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On suppose que la première
construction d'un château-fort à Mâlain remonte en l'an 1000. La terre de
Mâlain a été possédée par d'anciens seigneurs distingués, et vers 1075 on
trouve Gui de Mediolano, premier seigneur connu. Une charte de l'an 1197,
par laquelle Hugues, doyen de Saint-Seine, déclare qu'il y a eu transaction
entre Guy, prêtre, et les religieux de Saint-Seine, au sujet de l'église de
Mâlain et de la chapelle du château dudit lieu, et de l'église d'Ancey,
suivant laquelle lesdits religieux doivent avoir le tiers du revenu desdites
églises. En juin 1230, Hervé, seigneur de Sombernon, tient son château de
Mâlain en fief du roi de France ; il promet au duc de ne pas accroître son
fief, et si le duc peut obtenir le fief de Mâlain, il ne tiendra son château
de nul autre que de lui. Le 20 décembre 1285, "Philippe, par la grace de Deu
roys de France, a tous cels qui verront et orront ces presentes lettres,
salut. Nos fesons savoir que, en accroissance dou fie que noble hons nostre
améz et feiaulx Robers duc de Bourgoigne tient de nous, li donnons et
outroions por lui et por ses hoirs et por ses successeurs a tous jours mais,
les choses ci-après contenues : c’est a savoir les fiez des chasteaux de
Maalein, de Courtenaix et de la maison fort de Cernele et des apertenances
de ces leux ou tous les drois et profis que nous avions et pohiens avoir et
devons por quelque reson que ce fust esdites choses, sans riens retenir a
nous ne a nos successeurs, fors que nostre fié doudit duc...".
Le 6 avril 1419, mandement de la duchesse à Messire Lambert de Saulx,
gouverneur de la chancellerie du duché, pour faire mettre en possession du
château de Mâlain Jeanne de Montagu, dame de Rougemont et de Ruffey, fille
de feu Messire Jean de Montagu seigneur de Sombernon, à laquelle et à la
dame de Sombernon sa sœur chacune pour moitié appartient ledit château de
Mâlain, comme héritière de Messire Pierre de Montagu seigneur de Mâlain,
frère dudit seigneur de Sombernon et oncle desdites dames, et lequel château
Messire Guillaume de Villers, neveu de ladite Jeanne de Montagu, détenait
aidé de plusieurs autres... En 1451-1454 : Malain ou il y a forteresse au
seigneur de Sée et au seigneur de Rougemont. Le 1er avril 1522, Jacques de
Mâlain, chevalier, seigneur de Lux, Voudenay et Mâlain rend hommage pour la
foy du chastel, terre et seigneurie dudit Malain assise ou bailliage
d’Auxois, aussi de la terre et seigneurie de Tard le Bas assise ou bailliage
de Dijon, à lui advenue par le décès de Guillaume de Mâlain, chevalier son
frère. En 1581 comptes de la famille de Mâlain : description de plusieurs
titres et papiers des trois coffres ou sont les papiers et les titres de
Mâlain, réparation et visitation des bastimens de Mâlain.
Le12 mai 1593, "nouvelles que l'on avoit pétardé le château de Mâlain, la
bassecour pillée. Aucuns disent que ce sont ceux de Vergy (Guillaume de
Tavannes), autres que c'est un cousin du cappitaine allemand délivré puis
peu de jours, qui, estant à Montcenis avec le cappitaine Saint-Matthieu,
avoit faict course audit lieu". Le 12 avril 1635, Odinet de Sercey,
coseigneur de Mâlain et Savigny, vend sa part de Mâlain au seigneur de
Mâlain. Le 4 mars 1642, dénombrement de la moitié de la seigneurie de Mâlain
par Jean de Mâlain, acquéreur depuis de 10 mars 1623, consistant entre autre
en la moitié du château de Mâlain. Reprise de fief d'une partie de la terre
de Mâlain en 1686, de Savigny et de Prâlon par Nicolas Brûlart, chevalier,
marquis de la Borde, président au parlement de Bourgogne, comme acquéreur de
Jean Catherine, trésorier de France à Dijon, "le chasteau dudit Malain ou on
arrive par des chemins tournans qui conduisent au corps de garde, et deça en
celuy de la place dans laquelle il y a une grosse tour ronde, plusieurs
corps de logis et une chapelle, le tout construit de pierre et couvert de
tuilles et de lasves ; au bas dudit chasteau et hors de son enceinte,
il y a un corps de logis destiné a escuries, et encore plus bas des places a
jardin, et un verger planté d’arbres fruitier...". Sur la carte de Cassini
en 1763 le château de Mâlain est en ruine.
Situé sur une arête rocheuse
dominant le village au nord, le plan final du château, fouillé et restauré
de 1985 à 1996, est le résultat d'un agrandissement progressif par
construction de terrasses sur le flanc sud du rocher. La moitié orientale,
reconstruite au début du XVIe siècle, a conservé des élévations importantes,
alors que la moitié occidentale, transformée en jardin à la même époque, ne
garde que des substructions des bâtiments du XIIIe siècle. À l'est, près du
sommet, le corps de logis de Guillaume de Mâlain est constitué d'un grand
bâtiment à l'aplomb du mur de soutènement, à un demi ou un étage, recouvert
d'un toit vernissé au sud, et qui englobe en en réorganisant la répartition
horizontale une vieille tour carrée, datée par son appareillage des
alentours de 1200. Ce corps de logis est ouvert au sud de deux croisées à
double accolade. Il est flanqué à l'ouest par une tour hors-œuvre
demi-ronde, et à l'est par la chapelle. La tour est ouverte de deux
canonnières en sous-sol, d'une fenêtre et une croisée au rez-de-chaussée. La
chapelle Sainte-Marie Saint-Georges, fondée et construite en 1390, est
arasée au niveau des fondations. Entre ce corps de logis et le rocher, une
cour a été aménagée au début du XVIe siècle en entaillant la roche, et en
faisant vraisemblablement disparaître les cases encoches de l'habitat
antérieur. De celui-ci demeure quelques caves : cachot sous l'extrémité
orientale du corps de logis, citerne sous l'extrémité occidentale, cave sous
la chapelle. Des silos à grains du XIIe siècle et un ensemble de fours à
pain ont été détruits et recouverts en 1390 par l'implantation de la
chapelle.
Dans la moitié orientale du château, qui est séparée de la moitié
occidentale par un grand mur de partage traversant le château de part en
part, un escalier monumental taillé dans la roche, partiellement couvert, se
faufile entre des bâtiments sur case-encoche accrochés au rocher au nord, et
au sud des bâtiments rectangulaires construits sur murs de soutènement et
caves, dont il reste au rez-de-chaussée la cuisine (divisée par le mur de
partage de 1422), une chambre à cheminée d'angle, et une salle d'apparat sur
cave connue uniquement par le riche mobilier lapidaire. La chambre et la
salle d'apparat étaient construites sur cave ; la cuisine et la chambre
étaient coiffées d'un étage ou un demi-étage. Devant l'entrée de l'escalier
monumental, une cour sur terrasse (appelée corps de garde) est venue
recouvrir entre le XIIIe et le XIVe siècle le système d'entrée primitif . De
cette cour on accède au nord à une petite cave à demie enterrée, à l'ouest à
un étage de hourds extérieurs et à une tourelle en surplomb, à l'est à la
cave de la salle d'apparat et à une porte haute débouchant au dessus de la
basse cour. Dans son aspect actuel, la basse-cour est une terrasse du XVIe
siècle qui s'appuie sur la tour ronde, enveloppe la moitié orientale du
château, et s'ouvre sur l'extérieur par un étroit boyau qui longe au sud et
à l'est le pied du corps de garde, et aboutit à une simple porte cochère à
deux battants. L'accès à cette basse-cour se fait depuis le XVIe siècle par
des "chemins tournants" qui partent des granges du château au pied de la
butte au nord-est (à l'opposé du village), mais les fouilles sous le chemin
d'accès ont mis en évidence une inversion du cheminement : avant le XVIe
siècle, les chemins montent du village, et pénètrent dans le château par le
nord. À l'extrémité est de l'arête rocheuse, un éperon est occupé par une
vaste terrasse qu'un texte tardif (1686) identifie comme étant les écuries.
Les fouilles n'y ont décelé aucune trace d'occupation, sinon un
aplanissement précoce du rocher (XIIe ou XIIIe siècle), et des grands
travaux de terrassement, peut-être inachevés, du XVIe siècle. Sous cette
terrasse, une grotte occupée depuis le néolithique a servi de bergerie du
château au XIIe siècle. (1)
château fort de Mâlain 21410 Mâlain, tél. 03 80 75 13 53, ouvert au
public tous les après midi de 14 à 18h de Pâques à la Toussaint, sauf les
lundi et mardi, visite guidée toute l'année pour les groupes sur rdv.
Accessible par un sentier, accès libre toute l'année dans la basse cour
seulement. Pour l'ouverture de la partie haute du château hors saison,
renseignement à la mairie ou auprès de Mme Charles Michéa...
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