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Charles de
Bourbilly, bienfaiteur de l'abbaye de Fontenay, laissa son domaine en 1254 à
Alixande de Marigny, qui prit le titre de dame de Bourbilly. Un acte de 1284
conservé aux archives du château d'Epoisses constate qu'Alixande de Marigny
vendit à son cousin Guillaume de Mello, époux d'Agnès de Saint-Verain et
seigneur d'Époisses, les domaines de Forléans, Boux, Changy et Plumeron,
pour 1600 livres, avec hypothèque sur le domaine de Bourbilly. En 1321, à la
mort d'Agnès de Marigny, Jean de Thil, son héritier, se vit contester par
Guillaume de Mello la propriété même du domaine de Bourbilly. Le différend
fut tranché par Eudes, duc de Bourgogne, lequel, suivant les termes de sa
décision "leva la main du seigneur d'Époisses de la seigneurie de
Bourbilly". Le 22 février 1321 (archives au château d'Époisses), "Nous,
Eudes, duc de Bourgogne, façon savoir à tous que com descort fussent et
haient esté entre nos amé et feaulx le seigneur d'Epoisses d'une part et le
seigneur de Til d'autre, de la maison et de la terre de Bourboilley, et nous
havons dit et voulu pour notre prononciacion que le diz sire d'Espoisse
leveroit sa main de la dite maison et de la terre, et il hait voulu que nous
levessions sa dicte main des dictes chouses, nous en nom de luy et pour luy
et à son profit en tant come il se put appertenir come à seignor de fyé,
avons levée et ostée la main du dit seignor d'Esposse de la maison dessus
dicte et de la terre. Saint-Pierre de Février 1320". En 1354, mandement de
Marie de Thil à son châtelain de Bourbilly.
Le 31 janvier 1364, comptes de Guillaume de Clugny, bailli d'Auxois. "A dit
le Bogne de Froideville pour porter des lettres de mandement et de prière à
Monseigneur Joffroy du Boichat de par Monseigneur de Molinet, gouveneur de
Bourgogne, de par Monseigneur de Tourainne pour venir en son aide contre
ceux qui avient pris Grant-Champ, et furent portées les dictes lettres dois
Mont Reaul jusques à Sept Fons. A dit le Bourrelier qui porta lettres du dit
Monseigneur le gouverneur au seigneur de Noyers qui lui envoya le dit
Monseigneur le gouverneur pour le fait dessus dit si comme il apert par ses
lettres données le 25 janvier 1364. A Jehan Roigier de Flavigney, pour
porter lettres dudit bailli, de Gresigney à Grignon, de Montbar à Senoilley,
à Bourboilly, pour envoyer à Monseigneur le duc gens d'armes, aubelestres,
maceons pour aller devant Grant Champ, ou belle duquel fort estoit entrez
Monseigneur le duc, c'est assavoir le 31 janvier 1364 : V gros". En 1378,
Gibault de Mello, seigneur d'Epoisses, mande saisie sur Bourbilly pour
devoir de fief non fait par Marguerite de Beaujeu, sa cousine. Inscription
sur la cloche de la chapelle "Marguerite de Beaujeu, princesse de la Morée,
1379". En 1402, Louis de Savoie, prince de Morée, demande au seigneur
d'Époisses souffrance de trois ans pour reprendre Bourbilly de fief. Le 4
octobre 1403, Guillaume de Mello, seigneur d'Époisses, autorise Pierre de La
Trémoille, chambellan du duc, à entrer en possession de Bourbilly, qu'il a
acheté de Louis de Savoie, prince de Morée. En 1410, livre terrier de la
seigneurie de Bourbilly appartenant à Louis de La Tremoïlle, comte de
Joigny. "Et premierement mondit seigneur a son chastel de Bourbilly, auquel
a dongeon et basse-cour, les fossés et son grand estang, d'environ auquel
estang à deux molins… garennes à lapins, bois, terres, prés, justice totale,
mainmorte". Le 10 octobre 1467, donation de sa seigneurie de Bourbilly faite
par Claude de Montagu, seigneur de Couches, de Longwy et de Bourbilly, à
Jehanne de Montagu, sa fille naturelle, et a Hugues Rabutin, écuyer, son
mari, "les chastel, maison forte et forteresse dudit Bourbilly, ensemble les
haultesses et pérogatives d'icelles, les terres, villes, villaiges, fiefs...
hommes, femmes, rentes..., courvées,... estangs, eaux, cours d'eaulx,
moulin, justices, juridictions, prés, terres, bois, buissons... friches,
maisons, jardins, desquels les noms s'ensuivent : c'est a scavoir tout ce
que tant d'ancienneté comme aultrement compète et appartient audit Chastel
de Bourbilly. Claude de Montagu, seigneur de Couche, donne Bourbilly à sa
fille naturelle Jeanne, épouse de Hugues de Rabutin". En 1471, nomination, à
la chapelle du château de Bourbilly, par Hugues de Rabutin, écuyer, et
demoiselle Jeanne de Montagu sa femme, seigneur et dame de Bourbilly,
d'Amblard Thiard de Saint-Gengoux-le-Roi, comme capitaine du château de
Bourbilly. À la mort de Jean de Rabutin en 1522, son frère Claude reçoit
Bourbilly. Dans la chapelle du château, la porte du volet qui ferme le
reliquaire est décoré du portrait en arme de Chritophe de Rabutin, et il
porte la date de 1556.
Mort de Chrisophe de Rabutin en 1567, inhumé dans la chapelle du château de
Bourbilly. Le 17 mai 1575, donation des terres de Thostes, Beauregard et
Genouilly, qui dépendent du fief du seigneur et château de Bourbilly. Le 19
juillet 1591, traité de mariage passé au château de Bourbilly, alors que
Christophe de Rabutin, chevalier, est seigneur et baron de Chantal et de
Bourbilly. En 1601, pendant la famine, le château fut transformé en hôpital,
et l'on construisit à la hâte ce four des pauvres, large de quinze pieds et
qui pouvait contenir trente boisseaux. Un jour vint pourtant où les
provisions se trouvèrent presque épuisées, et les gens de la maison
murmurèrent tout haut des saintes prodigalités de Mme de Chantal. Celle-ci
monta au grenier et ne trouva plus qu'un tonneau de farine. Elle leva alors
les yeux au ciel et, le cœur ému d'une sainte confiance, elle ordonna de
puiser à pleines mains et de distribuer sans compter. Dieu avait entendu les
prières de la sainte, et il se trouva qu'au bout de six mois, le tonneau de
farine n'était pas encore épuisé. Lettre de Bussy-Rabutin en 1666 à Mme de
Sévigné. "Je fus hier à Bourbilly. Jamais je n'ai été si surpris, ma belle
cousine. Je trouvai cette maison belle, et quand j'en cherchai la raison,
après le mépris que j'en avait fait il y a deux ans, il me sembla que cela
venait de votre absence. En effet, vous et Mlle de Sévigné enlaidissez ce
qui vous environne, et vous fites ce tour là, il y a deux ans, à votre
maison. En arrivant, le soleil commença de paraître, et lui et votre fermier
firent fort bien les honneurs de la maison : celui-ci en me faisant une
bonne collation et l'autre en dorant toutes les chambres que les Christophe
et les Guy (de Rabutin) s'étaient contentés de tapisser de leurs armes. J'y
étais allé en famille, qui fut aussi satisfaite de cette maison que moi...".
En 1773, visite des réparations à faire aux châteaux et batiments de Ragny,
Beauvoir, Bourbilly et Forléans. En janvier 1794 : ce château est composé de
quatre corps de bâtiments avec une cour dans le milieu, l'entrée de cette
cour est un pavillon quarré très élevé sous lequel est une grande porte avec
embrasure propre à recevoir un pont-levis, une meurtrière dans le haut et
au-dessus des embrasures ; dans tout le pourtour des bâtiments il y a une
ronde sur le gouteret extérieur, avec embrasure de distance en distance,
laquelle est interceptée du côté du Levant par une tour considérable qui est
dans la plus grande vétusté et impraticable, étant en partie tombés. Au
dehors de cette maison est une première cours qui est seulement fermée du
côté du nord par une porte qui est sous un pavillon carré à la suite de
laquelle est un mur de rampar avec les canonnières et sur l'angle de la
partie qui fait retour est une tour qui sert de colombier. L'abbé Merle,
curé de Fontaine-lès-Dijon, raconte que les révolutionnaires détruisirent le
four des pauvres, la tour et la chapelle. On s'était contenté de raser
l'enceinte fortifiée, et de renverser plusieurs des vieilles tours. Mais le
château proprement dit fut heureusement conservé. Aujourd'hui encore, il se
présente à peu près dans le même état où l'ont laissé sainte Chantal et Mme
de Sévigné. Investi de la tutelle de ses filles, M. Belle de Caux s'installa
à Bourbilly en 1815. Il fit raser d'anciennes constructions demeurées
debout, mais qui lui semblaient inutiles. Plusieurs tours furent ainsi
abattues. L'un des bâtiments du château, celui où était jadis la chapelle,
continua à servir de grange et d'écurie... Description par Bougaud en
1860 "Deux bâtiments parallèles et disjoints, restes du château, sont encore
debout au centre de la vallée. L'un d'eux est percé d'une vaste fenêtre
gothique, dans le style du XIVe siècle, dépourvue de vitraux, et laissant
voir à travers ses barreaux brisés des gerbes de blés entassées. C'était la
chapelle. Dans l'autre bâtiment d'un style un peu moins ancien, on voit les
appartements couverts de lambris, ornés de vastes cheminées armoriées
qu’habitait la sainte, et où elle fut, pendant huit ans, à M. de ChantaI,
une si douce compagnie. Plus bas, au rez-de-chaussée, les vastes cuisines où
elle travaillait avec ses domestiques et où elle recevait les pauvres,
l'antique perron dont les marches disjointes furent tant de fois montées et
descendues par elle ; et devant la porte, quelques-uns des grands chênes à
l'ombre desquels, comme autrefois saint Bernard, elle aimait à se promener
seule, le corps sur la terre et l’esprit dans le ciel. On ne saurait
imaginer, si l’on n’est pas chrétien, le charme ineffable que l'âme éprouve
en parcourant les lieux où les saints ont vécu. On se sent, pour ainsi dire,
moins loin de ces êtres sublimes. Il semble qu’ils aient laissé quelque
chose d'eux-mêmes aux lieux qui les ont vus, comme ces fleurs qui
communiquent leur parfums à tout ce qui les touche. C'est peut-être une
illusion, mais on se prend à penser qu'ils nous sourient du haut du ciel,
pendant que nous visitons ces débris de leurs habitation terrestre, et l'on
attribue à leurs regards ces douces émotions dont on se sent l'âme remplie".
En 1864, Charles de Franqueville hérite du château, et commence sa
reconstruction en 1867. Ce château est l'un des plus anciens de
Bourgogne, il a toujours été habité depuis sa construction. Les pièces les
plus remarquables sont la bibliothèque habillée de boiseries gothiques et le
salon éclairé d'un ensemble unique de neuf lustres en cristal de Venise. La
chapelle accueille le "Paradisus", portraits de trente propriétaires peints
par Edouard de Crépy. On découvrira en 1869, traversé par le Serein, le parc
dessiné par Adolphe Alphand, les bassins en cascade, les travaux
hydrauliques et les plantations nouvelles, pendant que son fils Charles
Alphand fait exécuter sous la direction de l’architecte strasbourgeois
Equer, les travaux de réhabilitations de l’ancienne maison-forte, démantelée
en 1793. Abrité par un beau mur d’enceinte en granit, le potager en
terrasse, irrigué par un réservoir alimenté à partir d’une source capturée
dans la colline, est resté cultivé jusqu’en 1957. Aujourd’hui, mis en herbe,
il conserve ses structures et ses éléments décoratifs, statues, vases,
escaliers, charmilles et des arbres fruitiers, pommiers anciens, poiriers en
espalier, cerisiers, pruniers, et une quarantaine d’arbres remarquables mais
chaque année des plantations et des embellissements sont exécutés par
Edouard de Crépy, qui a réalisé une collection de topiaires et deux dragons
verts géants, redessiné le miroir d’eau et développé les plantes aquatiques.
(1)
Éléments protégés MH : le château en totalité et le moulin, y compris le
pont : inscription par arrêté du 19 mars 1992.
château de Bourbilly 21140 Vic-de-Chassenay, tél: 03 80 97 05 02 - Fax: 01
42 38 82 37, parc ouvert au public toute l’année, visites guidées de 10h à
12h et de 15h à 18h sauf les mardis, du 1er juillet au 15 septembre, pour
les groupes sur demande du 1er avril au 31 octobre,
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