une tour polygonale renfermant un
escalier à vis. Au sud, deux pavillons inégaux, dotés de lucarnes à volutes,
ont été ajoutés au début du XVIIe siècle. Le corps de logis est percé
d'élégantes fenêtres à meneaux et moulures prismatiques, passant en lucarnes
au dernier niveau. La porte de la tour d'escalier présente une belle
accolade accompagnée de pinacles. Son tympan porte encore les restes de
sculptures qui ont été martelées. Il faut particulièrement remarquer le
détail de la lucarne de la tour nord, dont les remparts sont décorés de
crochets et encadrés par une statue de saint Roch en pèlerin accompagné par
son chien et une autre montrant un homme et une femme s'enlaçant. Cette
demeure occupait autrefois le côté rectiligne d'une enceinte grossièrement
semi-circulaire, flanquée d'une grosse tour, et à laquelle on accédait par
un pont-levis la reliant à la basse-cour. Au centre de celle-ci, on remarque
une fuie cylindrique qui a malheureusement perdu sa toiture de tuiles plates
et le petit lanternon d'ardoise qui l'accompagnait à son sommet. (1)
Éléments protégés MH : le château de Neuvicq en totalité : classement par arrêté du 14
septembre 1912.
château de Neuvicq 17490 Neuvicq-le-Château, hôtel de ville aujourd'hui.
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