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Présentation : Le château de
Rosanbo était le chef-lieu d’une puissante seigneurie unie à celle de
Lesnévez dont le propriétaire possédait le titre de seigneur et fondateur de
l’église de Lanvellec mais aussi, des chapelles de Saint-Maudez,
Saint-Laurent, Saint-Adrien à Plufur et Saint-Anselme. La seigneurie
s’étendait jusqu’aux paroisses de Plouaret, Plounérin et Plounevez-Moëdec et
disposait du droit de haute justice ayant "patibulaire à quatre pots"
(c’est-à-dire, un gibet à quatre piliers de pierre reliés par des traverses
de bois auxquelles étaient pendus les condamnés à mort puis exposés à la vue
de tous). Au fil du temps, le vieux manoir familial gothique s'est mué en un
château à la mode de son temps. La seigneurie de Rosanbo a successivement
appartenu à Yvon du Cozkaër (alias Cosker ou Cosquer), Jean du Cozkaër en
1497, Alain du Cozkaër (qui épouse Amicie Tronson dite dame de Rosanbo),
Yves du Cozkaër (procureur du roi à Tréguier qui épouse Françoise de
Kernerc’hriou), François du Cozkaër (qui épouse en 1586 Marie de Kercoënt),
François du Cozkaër, le fils (qui épouse Marguerite du Parc-Locmaria) et
Joseph du Cozkaër (1633-1699), conseiller au parlement de Bretagne qui
épouse en 1655 Marie Le Gouvello, fille de conseiller. Louis II Le Peletier
(1662-1730), seigneur de Villeneuve-Le Roy et d’Ablon , conseiller du roi,
président à mortier puis premier président du parlement de Paris a épousé en
1688 en première noce Geneviève du Cozkaër, fille unique de Joseph du
Cozkaër et de Marie Le Gouvello.
A la mort de celle-ci en 1693, Louis II Le Peletier entre en possession,
pour son fils Louis III Le Peletier né en 1690, des biens hérités de sa
femme: Rosanbo, Barac’h, Keruzec, Kerimel, Cabatoux, la prévoté du Pré et
les baronnies de Caotfrec et Coatrédrez. Rosanbo passe alors des mains d’une
ancienne maison de Bretagne, à une vieille famille parisienne de l’élite
judiciaire. En 1699, la terre de Rosanbo est érigée en marquisat par Louis
XIV et Louis Le Peletier prend le nom de Louis Le Peletier de Rosanbo. Louis
III Le Peletier de Rosanbo (1690-1770) épouse en 1717 Thérèse Hennequin d'Ecquevilly
(1690-1746). Il est l’unique héritier de son grand-père Joseph du Cozkaër
décédé en 1699. Vers 1736-1738, il confie les travaux d’agrandissement et
d’embellissement du château à l’architecte parisien Louis Joubert d'Orgemont,
expert du greffe des bâtiment du roi. Louis IV Le Peletier (1717-1760) qui a
épousé Marie-Claire-Aimée de Mesgrigny d’Aunay hérite de Rosanbo. Sa femme
est l’arrière-petite-fille du maréchal de Sébastien Le Prestre de Vauban
(1633-1707) ce qui explique la présence des archives personnelles du célèbre
ingénieur militaire à Rosanbo. Louis IV Le Peletier (1747-1794), premier
président du parlement de Paris qui a épousé en 1769 Marie-Thérèse de
Lamoignon de Malesherbes (1756-1794), fille de Malesherbes, ministre de
Louis XVI, hérite à son tour du château de Rosanbo. Le couple a quatre
enfants: Aline-Thérèse, Louise-Madeleine, Guillemette et Louis né en 1777.
L’ancien ministre Malesherbes séjourne à Rosanbo en septembre 1779.
Le service du château est alors réduit à une conciergerie et à un archiviste
dont la mission est de conserver les titres et aveux et d’en fournir au
besoin des copies. Le 20 août 1780, Louis IV Le Peletier et sa femme
honorent Rosanbo de leur présence. Selon les saisons, la famille résidait
dans les châteaux de Malherbes, Villeneuve-le-Roi (la reconstruction du
château est achevée en 1704 mais il est vendu en 1734), Madrid avec son bois
de Boulogne et à l’hôtel de Bondy à Paris. Publiée par Daniel Morvan chez
Skol Vreizh en 1992, l’étude de la correspondance, des livres de compte et
mémoires de Pierre-Marie Grégoire de Guermarquer (en référence à une
métairie de Vieux-Marché), régisseur des terres de Louis Le Peletier des de
1776 à 1806 et auparavant négociant, éclaire la vie quotidienne du domaine
de Rosanbo de la veille de la Révolution française à l’Empire. Grand
seigneur, absent de Rosanbo car résident à Paris, Louis Le Peletier délègue
en effet l’administration de ses domaines à un régisseur, "homme de cabinet"
et nécessairement "bon cavalier" pour parcourir les terres et faire
collecter les loyers versés en grains à la Saint-Michel (29 septembre). Une
fois stockés, les grains sont vendus afin de payer mensuellement l’intendant
particulier du seigneur suivant le contrat de régie. Avec les domaines de
Rosanbo, Lannion et Tréguier, Pierre-Marie Grégoire de Guermarquer
administre plus de 3000 hectares répartis en huit-cent-vingt fermes. Rosanbo
étant "l’un des plus vastes et riches domaines de Bretagne".
Historique : A l’abri dans un écrin de verdure composé de bois de
haute futaie, cette ancienne résidence seigneuriale est située au nord-ouest
du bourg de Lanvellec distant de 1300 mètres. Établie à environ 80 mètres
au-dessus du niveau de la mer, elle est implantée sur la rive orientale du
Dour Elégo, petit affluent du Yar qui se jette dans la baie de
Saint-Michel-en-Grève à six kilomètres de là. Le toponyme est orthographié "Rosambô
" sur le cadastre de 1813 et "Rosanbo" selon l'Institut Géographique
National. En langue bretonne, rosanbo, roz an Bo, signifie littéralement la
"pente" ou le "promontoire" sur le Bô. Ce site stratégique aurait accueilli
une maison forte avant le manoir primitif. A l’origine du château actuel, se
trouve un manoir de la fin du Moyen-Age, agrandi et modifié au XVIIe siècle
(pavillon d’angle nord-est, aile nord des communs et grand pavillon ouest),
dans le deuxième quart du XVIIIe siècle (galerie d’arcade, pavillon sud,
chartrier construit en 1738, salle à manger et salon, boiseries et escalier
à balustre), à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle (pavillon sud
son perron abritant bureau et bibliothèque, interventions néo-gothiques
comme le campanile du chartrier). Du manoir primitif subsistent encore
certaines parties dont une tour d’escalier. Destiné à l’élevage des pigeons,
le colombier édifié en 1697 a été restauré en 1738 comme l’atteste une
inscription. Ces travaux d’agrandissement du château sont confiés à des
architectes de renom, Louis Joubert d'Orgemont de Paris vers 1736-1738,
Alain Lafargue vers 1895 ou encore le paysagiste Achille Duchêne vers 1910
pour l’aménagement du parc.
Dans les archives de Rosanbo est conservée une vue perspective du château et
de ses environs proches de Louis Joubert, "architecte et expert juré du roi"
datée de 1736. On distingue au premier plan, à gauche, le moulin à eau et à
droite, la buanderie alimentés par un bief du Dour Elégo, un bois, le
potager ou verger en terrasse, le château au centre, son jardin dont le mur
de clôture est déjà couronné de trois petits pavillons de plaisance, un
jardin en terrasse, la grande avenue, le verger planté d’arbres fruitiers,
le colombier et la chapelle. Un des bâtiments figurant sur cette vue, situés
immédiatement au nord du château, apparaît comme ruiné sur le cadastre de
1813. Aménagé vers 1910 dans l’ancien verger clos, le parc de quatre
hectares a été dessiné par le paysagiste Achille Duchêne (1866-1947). On y
trouve notamment une charmille (haie taillée en topiaire) longue de 2500
mètres, en partie voutée sur 500 mètres, composée de 12000 pieds de charmes
communs (carpinus betulus). Allée cavalière périphérique, piste de galop,
manège et "tribune des dames", rond de longe (pour le débourrage des chevaux
et le dressage) ont été conçus pour la pratique équestre. Miroir d’eau,
allées, salles et tapis de verdure (salles des Vases, du Lion, avec une
réplique du lion de Baryre, de la Naïade, du Cerf, des Marmousets), et
statues (dont le Sanglier de 1942 symbole des Rosanbo) ont été créés pour le
plaisir des yeux. Une aile du château a été ravagé par un incendie en 1967.
Description : Au bout de l’avenue cavalière se dresse un portail de
style gothique, percé d’une porte charretière et surmonté d’un clocheton,
donnant accès à l’avant-cour du château de Rosanbo. Du château actuel,
reconstruit sur le manoir, dépendent un parc et jardin, des écuries avec
remise pour les attelages et des dépendances identifiés localement comme
"bergeries". Un peu plus loin se dresse la métairie du château. Affectant la
forme d’un quadrilatère irrégulier flanqués de pavillons, le château
s’organise autour d’une cour d’honneur à laquelle on accède par une porte
charretière située au nord-est dans l’axe principal du jardin. On y trouve:
logis, bureau et bibliothèque (au sud), chapelle, chartrier voûté à
contrefort (angle-sud-est), galerie d’arcade et communs au nord. Au centre
de la cour se dresse un puits à margelle circulaire. Au sud, le jardin clos
de mur, surmonté de trois petits pavillons de plaisance, se pare d’un miroir
d’eau faisant se refléter la façade sud du château. Le jardin domine des
terrasses aménagées sur différents niveaux accessibles par des escaliers ou
rampes. En 1958, Alain, Marquis de Rosanbo, a ouvert le château au public.
Le labyrinthe de charmes palissadés a été créé en 2009. (1)
Éléments protégés MH : e château : inscription par arrêté du 22 mars 1930.
Le colombier et les jardins ; le grand et le petit parc, incluant notamment
l'ensemble des terrasses et la statuaire : inscription par arrêté du 20 mars
1995.
château de Rosanbo 22420 Lanvellec, tél. 02 96 35 18 77, ouvert au
public en avril, mai, juin, septembre tous les jours de 14h à 17h 30, en
juillet-août tous les jours de 11h à 18h 30 et en octobre le samedi et
dimanche de 14h à 17h. Groupes sur rendez-vous de fin mars au 3 novembre
inclus.
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