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En 1144
fondation de la commanderie de la Romagne. En 1470, Pierre de Boisredon
obtient des lettres patentes de Louis Xi qui l'autorise à fortifier La
Romagne, en ordonnant aux habitants de Saint-Maurice de démolir les défenses
autour de leur église. Pierre de Boisredon prétend que son prédécesseur,
Jean de Vienne, a laissé les villageois fortifier leur église. "Loys par la
grace de Dieu Roy de France, au bailli de Sens ou a son lieutenant Salut. De
la partie de notre amé et feal conseiller et chambellan frere Pierre de
Boisredont, chevalier de l’ordre de saint Jehan de Jerusalem, commandeur de
la Rommaigne, Pontaulbert, Mormant, Robercourt et de Saint Jehan de Vizatre
lez Nancy nous a esté expose que a cause de sadite commanderie de la
Rommaigne il est seigneur justicier hault et moien et bas du lieu et village
de Saint Moris sur Vingenne pres dudit lieu de la Romaigne environ d’ung
quart de lieue sur la fin et mecte du Royaume et entrée de la conté de
Bourguoigne. Auquel village de Saint Moris n’a ne n’eust oncques aucune
fortifficacion, retraicte ne maison forte, mais peut avoir quarante ans ou
environ que ung nommé frere Jehan de Vienne lors commandeur de ladite
Romaigne qui estoit natif de ladite conté de Bourgoigne, pour obvier que
lesdits habitans de Saint Moris ne retraissent point leurs biens au Royaume
et affin qu’ils feussent plus enclins de tenir le parti de Bourgoigne, leur
permist et donna congie si comme l’on dit, de fortiffier une petite eglise
qui est audit village pour retraire leurs biens, ce que firent lesdits
habitans tellement quellement, et firent ung petit paliz entour ladite
eglise, mais non pas que ladite eglise fut oncques tenable contre dix ou
douze bons hommes de guerre s’ilz y feussent vouluz entrer. Et puis peu de
temps apres ledit de Vienne voyant que ladite fortifficacion redundoit a son
prejudice et dommaige et diminucion de ses droiz seigneuriaux, fit
commandement ausdits habitans qu’ils laissassent detruire ladite
fortifficacion et cloture, ce que firent lesdits habitans et depuis a
demoure sans nulle cloture l’espace de trente ou trente cinq ans environ. Et
pour ce que ladite maison de la Romaigne est un tres beau lieu et sur les
limites du Royaume et de Bourgoigne et qui est bien aise a fortiffier et
aussi que fortifficacion y est bien seant actendu le grant nombre des gens
de justice qui y sont, nous octroyasmes et donnasmes congié et licence,
trois ans, audit exposant de fortifier et faire place fort audit lieu de la
Romaigne, a foussez et pont levis et fortifficacion...".
En 1513, le château de la Romagne et de Montigny sont ruinés par les
Suisses. Le 13 janvier 1594, "ce jeudy, l'on a dict que monsieur de Voucourt
avoit rendu la tour de Saint-Seigne-sur-Vingenne à monsieur de la Romaigne
pour quattre mille escuz, et que ledit La Romaigne (Philippe de Foissy)
avoit promis de ne point faire la guerre. Le president Desbarres a dict
qu'il n'en estoit rien". A Saint-Maurice "ils forcèrent l'église, où furent
tués la plupart de ceux qui y estoient retirés, tellement que les habitant
qui y restèrent furent contraint de se retirer à la Romagne. Le chasteau de
La Romagne, ou estoient leurs meubles, fut pris par les Comtois le 31 mais
1637 par traïson, de sorte qu'ils ont esté prisonniers et cruellement
traités, comme ceux de Courchant et autres lieux voisins qui s'y estoient
retirés". En 1749, le château consistant en une première cour où sont les
logements, granges et écuries des fermiers, un pressoir, un colombier ; une
seconde cour, séparée par des ponts, appelée basse cour, dans laquelle sont
les écuries dudit seigneur, un moulin à eau et autres bastiments destinés
pour les particiuliers et autres attenans la porte dit Saint Jean, au devant
de laquelle il y a des ponts sur laditte rivière qui conduisent à une des
avenues d'arbres dudit château plantés depuis le précédent terrier ; sous
lequel bâtiment et attenant laditte porte est la prison bien fermée, dans
laquelle l'on a accoustumé de mettre les délinquans ; de cette basse cour,
l'on passe à une autre cour appelée la cour du donjon, pour l'entrée de
laquelle il y a des ponts sur le fossé ; laquelle cour, flanquée de deux
grosses tours, et dans laquelle cour il y a quantité de bastiments servant
au logement dudit seigneur et une chapelle dédiée sous l'invocation de Saint
Jean et de la Sainte Vierge, le tout entourré séparément de plusieurs fossés
et canaux, dans lesquels passe laditte rivière de Vingenne ; ledit château
embelli d'un grand et spacieux jardin et verger entouré pareillement de
fossés et cannaux, lesquels bastiments, cour, jardin et verger contiennent
deux journaux.
En 1793, procès verbal d'expertise de bien dit national :
"la maison construite par le ci-devant commandeur et qui n'est point encore
achevée, une tour au bout de cet édifice composée de deux chambres et une
cave ; vis-a-vis ledit bâtiment une autre tour distribuée comme la
précédente, le tout en bon état. Une vieille masure consistant en deux
chambres et une cave, tout en bâtiments séparés des autres par un bras de
rivière qui fait rouler le moulin et baignés des autres côtés par la
rivière. La porte joignant ladite branche de rivière composée d'une boutique
de maréchal dont la fournaise est dégradée, de quatre chambres, deux
greniers et une tec à porc, ledit logement distribué de manière à recevoir
deux locataires et destiné aux gardes et ouvrier du ci-devant commandeur. A
côté de la porte trois écuries, un grenier à foin régnant sur lesdites
écuries et une remise, le tout servant au ci-devant commandeur et en bon
état... Le 24 avril 1794, au directoire du département : sur le territoire
de Saint-Maurice, dans la métairie de la Romagne, on voit une fort belle
maison flanquée de deux tours ; elle est située dans un bon pays entourée de
belles eaux...
Au nord-ouest de Saint-Maurice-sur-Vingeanne, la
Commanderie de la Romagne occupe une vaste enceinte fossoyée, occupée par
deux fermes et par le château aujourd'hui. L'accès à l'enceinte se faisait à
l'ouest par une porte encore flanquée d'une canonnière à ébrasement ovale, à
droite de laquelle on remarque les traces d'arrachement d'une tour ronde, et
à l'est par un ouvrage d'entrée composé d'une large tour-porche portant
pont-levis, garnie sur son angle nord d'une tour ronde. Le pont-levis est à
porte cochère plein-cintre, avec porte piétonne à linteau droit à gauche,
trois rainures de flèches et le logement de l'arc de suspension de la
planchette. Au-dessus du porche, quatre blasons aux armes d'un commandeur du
XVIe siècle (Pierre de Boisredon) et à celles des hospitaliers. Plus haut,
au même aplomb, une fenêtre décorée de motifs flamboyants. Tout cet
ensemble, en pierre de taille, est encadré de part et d'autre de deux
canonnières basses à ébrasement oblong. La tour est percée à sa base de
trois canonnières flanquantes, au second étage de trois fenêtres de tir
(deux flanquantes et une frontale) munies de leurs tourillons de huchette,
et au premier de deux petites fenêtres avec tourillons, canonnière sur
l'allège, linteau à arc en accolade et blason bûché. Entre les deux portes,
au sud, les restes du fossé sont encore dominés par des bâtiments d'enceinte
que relient des fragments de courtine. Au nord de la porte orientale, le
château, qui se composait de quatre bâtiments en carré flanqués de tours
rondes, occupait l'angle nord-est de l'enceinte et était séparé de la
basse-cour par un fossé et un pont-levis. Il en reste le bâtiment oriental,
rebâti sur des bases anciennes, et sur son angle la tour sud-est, au droit
de la tour du pont-levis, à laquelle elle était reliée par une courtine et
une galerie haute. Les façades extérieures du logis et de la tour sont
percées de canonnières basses à ébrasement oblong, et l'angle rentrant entre
le bâtiment et la tour est défendu par une archère-canonnière. (1)
commanderie de la Romagne 21610 Saint-Maurice-sur-Vingeanne, tel. 03 80
75 90 40, propose la location de chambres d'hôtes.
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