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Présentation : De Rennes à Dinan, il nous faut
traverser la forêt domaniale de Coëtquen. Elle est à l’origine d’un nom de
famille parmi les plus influentes de la noblesse bretonne. Ancienne bannière
et ramage de la maison de Dinan, éteinte dans la famille de Combourg, elle
est surtout connue grâce à Raoul V de Coëtquen (1370-1440), gouverneur de
Dinan, puis amiral et maréchal de Bretagne. Grand diplomate (délivrance de
Richemont), il négocia plusieurs trêves avec les anglais sur les marches
bretonnes (Pontorson, Fougères) pour le compte du duc. Mais aussi Jean II de
Coëtquen, chambellan du duc et grand maître de Bretagne, ambassadeur
extraordinaire en France, gouverneur de Dol et de Dinan en 1491, conseiller
des rois Charles VIII et Louis XII. De leur château fort du XVe siècle, en
partie démantelé lors des guerres de la Ligue, subsistent toujours
d’imposants vestiges et la base d’un grand donjon qui rend compte de
l’importance de cette place forte au Moyen Âge. Le logis seigneurial est
reconstruit, suite aux troubles révolutionnaires, dans le style du XVIIIe
siècle sur les fondations médiévales. Une carte postale permet de se rendre
compte, avant sa démolition, des deux façades sur cour du château. Une
partie ancienne des XVe et XVIe siècle dont l’entrée est fortifiée, protégée
par une bretèche, s’élève sur un seul étage surmonté d’un étage de comble,
tandis que se déploie, à côté, un grand logis de style XVIIIe siècle, scandé
par huit travées d’ouvertures donnant sur un vaste perron.
En 1953, l’édifice est en péril et la décision de le démolir est prise
malgré la qualité des décors maintenus en place, boiseries, cheminées en
marbre, dallages, etc. Ce château a servi de cadre au roman Patira de Raoul
de Navery qui nourrit toujours la légende, de la dame de Coëtquen. Dans le
roman Blanche, choisie par son mari dans une famille de riches négociants
nantais, prise en haine par ses beaux-frères, qui l’ont séquestrée est
réduite à mourir de faim dans une des oubliettes du château, pendant que
l’on simule aux Jacobins de Dinan son enterrement solennel. Cette légende a
été réactivée par la découverte vers 18OO dans la chapelle des Jacobins d’un
tombeau vide où l’on aurait lu l’épitaphe: "Ci-gît très-haute et
très-puissante dame Marie L., épouse de très-haut et très-puissant seigneur
N. marquis de Coëtquen, comte de Combourg, baron de Vauruffier, laquelle
trépassa le 13ème jour de Décembre, l'an 16". La famille de Coëtquen, d'une
façon générale, a enflammé l'imagination des romanciers. Charles du
Boishamon écrit en 1862 Marguerite de Coëtquen, et Bertrand Robidou fait
paraître en 1875 La Dame de Coëtquen.
Historique : Guide du voyageur dans la ville de Dinan et ses
environs; par J. Bazouge en 1879: "La forêt de Coëtquen, que le Moyen-Age
désignait sous le nom de la forêt Blanche, parce qu’elle était en partie
plantée de bouleaux, donne à ce coin de terre un aspect presque sauvage". Le
dictionnaire de la noblesse de Bretagne, mentionne en 1140 Raoul, seigneur
de Coëtquen, premier du nom. De cette période subsiste une motte féodale,
encore perceptible ainsi que des murs talus au nord-est de la forêt, proche
du Pas Mainguy, à Saint-Pierre-de-Plesguen. Au XIIe siècle, les de Coëtquen
se fondent dans une branche cadette de la famille de Dinan par le mariage d’Hervoïse
avec Olivier de Dinan en 1180. Le nom de Coëtquen est évocateur d’une
illustre et importante famille, au service du roi et de la cour: Raoul V
(1365-1451) et Jean II sont les plus connus pour avoir été gouverneurs de
Dinan au XVe siècle. C’est à leur époque que le château est fortifié.
Mathurin Eugène Monier, dans son article sur Coëtquen, retranscrit des
archives privées, qui rendent compte de luttes de pouvoir entre les
seigneurs de Châteauneuf et les de Coëtquen. Le duc Jean V (1389-1442), à la
demande du seigneur de Chateauneuf, Michel de Rieux (1394-1473), interdit
par un mandement du 16 août 1440, peu de temps après avoir donné son accord,
la poursuite des fortifications menées par Raoul V de Coëtquen. Cependant,
après la mort du duc, le nouveau logis avec ses nouvelles défenses sont
achevés.
Celles-ci s’inscrivent dans un parallélogramme irrégulier de forme
losangique. La plus grosse tour, le donjon, est isolée au sud, tandis que le
logis, à l’ouest, s’appuie contre une muraille protégée par deux tours en
fer à cheval qui surplombent la route. Au sud et à l’est étaient situées des
douves alimentées par les ruisseaux du Pont aux Chats et de l’étang de la
Chesnaye. En juin 1575, les terres du domaine sont érigées en marquisat par
lettres patentes en faveur de Jean IV de Coëtquen (1525-1604), lieutenant du
roi en Bretagne puis gouverneur de Saint-Malo. Cependant, le château assiégé
pendant les guerres de la ligue, est mentionné deux décennies plus tard,
dans un aveu de 1599 "tout tombé en ruines". La date de reconstruction du
château n’est pas précisément connue. Jean Robin, dans son histoire sur
Saint-Hélen, indique d’après des archives disparues, en partie publiées sur
Coëtquen, que la démolition du château fut mise en adjudication sur ordre de
la Convention et qu’il fut reconstruit dans le style du XVIIIe siècle après
la Révolution. Les quelques photos anciennes et dessins représentant la
nouvelle façade indiquent une composition de sept ou huit travées régulières
dans le style sobre des ingénieurs militaires: ordonnancement, symétrie,
lucarnes avec moulure incurvée dite en chapeau de gendarme, souches de
cheminées épaulées, vaste perron extérieur… L’appareil de défense subit un
premier démantèlement après les guerres de la ligue, puis les lois des 6
août 1793 et du 13 pluviose an II (1er février 1794), à l’origine de la la
destruction de la plupart des châteaux forts, ajoutent une nouvelle phase de
démolition. L’ingénieur Beaugrand, fut chargé d’étudier la destruction des
tours et forteresse de Coëtquen. Celle-ci se fit partiellement. Le grand
logis de style XVIIIe siècle subit également, plus tard, une triste fin.
Suite aux dommages de guerre, le château est classé en péril et dynamité en
1953. Quelques pans de murs résistent toujours et on fait l’objet d’une
consolidation et restauration.
Description : En lisière de forêt, la motte féodale est toujours
visible, elle est cadastrée sur le plan de 1844. Le nouveau château est
déplacé plus au nord entre deux grands étangs convertis en prairies au XIXe
siècle. Les cadastres de 1811 et 1844 indiquent la mention d’une île
artificielle, en avant-poste, vraisemblablement un jardin d’eau, mais aussi
un lieu destiné au jeu de paume. Certaines parcelles sont indiquées comme
des salines, en raison du salpêtre lié à l'existence des ruines. Ce dernier
pouvait être utilisé dans l'alimentation mais aussi employé pour la poudre à
canon. Les fortifications sont défendues par de puissantes murailles et
tours sur la route, tandis que de sur l’arrière, les murailles sont
protégées par trois petites tours, dont subsiste encore celle à côté de
l’entrée actuelle. D’après Frotier de la Messelière, elle serait de la
période romane, en raison d’une partie de son appareillage "en feuilles de
fougères". Dans la cour du château, dans le prolongement des anciens logis,
mais également contre l’enceinte se sont construits entre le XVIIe siècle et
le XIXe siècle des bâtiments, logis et dépendances à usage de ferme. Les
armes des Coëtquen sont: "bandé de six pièces d’argent et de gueules". (1)
Éléments protégés MH : le château de Coëtquen (ruines) : inscription par
arrêté du 9 mars 1927.
château fort de Coëtquen 22100 Saint-Hélen, propriété privée, vestiges.
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