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La châtellenie de Villeneuve-la-Comitesse, dont la juridiction s'étendait
aux communes de Villeneuve-la-Comtesse, La Croix-Comtesse, Villenouvelle,
Dœuil et Belleville, était située au château actuel de Villeneuve. Ce
château, situé dans une plaine fort étendue, fut souvent pris et repris
pendant les longues guerres féodales et anglaises; il succomba en 1430 sous
les assauts du connétable d'Albret qui le démolit presque entièrement, à
l'exception d'une grande tour. Les matériaux servirent, quelques années
après, à rebâtir un modeste castel qui dura jusqu'en 1566. C'est une partie
du château construit à cette époque qui existe encore. Villeneuve subit bien
des assauts de la part des protestants, de 1568 à 1621. Sa défense en fut
très remarquable puisqu'elle motiva une lettre d'Henry III, roi de France, à
Henry de La Laurencie, seigneur de Villeneuve, lui promettant un
renforcement de la garnison. Cette promesse du Roi fut promptement réalisée.
À partir de ce moment, les efforts des protestants pour s'emparer de ce
château demeurèrent vains. "Il soutint ainsi plusieurs assauts, mais les
habitants de Villeneuve et Villenouvelle qui formaient la garnison du
château, préférèrent se laisser ensevelir sous ses ruines, plutôt que de se
rendre. Cet intrépide dévouement à la cause du Roi déconcerta l'ennemi, qui
leva le siège. Louis XIII après avoir soumis Saint-Jean-d'Angély, était venu
coucher deux nuits au château de Villeneuve. Il adressa aux habitants les
plus flatteuses félicitations pour leur bravoure et leur fidélité".
Les premiers seigneurs de Villeneuve-la-Comtesse paraissent avoir été les
Guillaume, ducs d'Aquitaine, comtes du Poitou, qui possédèrent Villeneuve
pendant deux siècles. A cette époque, cette localité s'appelait "Villeneuve
d'Argenson". Après la mort de la dernière héritière des Guillaume, Eléonore
d'Aquitaine, comtesse du Poitou, Villeneuve prit le nom de
Villeneuve-la-Comtesse, nom que ce bourg porte encore de nos jours.
Villeneuve passa ensuite aux descendants d'Éléonore d'Aquitaine, à savoir:
Henri II d'Angleterre, Richard Cœur de Lion et Jean Sans Terre. Le mariage
de la fille de ce dernier avec un fils du comte de La Marche et d'Angoulême,
transmit à cette famille la propriété de la comtesse de Villeneuve. L'un de
ses descendants mourut en 1244, ne laissant que des filles. Par suite du
mariage d'une de ces filles avec un descendant des comtes d'Eu, la
châtellenie de Villeneuve appartint ensuite à cette famille, ainsi qu'il en
résulte d'un contrat passé entre Jehanne de Mello et son fils Raoul, comte
d'Eu et de Guines, connétable de France. Ce connétable ayant été décapité le
19 novembre 1350, ses biens furent confisqués au profit de la Couronne.
Villeneuve fut alors attribué à Marguerite de Valois, fille de Charles VI,
qui épousa, en 1427, Harpedanne. Après la mort de tous leurs descendants, la
châtellenie de Villeneuve revint à la Couronne. Ce fut d'ailleurs de courte
durée. François 1er la donna en paiement au sieur Chrestien Chambray,
capitaine des archers de la garde du corps,
pour 3 000 royaux d'or, dont il lui était redevable.
Quelques années plus tard, vers 1552, elle fut vendue à Jean de La chambre,
qui la céda à son tour, en 1560, à son gendre François de La Laurencie. Ce
dernier avait pour blason d'azur à un aigle d'argent à deux têtes en vol
abaissé. En l'an IV, Charles-Gilbert de La Laurencie ayant émigré, le
château fut vendu comme bien national pour 47 008 livres à André Marchand,
négociant de Coivert qui agissait pour le compte de la famille La Laurencie.
Le procès-verbal rédigé peu avant par les experts chargés de l'estimation
des biens nationaux, précisait: "nous sommes convaincus que la maison ou
ancien château tombe en ruine de toutes parts, qu'il est en majeure partie
démoli et ne présente pour le logement solide dans le moment qu'une cuisine
et un petit appartement carlé à côté, le surplus ne présentant que des
mauvais matériaux et une démolition commencée dans l'intention de rebâtir
une maison... qu'au bas d'icelle est une vaste basse-cour autour de laquelle
sort des servitudes composées de troix chaix, une grange, une écurie, un
four et un fournil, toit à volaille, à cochons, une vieille fuye qui tombe
en ruine et un engard, le tout contenant environ deux journaux… au milieu
d'une préclôture avec jardin et jardin fruitier". La famille La Laurencie
conserva le domaine jusqu'en 1843.
Le château est placé sur une plate-forme rectangulaire, entouré de fossés de
15 mètres de largeur. Jadis très profonds, ils sont maintenant en partie
comblés. L'enceinte du château qui semble remonter au XIVe siècle a une
forme rectangulaire. Deux tours de quatre mètres de diamètre et de douze
mètres de hauteur sont placées aux angles sud-est et sud-ouest et les
courtines est, ouest et sud qui les rejoignent ont dix mètres de hauteur. Le
donjon qui servait de porte d'entrée est construit en saillie au milieu de
la façade nord: c'est une grosse masse carrée de dix mètres de côté,
construite en moyen appareil, flanquée à chaque angle nord d'une petite tour
cylindrique et pleine qui vient renforcer sa maçonnerie au-dessus d'un fruit
très accusé situé dans le fossé. La hauteur totale de cette tour est
actuellement de 18 m, mais d'une part son pied est bien enterré de quatre à
cinq mètres et, en 1843, elle a été découronnée de ses créneaux et
mâchicoulis, ce qui peut faire environ quatre mètres ainsi que l'atteste une
vieille gravure. La tour avait donc une hauteur d'environ 27 mètres. Un
pont-levis et une poterne donnent dans une petite salle carrée limitée en
arrière par l'emplacement de la herse de fer dont les rainures où elle
s'abaissait subsistent dans l'épaisseur du mur. Au premier étage, il y a une
pièce avec, dans un angle, un petit four à pain, auprès de ce four, des
latrines. Cette pièce possède des murs de deux mètres d'épaisseur. Au milieu
de celle-ci, un assommoir permettait d'atteindre les assiégeants qui
auraient franchi le pont-levis. Au niveau de cet étage, l'escalier
communiquait par un pont-levis encastré dans le mur et placé dans une petite
tour carrée en saillie avec le chemin de ronde actuellement détruit placé
au-dessus du mur nord où l'on voit des traces de mâchicoulis. La pièce du
deuxième étage était voûtée sur croisées d'ogives. Deux nervures reposent
sur des têtes grimaçantes aux oreilles pointues. On ne voit plus que les
amorces de ces nervures.
En effet, vers 1845, la plate-forme qui les surmontait avec les créneaux,
les mâchicoulis et un petit édicule surajouté qui était, paraît-il, une
chapelle, furent démolis. Cette démolition ne fut pas poursuivie étant donné
la résistance des matériaux et de la maçonnerie. Le mur situé à droite du
donjon, qui a 2,20 mètres d'épaisseur, porte des traces de fortifications:
des restes de corbeaux rasés au nu du mur qui portaient jadis créneaux et
mâchicoulis et en arrière un chemin de ronde communiquant par un pont-levis
avec le donjon, comme nous l'avons vu. En arrière de ce mur était le logis
dont une gravure de Chatillon nous donne l'aspect au commencement du XVIIe
siècle. Le rempart de gauche dont on voit les arrachements de 2,20 mètres
d'épaisseur au côté est du donjon n'existe plus. Un mur a été construit en
retrait au XVIIIe ou XIXe siècle. Dans la tour sud-est, on a découvert, en
1936, un cul de basse-fosse voûté en forme de coupole, muni à sa partie
supérieure d'un trou circulaire de 0,50 de diamètre. Il a 2,50 mètres de
profondeur, est éclairé par une petite ouverture percée dans le mur à la
hauteur de la naissance de la voûte. Dans la tour sud-ouest on a découvert,
en 1913, une petite pièce circulaire avec une meurtrière ouvrant sur la
courtine sud; cette tour est fort bien appareillée et donne l'impression
d'une reconstruction du XVe siècle. Ces deux tours ainsi que les murs
d'enceinte étaient jadis plus élevés. (1)
Éléments protégés MH : le château, à l'exception du bâtiment récent :
inscription par arrêté du 14 septembre 1949.
château de Villeneuve la Comtesse 17330 Villeneuve-la-Comtesse, nous
remercions chaleureusement M. Pierre Soulard pour les photos ainsi que
l'historique qu'il nous a adressés, ouvert au public, visite suivre le lien
:
visite-chateau.pdf
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