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La paroisse de Ligneyrac, qui domine l'étroit vallon de
la rivière de la Tourmente, marque la frontière entre le Quercy et le
Limousin. Elle se situe dans le canton de Meyssac, à l'extrême-sud du
département de la Corrèze, aux portes du Lot. Le nom de cette paroisse est
d'origine latine, du nom d'homme latin "Linearus" qui signifie ouvrier qui
travaille le lin. A l'époque carolingienne "Lineriaco" fait partie de la "vicairia
Torinensis" qui formera, au Xe siècle, la vicomté de Turenne. Le nom de
Ligneyrac est mentionné dans le cartulaire de Tulle à deux reprises, en 930,
lorsque le vicomte Adémar des Echelles fait don, dans son testament, au
monastère de Tulle d'une vigne sise à Lineriaco et vers 1116, lorsque
Etiennette de Turenne, épouse de Hugues de Belcastel et sœur de l'abbé d'Elbes,
fait don, à l'occasion de son anniversaire, de deux mas de la paroisse. La
paroisse de Ligneyrac est également mentionnée dans le cartulaire de Vigeois
vers 1148-1155 (où pour la première fois on parle de la paroisse de Linairac)
et dans celui d'Obazine, vers 1176-1177. En outre, le pouillé de la province
de Bourges de Font-Réault, la mentionne vers 1315. Cette paroisse a été le
berceau de la famille Robert de Ligneyrac. En effet, en 1265 le vicomte
Raymond de Turenne échange le château et la seigneurie de Ligneyrac contre
des terres à Montignac, près de Turenne, à Guillaume et Hugues Robert. Par
ailleurs, on sait que cette famille avait, avant le XIVe siècle, acquit de
nombreux biens à Noailles, à Malemort et à Brive ainsi que les châteaux de
Pleaux, dans le Cantal. La famille s'éteignit au XIXe siècle avec Joseph
Louis Robert de Ligneyrac. Les armoiries de la famille Robert de Ligneyrac,
d'argent à trois pals de gueules sont présentes sur la commune de Ligneyrac,
mais également sur la commune de Collonges-la-Rouge. D'autres familles de
seigneurs étaient présentes sur la paroisse puisque les vicomtes de Turenne
se sont attachés à y placer les chevaliers de leur entourage. On peut citer
les seigneurs de Marcilhac la Croze, les Foucauld de Lanteuil, les Noailles,
les Giscard de Cavagnac et les Galvanh de Collonges.
Le château de Ligneyrac tient son nom de la famille Robert de Ligneyrac dont
on retrouve les armoiries: d'argent à trois pals de gueules, sur un écu de
la porte de l'ancienne tour de garde et sur de nombreuses maisons de la
commune. Dans son dictionnaire des paroisses du diocèse de Tulle, J.B
Poulbrière indique que la famille Robert de Ligneyrac aurait obtenu ce
château des vicomtes de Turenne en 1265, en échange de ce qu'ils possédaient
à Montignac. Cette famille, qui est attestée dès le XIe siècle, s'éteint au
cours du premierer quart du XIXe siècle. A l'origine, le château était
constitué d'un donjon et d'une dépendance entourés d'une enceinte. Il a été
agrandi au début du XVe siècle notamment par l'adjonction d'une tour
octogonale hors-œuvre. La tradition orale rapporte que le château fut
utilisé comme forteresse par les Huguenots et en partie détruit par les
catholiques en 1587. Aucun document attestant ces faits historiques n'a été
retrouvé, cependant l'observation sur le terrain montre des traces de
fortification, d'arrachement, de reprises de maçonnerie et des remplois qui
pourraient corroborer cette hypothèse. A la fin du XVIIe siècle, ou au tout
début du XVIIIe siècle, le château est à nouveau agrandi au nord-ouest et au
sud-est. Il est remanié et de nouvelles ouvertures sont percées sur la
façade principale de la tour et sur le mur gouttereau sud avec le remploi,
in situ, de matériaux provenant des parties détruites lors des guerres de
religion. La chapelle pourrait dater de cette époque. L'examen du registre
des propriétés bâties et non bâties révèle qu'un autre agrandissement a été
réalisé en 1888, côté sud-est. La chapelle et la dépendance du château
primitif ont été agrandies en 1862 et 1865 (la chapelle) et en 1885 (la
dépendance). Au cours de la première moitié du XXe siècle, la dépendance du
château et la chapelle ont été vendues. C'est sans doute à cette époque que
la dépendance a été transformée en ferme et que la chapelle, en ruine, a été
détruite. Le château a été restauré à la fin du XXe siècle.
Le château de Ligneyrac est composé d'un corps de bâtiment principal de plan
rectangulaire flanqué d'une tour octogonale hors-œuvre et d'une dépendance
transformée en ferme. Implanté à flanc de colline, le château domine le
centre-bourg et la vallée au sud. Les maçonneries privilégient le blocage de
moellons de calcaire, pour les parties les plus anciennes, et la mise en
œuvre jointoyée pour les parties restaurées. Les encadrements des baies sont
en grès rouge. Les toits à demi-croupe (du château), à croupes (la
dépendance) et en pavillon (de la tour) sont en ardoise. Très composite, le
château de Ligneyrac conserve les traces des remaniements successifs tant
dans ses maçonneries (de nombreuses reprises sont visibles sur la façade
principale sud et sur le mur de croupe nord qui a été restauré au XIXe
siècle avec des joints rubanés) que dans les ouvertures en place (anciennes
croisées) ou en remploi (arc brisé). Sur la façade principale sud, en
rez-de-chaussée, une porte centrale, constituée d'un linteau de cheminée en
arc surbaissé en double cavet souligné d'une moulure croisée (en remploi)
donne accès à l'ancienne tour de garde. Cette dernière, percée de deux
canonnières, logeait autrefois un escalier en vis dont on devine les traces
d'arrachement et sert de vestibule à une grande salle basse de dix mètres de
long, orientée est-ouest. Construite en moellon de calcaire équarri et
voûtée en berceau, cette salle abritait autrefois une cheminée monumentale
qui a été démontée et vendue au début du XXe siècle. Dans cette salle, les
vestiges d'un petit escalier en vis en grès rouge permettant d'accéder aux
pièces du rez-de-chaussée surélevé, sont conservés.
A droite de la porte de l'ancienne tour de garde, une porte charretière en
arc surbaissé donne accès à un niveau de soubassement servant de cave. La
tour octogonale hors-œuvre est ajourée, sur sa face principale, d'une travée
d'ouvertures composites: une large porte à deux vantaux en bois cloutés
surmontée d'une ancienne croisée, dont le meneau en grès gris a été refait
au XXe siècle, présentant chacune des moulures identiques (double cavet et
moulures croisées). Le deuxième étage est éclairé par une porte-fenêtre en
arc en plein-cintre à crossettes, précédée d'un balcon porté par une console
moulurée (en remploi) avec garde-corps en fer forgé. Un cèdre trône au
centre du jardin sud. La ferme, de type bloc à terre, de plan en L,
s'organise autour d'une cour fermée. Elle est composée d'un logis, en
rez-de-chaussée surélevé, d'une grange-étable et d'un séchoir à maïs
construit perpendiculairement à la façade principale, le long de la route
départementale. Cette ancienne dépendance du château est construite sur une
grande cave voûtée en berceau, orientée est-ouest. La maçonnerie est
réalisée en moyen appareil de moellons de calcaire et les encadrements sont
traités en grès rouge. Très remaniée, cette ferme a conservé les traces de
son origine médiévale dans la modénature des baies (chanfrein, arc en
accolade). La présence de meurtrières et les vestiges de l'ancien mur
d'enceinte encore visibles aux extrémités nord et sud-est de la cour
affirment le caractère défensif de cette dépendance du château. (1)
château de Ligneyrac 19500 Ligneyrac, propriété privée, ne se visite pas,
visible de la D150E2.
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