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Siège d'une ancienne seigneurie, le château de Pisany
fut la propriété, au Moyen Age, de la puissante famille Rabaine. Ce n'est
qu'à la fin du XVIe siècle que le village de Pisany, construit autour du
château fort et d'une chapelle, dépendant de Corme-Royal, fut érigé en
paroisse. Vers 1270, on trouve mention d'un certain Hélie de Rabaine,
seigreur de Pisany et de La Faye, marié à Houppais de Lande, puis de son
fils, Geoffroy, mort en 1353, laissant trois enfants dont Geoffroy, second
du nom, capitaine général de Périgord et de Quercy, qui rendit hommage au
prince Noir, en la cathédrale de Saintes, pour son château de Pisany, en
1363. La dernière représentante de la branche aînée des Rabaine mourut sans
enfant, bien qu'ayant été mariée trois fois. Avant de mourir, elle vendit en
1499, sa terre de Pisany à François de Pons, chevalier, sire de Pons, époux
de Marguerite de Coëtivy, qui ne la garda que quatre ans, puis la revendit à
Arnaud de Tourette, président au parlement de Bordeaux. Son fils, Guy, mort
sans enfant en 1521, laissa le château de Pisany à son neveu, Arthus de
Vivonne. Avec son fils, Jean, chevalier de l'ordre du Roi, conseiller de Sa
Majesté, capitaine de 50 hommes d'armes et de ses ordonnances, enfin
ambassadeur en Espagne puis à Rome, Pisany va vivre ses heures de gloire. En
1573, le Roi lui accorda l'érection de sa seigneurie de Pisany, en baronnie,
puis, en 1586, en marquisat avec incorporation de la terre de Saint-Gouard
(Deux-Sèvres). A la fin du XVIe siècle, il obtint l'autorisation de faire
fortifier le bourg de Pisany et son château. En 1599, il constituait une
rente de 50 écus d'or pour l'entretien du curé de la paroisse de Pisany dont
il venait d'obtenir l'érection du pape, grâce à son brillant mariage à Rome,
sous l'invocation de saint Jean-Baptiste.
De son mariage avec Julia Savella, nièce de Léon X, il ne laissa qu'une
fille, Catherine de Vivonne, qui épousa Charles d'Angennes, vidame du Mans,
sénéchal de la province du Maine, capitaine de Cent gentilshommes de la
maison du Roi, puis marquis de Rambouillet, auquel elle apporta la terre de
Pisany. Elle passait pour "une dame distinguée tant par son esprit que par
ses vertus". Ils laissèrent quatre filles, dont trois religieuses et une
quatrième, Julie d'Angennes, marquise de Rambouillet, qui épouse Charles de
Sainte-Maure, plus tard chevalier des ordres du Roi, pair de France, duc de
Montauzier, en Petit-Angoumois. Il mourut en 1680, "à 80 ans regretté des
honnêtes gens dont il était le modèle, et ses gens de lettres dont il était
le protecteur". De ce mariage était née une fille unique, Julie-Marie,
mariée en 1664 à Emmanuel de Crussol, duc d'Uzès, auquel elle apporta, entre
autres terres, le duché de Montauzier, le marquisat de Pisany et le comté de
Talmont sur Gironde. Suite à des partages, Pisany revint à Charles-Hippolyte
de Crussol d'Uzès, chevalier, capitaine du régiment de Bourbon-Infanterie
qui, dès sa majorité atteinte, en 1737, vendit le marquisat pour 51 000
livres à César-Auguste Béssier, conseiller du Roi, auditeur honoraire en sa
chambre des comptes de Paris, y demeurant rue Montmartre. Une dizaine
d'année plus tard, en 1748, le château fut acquis par Jean-Charles, marquis
de Sennecterre, lieutenant général des armées du Roi, chevalier de ses
ordres, baron de Didonne, plus tard maréchal de France, pour 60 000 livres.
Après sa mort survenue en 1771, il passa aux mains de son fils unique,
Henri-Charles, comte de Sennecterre. Dans la nuit du 17 au 18 février 1784,
une violente tempête causa quelques dommages au château, en particulier à la
toiture d'ardoise du pavillon d'entrée et aux greniers à blé.
Le comte mourut en 1785, laissant tous ses biens et aussi toutes ses dettes
à sa fille, Marie-Charlotte, veuve de Louis de Conflans, marquis
d'Armentières, maréchal de France, qui périt sur l'échafaud révolutionnaire
pendant la Terreur. Ses biens ayant été confisqués, le château de Pisany fut
vendu comme bien national en l'an IV, pour 14 106 livres, aux citoyens
Hector Savary et Pierre Dulac. Le tout était alors presque en ruine par
manque d'entretien. En 1814, il fut à nouveau vendu à trois
co-propriétaires, et divisé en trois lots. Le premier contenait "le corps de
l'ancien château et tous les bâtiments qui le composent, la petite cour, les
ponts, les douves, le puits et les timbres. Il sera exclu de ce lot la
chambre de derrière dont les matériaux appartiendront seulement au troisième
lot: moellons, pièces de bois, soliveaux, tuiles et briques. Les trous
seront bouchés et crépis. On ne démolira les murs du côté des douves que
jusqu'à la hauteur de celui-ci déjà existant". Cet acte sonnait le glas
d'une bonne partie de l'ancien bâtiment connu, par ailleurs, par un
excellent plan relevé par l'ingénieur géographe Claude Masse. De l'ancien
château féodal, il ne reste que la motte concentrique sur laquelle s'élève
un corps de logis ruiné, épaulé par des contreforts assez réguliers qui
pourraient avoir porté des mâchicoulis sur arcs, percé de hautes fenêtres à
meneaux et à deux niveaux de croisillons dont les moulures prismatiques
évoquent la fin du XVe siècle. Il est flanqué d'un corps de bâtiment
vraisemblablement abaissé et qui formait autrefois un puissant pavillon
d'entrée à pont-levis, défendu par une série de canonnières, sans doute
élevé à l'extrême fin du XVIe siècle. Le tout était précédé par une vaste
basse-cour dont il reste quelques fragments de murs d'enceinte encore bien
appareillés. Le plan de Claude Masse montre qu'elle était entourée de fossés
et qu'elle avait été dotée d'ouvrages de défenses de la fin du XVIe siècle
ou du début du siècle suivant. Malgré toutes les mutilations qu'il a subi,
précédées par d'intenses campagnes de remaniements, le château de Pisany
reste un précieux témoin de l'architecture militaire féodale de Saintonge
qui mériterait d'être sorti de l'oubli dans lequel il est tombé. (1)
château de Pisany, 5 Place Du Château, 17600 Pisany, tel. 07 57 63 31 66,
propose des chambres d'hôtes et est ouvert au public les mercredis et
dimanches de 14h et 16h.
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