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Le château de la Bellière, autrefois sur Pleudihen, est
un édifice majeur pour l'histoire de l'architecture des manoirs en Bretagne.
Sa construction longtemps attribuée au temps de Thiphaine Raguenel (vers
1335-1373), épouse de Bertrand Duguesclin est aujourd'hui datée de la fin du
XIVe siècle, aux alentours de 1400, selon les études menées par Marc
Décenneux . Il serait alors le logis de Jean Ier Raguenel (1364-1415),
vicomte de la Bellière, membre du Conseil de Jean V, duc de Bretagne. Cet
ensemble exceptionnel était doté de coursières en encorbellement comme au
château de la Roche Jagu en Ploezal. Viollet-le-Duc dessina dans son
dictionnaire de l'architecture française quelques-unes de ses douze souches
de cheminées octogonales qui témoignent au-delà du confort de l'édifice d'un
réel raffinement dans leur mise en œuvre. Protégé au titre des monuments
historiques, cet édifice dispose d'une notice sur le portail Mérimée du
Ministère de la culture.
La seigneurie de la Bellière est mentionnée depuis le XIIe siècle, elle
était le bien d'une famille de la Bellière dont le blason était d'or au chef
endenté de sable. Hamon de la Bellière en 1206 est primicier de la
collégiale de la Guerche en Ille-et-Vilaine. La vicomté de la Bellière passa
ensuite à diverses familles, notamment aux Dinan, Raguenel, Girault de
Charmois et Colin de Boishamon. La topographie du site, un coude escarpé, au
confluent de trois ruisseaux qui alimentent un affluent de la Rance,
correspond probablement à l'emplacement du premier château de la vicomté de
la Bellière mentionné dès le début XIIIe siècle et détenu par une branche
cadette de la maison de Dinan. La construction de l'actuel château, en
contrebas de ce site, longtemps située au XIVe siècle, peut toutefois grâce
à la thèse de Marc Déceneux sur les Manoirs gothiques bretons, être
resserrée dans la première décennie du XVe siècle: "La qualité de l’œuvre et
la médiocrité de ces capacités de défense interdisent d'imaginer que la
construction ait pu se faire pendant la guerre de succession. En revanche,
la porte d'entrée de la tour est d'un dessin très proche de celui des portes
de Kerdéozer (1418) en Pleudaniel et de la Mandardière (1414) en Pacé. C'est
donc dans les premières années du XVe siècle qu'il faut, placer la
construction de la Bellière, où à l'extrême fin du XIVe siècle". Le château
peut dès lors être attribué à Jean Ier Raguenel (1364-1415), vicomte de la
Bellière qui est en 1403, un homme puissant, membre du Conseil de Jean V,
duc de Bretagne. A ce premier logis a été ajouté au XVIIe siècle un pavillon
de plan carré au ras de la tour d'escalier (contre l'extrémité est du corps
de logis). De même un grand corps de logis à étage en appentis a été plaqué
contre la façade postérieure à la fin du XVIIe siècle ou au XVIIIe siècle.
C'est probablement à cette même époque que l'environnement, jardins et
parterres ont été recomposés. C'est également au XVIIIe siècle qu'un nouvel
accès est créé au sud avec une très longue avenue qui a été coupée depuis
par la ligne du Chemin de fer. Les cartes postales du site, et une gravure
publiée aux éditions Mancel de Dinan, rendent compte d'aménagements sur le
corps de logis arrière donnant sur les douves. Celui-ci, lors d'une
rénovation dans le courant du XXe siècle, a été rabaissé permettant de
redécouvrir la clarté des chambres du deuxième étage.
Le logis, en 1844, est ceinturé en partie par un étang au nord et à l'est,
l'étang d'en haut, il fait face à la métairie, orientée également au sud et
qui ferme l'espace quadrangulaire aménagé en parterres. Un colombier
circulaire est situé au-devant de la ferme dans une parcelle nommée les
caves. Un grand jardin rectangulaire accosté de deux pavillons est aménagé
vers l'ouest. La métairie possède également son jardin, à côté de la cour.
La chapelle dédiée à saint André, isolée du logis, simple rectangle à chevet
plat est orienté vers l'est au-devant d'une parcelle nommée la vieille aire.
A l'origine l'édifice présente un plan rectangulaire régulier avec tour
d'escalier placée aux trois quarts de la façade. La tour d'escalier présente
une forme mixte peu courante, polygonale dans les parties basses puis
cylindrique à partir de la hauteur du toit. Le plan était à trois pièces au
sol sur trois niveaux. L'étage de comble selon la description de Marc
Décenneux était également habitable et pourvu de cheminées. L'édifice
présente plusieurs particularités: quatre niveaux habitables avec l'étage de
comble, une distribution étonnante avec accès direct sur la cour, une
coursière en encorbellement en bois disparue, au premier étage, comme en
témoignent les portes hautes murées, ainsi qu'une guérite en bois, collée
dans l'angle sud-ouest de la tour, au deuxième étage. Il est également
probable que sur la façade arrière un corps de garde robe existait avec des
latrines. De même les chambres de l'est donnaient sur un corps disparu de
latrines (voir portes hautes encore en place). Les hautes souches de
cheminées octogonales hérissées de crochets ont été dessinées par
l'architecte
Eugène Viollet-le-Duc pour son
dictionnaire de l'architecture, elles sont décorées d' anneaux dans lesquels
sont percées des arcatures ou des hermines de Bretagne.
Éléments protégés MH : le château de la Bellière en totalité : inscription
par arrêté du 9 mars 1927. (1)
château de la
Bellière 22690 La Vicomté-sur-Rance, propriété privée, ne se visite pas.
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