|
Le château de Plassac qui fut la propriété d'illustres
familles, est l'un des plus importants de La Saintonge. La majestueuse
demeure du XVIIIe siècle qui se dresse au bout d'une longue allée, a succédé
à deux bâtiments précédents. Un premier château fort de plaine avait été
construit à la place de la basse-cour, à une date indéterminée. Au début du
XIVe siècle, la terre était aux mains de Pons de Mortagne, vicomte d'Aulnay,
époux de Jeanne de Rochechouart. Leur fils, Geoffroy de Mortagne, vicomte
d'Aulnay, se maria avec Jeanne d'Amboise. Celle-ci devenue veuve épousa en
secondes noces Guillaume de Flotte, seigneur de Revel, chancelier de France,
lequel dut plaider en 1340 contre Pons de Mortagne, chevalier, qui
revendiquait la possession du "châtel de Plassac". Quelques années plus
tard, la terre passa aux mains de Marguerite de Mortagne (fille de
Geoffroy), vicomtesse d'Aulnay, épouse en premières noces de Jean de
Clermont, maréchal de France, lieutenant du Roi en Poitou, puis en secondes
noces de Jean de La Personne, seigneur de Saujon et de Plassac, en 1364. A
cette époque, Jean de France, duc de Berry, confirma Jean de La Personne
dans la libre possession du châtel de Plassac. Confisqué par la suite, le
château fut réuni à la Couronne, puis donné par Charles V à Renaud VI, sire
de Pons, en récompense de ses brillants faits d'armes. Il semble ensuite
être passé aux mains de sa fille, Marie de Pons, épouse de Jean Gaudin,
seigneur de Martigné-Ferchaud et Lavardin, bien qu'en 1479, Guy de Pons,
vicomte de Turenne, se qualifiait de seigneur de Plassac. En 1472, Marie de
Pons testa en faveur de sa fille, Anne Gaudin, précisant que si celle-ci
mourait sans postérité, la terre de Plassac devait faire retour aux aînés
mâles de la maison de Pons.
En 1497, Anne Gaudin était qualifiée de dame de la châtellenie de Plassac.
Elle mourut peu après sans enfant, et la terre revint, conformément aux
volontés de sa mère, à la famille de Pons. Le dernier représentant de la
famille de Pons, branche des seigneurs de Plassac, Jean, chevalier de
l'ordre du Roi, laissa plusieurs filles, Anne, mariée en premières noces à
Abel de Pierre Buffière, Jeanne, épouse de Jean de Chasteauneuf de Lostanges
et Marie, épouse d'Henri de Bonneval. Par contrat de partage, passé le 25
novembre 1602, entre les deux dernières, le château revint à Jeanne de Pons.
Deux ans plus tard, par contrat le 30 septembre 1604, elle le vendit à
Jean-Louis de Nogaret de La Valette, duc d'Épernon. Le duc d ‘Épernon
(1554-1642), puissant personnage à la vie riche et tourmentée, gouverneur de
Guyenne, ne s'entendait pas avec Henri d'Escoubleau de Sourdis, archevêque
de Bordeaux, intime du cardinal de Richelieu. N'ayant pas apprécié une
procession que l'archevêque conduisait contre lui, dans les rues de
Bordeaux, le 3 novembre 1 633, d'Épernon, malgré son âge, l'interpella, le
rudoya et fit "voler son chapeau d'un coup de canne". En représailles,
l'archevêque l'excommunia, et le 28 novembre le duc dut s'exiler pour
Plassac, quittant ainsi le somptueux château qu'il avait fait bâtir à
Cadillac, sur les rives de la Garonne, sur les plans de l'architecte Pierre
Souffron, de 1598 à 1620. Bien qu'absout, il perdit le gouvernement de
Guyenne. En 1637, son fils cadet fut rendu responsable de la défaite de
Fontarabie et, en 1639, son fils aîné, le duc de Candale, fut tué au siège
de Casal.
Le duc d'Épernon occupa son exil en faisant entreprendre d'importants
travaux d'agrandissement au château de Plassac. Il y testa le 24 juin 1641,
juste avant d'être envoyé à Loches où il mourut quelques mois plus tard, le
13 janvier 1642, à l'âge de 88 ans. Peu avant sa disgrâce, en août 1633; le
duc d'Épernon avait obtenu l'érection de sa baronnie de Plassac en comté. La
terre passa ensuite aux mains de son fils Bernard de La Valette, duc
d'Épernon, qui la vendit en 1657, moyennant 320000 livres, à Jean-François
Le Bigot, chevalier, marquis de Saint-Quentin en Agenais, maréchal des camps
et armées du Roi. Sa fille, Paule-Diane Le Bigot de Saint-Quentin, comtesse
de Plassac, apporta le château à ses trois maris successifs, Hugues de
Fontanges, comte de Maumont, capitaine du régiment des gardes, Claude de
Luc, seigneur de Montélégcier, en Dauphiné, colonel du régiment d'Angoumois-Infanterie,
et enfin Jean-Henry de Bordes, chevalier, seigneur de Coupet. Elle eut des
enfants de ses deux premiers lits, dont Jeanne-Françoise de Fontanges de
Maumont, épouse de Charles de Malvin, marquis de Montazei, fille aînée,
issue de son premier mariage, et Jacques, comte de Luc, seigneur de Romaneau,
issu de son second mariage, lequel fit valoir ses droits de seul héritier
mâle sur le comté de Plassac et la seigneurie de Lorignac. Ce n'est qu'en
1752, qu'un accord intervint. Le comte de Luc laissa alors Plassac à la
famille de Malvin de Montazet, recueillant en contrepartie la terre de
Lorignac. A la suite de ces longues contestations, le château avait été
abandonné et vidé de ses meubles.
C'est une demeure en fort mauvais état où il fallait prévoir des travaux
considérables que découvrit, en 1755, la belle-fille de Jeanne-Françoise de
Fontanges, Marie-Anne de Malvin, veuve de Charles-François de Malvin,
marquis de Montazet. Il ne restait sur place que deux vieux et très mauvais
lits de domestique, deux tableaux représentant le duc d'Épernon, un autre
représentant le duc de Candale, enfin un dernier représentant saint Jean
l'Évangéliste, plus quelques menus objets et les ornements de la chapelle.
C'est à son fils, Charles de Malvin, marquis de Montazet, baron de Quinsac
(1739-1825) que l'on doit la reconstruction de l'actuel château de Plassac.
Peu avant son mariage, le 16 octobre 1769, il passait une convention avec
Pierre Coutant, piqueur d'ardoise, pour la démolition des couvertures des
trois corps de bâtiments de l'ancien château, et la construction du nouveau
corps de logis "que ledit seigneur va faire construire du côté de la façade
du parc". En 1772, le gros œuvre du bâtiment était achevé. En 1777-1778, on
projetait de faire les cloisons, les plâtres et lambris des appartements du
premier étage et des combles. Charles Malvin, qui surveillait
scrupuleusement les travaux, quittant la France avec le régiment d'Enghien,
de 1778 à 1783, le chantier s'interrompit. Dès son retour, il commanda la
rampe du grand escalier à un artisan de Bordeaux et fit entreprendre la
construction de l'aile gauche des dépendances, prévue dès 1772. En 1788, il
faisait peindre les pièces du rez-de-chaussée, encore vides. Ce n'est qu'en
1790-1791, qu'il fit acheter et livrer le mobilier. Il émigra, et le château
fut confisqué, et vendu pour 4100000 livres, le 8 ventôse an V, au citoyen
Alexandre Lefrançois. Cette vente fut cassée peu après et la "magnifique
maison neuve formant le corps de logis du ci-devant château de Plassac" et
d'autres bâtiments furent à nouveau adjugés le 2 floréal an VI à la
citoyenne Émerance-Rose-Adélaïde de Launoy, seconde épouse de Charles de
Malvin de Montazet.
La Révolution ayant privé Charles de Malvin d'une bonne partie de ses
revenus, il annonçait dès 1811, son intention de vendre son château "fini
dans les premières années de la Révolution. Ce n'est que huit ans plus tard
qu'il trouva un acquéreur, en la personne d'Élie-Louis-Aymar, marquis de
Dampierre, pair de France, arrière-petit-fils de sa tante, Catherine de
Malvin de Montazet, ancêtre des propriétaires actuels. En 1832, le marquis
de Dampierre, ardent légitimiste, y cacha la duchesse de Berry. Vers 1859,
la famille de Dampierre fit démolir les restes de l'ancienne basse-cour
médiévale, niveler l'esplanade et bâtir une aile de dépendances parallèle à
celle des écuries. Grâce à un plan de Claude Masse, levé en 1717, nous
savons que le château médiéval était une curieuse construction irrégulière
aux murs flanqués de contreforts sur lesquels des dépendances étaient venues
s'adosser. Cette enceinte dans laquelle on pénétrait par une tour-porte qui
existe toujours (la tour du pèlerin) formait la basse-cour d'un vaste
château traditionnellement attribué à Jacques de Pons, fondateur de Brouage,
qui l'aurait fait bâtir en 1555. C'était un vaste U, flangué de deux tours
cylindriques et deux pavillons, fermé par un haut mur, qu'un dessin de
Claude Chastillon nous montre avant les transformations du duc d'Épernon.
Après 1633, celui-ci fit creuser des fossés tout autour, allonger les ailes
latérales, flanquer les angles de pavillons bastionnés de quatre niveaux: le
pavillon de la chapelle, le pavillon de la prison, le pavillon de l'autel
blanc et le pavillon doré. Trois ponts-levis franchissaient les fossés, sur
trois côtés.
C'est cet important édifice que fit démolir, à partir de 1769, Charles de
Malvin de Montazet, laissant seulement subsister ses bases et ses fossés. À
l'emplacement de l'aile latérale droite, il fit élever un long bâtiment
composé d'un haut pavillon central à combles brisés, prolongé par deux ailes
terminées, côté cour, par deux avant-corps latéraux coiffés de frontons
triangulaires, et côté jardin, par deux pavillons reprenant la forme des
pavillons bastionnés dûs au duc d'Épernon. Côté cour, la demeure est
précédée par une vaste basse-cour, encadrée par deux ailes de dépendances
flanquées de deux pavillons, le tout couvert d'ardoises. Le bâtiment de
gauche, datant de 1784, présente une belle effigie équestre surmontant un
abreuvoir, qui ne semble pas antérieure aux transformations de 1859, date à
laquelle on fit bâtir l'aile parallèle. Une effigie équestre semblable se
voit au-dessus de la porte des écuries du château de Commarin, en Côte-d'Or,
et au château de Nexon, en Haute-Vienne. Dans la cour des dépendances, il
subsiste l'ancienne tour-porte de la basse-cour, aussi couverte d'ardoise,
ne remontant pas au-delà du XVIesiècle, malgré ses décors de style gothique.
Ils proviennent de la démolition du château de Mosnac, vers 1840, et ont été
remontés là pour le marquis de Dampierre. Un immense parc entouré par
plusieurs kilomètres de murs flanqués de tours rondes agrémente le château
au nord-est. Il longeait l'ancienne route de Paris à Bordeaux via Saintes
déviée depuis le milieu du XVIIIe siècle, à l'ouest du château. Une longue
tradition, bien enracinée, en attribue les plans à Victor Louis,
l'architecte du Grand Théâtre de Bordeaux, malgré un style tardif et des
incompatibilités de chronologie. Il est plus vraisemblable qu'il fut bâti
par un jeune architecte originaire de Bourgogne, établi à Lorignac,
Christophe Macaire, sur les directives précises du marquis de Montazet dont
on sait par ailleurs qu'il avait établi lui-même les plans de la terrasse
donnant sur le parc, ce qui n'enlève rien à la qualité de l'ensemble, bien
au contraire, qui surprend toujours par la majesté de ses proportions, assez
inhabituelles en Saintonge. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures, les fossés avec escarpe,
contrescarpe et balustrade, et la cour du logis, les pièces intérieures du
logis appelées vestibule, le grand escalier et sa cage, la salle italienne,
la chapelle et le salon bleu au-dessus du vestibule,les façades et les
toitures des dépendances (communs, ancien châtelet d'entrée, ancienne grange
et bâtiments de ferme), l'allée d'accès, la cour avec ses balustrades, ses
portails et ses grilles, le potager avec son mur d'enceinte et le parc avec
ses allées, ses plantations et son vivier, le mur d'enceinte englobant le
parc et les terres cultivées avec ses portes et ses tours d'angle:
inscription par arrêté du 6 novembre 2003. Le château en totalité, ainsi que
ses dépendances (communs, ancien châtelet d'entrée, ancienne grange,
bâtiments de ferme, balustrade, murs, portes et grilles) , le mur de clôture
entourant le parc avec ses portes, grilles et tours d'angle, ainsi que les
éléments lapidaires ou fabriques du parc : classement par arrêté du 9 juin
2008. La cour des communs et les parcelles de terres cultivées du parc se
trouvant à l'intérieur du mur de clôture : inscription par arrêté du 9 juin
2008.
château de Plassac 17240 Plassac, tel. 05 46 49 81 85, domaine viticole,
visites du lundi au vendredi de 8h à 12h et de 14h à 18h, possibilité
d'ouverture le samedi sur rendez-vous.
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous. Nous remercions chaleureusement
Monsieur Jack Ma pour les photos qu'il nous a adressées pour illustrer cette
page.
A voir sur cette page "châteaux
en Charente-Maritime" tous les châteaux recensés à ce
jour dans ce département. |
|