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Son histoire est relativement
complexe car le château du XVIe siècle a fait l’objet de plusieurs
remaniements et agrandissements aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles. Chaque
période soulève des questionnements et révèle une qualité d'exécution de la
maîtrise d’ouvrage. Le décor raffiné du XVIe siècle indique une période de
transition où se mêlent des références gothiques à celles de la Renaissance.
Ce goût éclairé des mécènes, se retrouve au XVIIIe siècle dans l’agencement
des jardins. Celui de l’ouest possédait, chose rare, un méridien central
(pilier avec cadran solaire à l’horizontal). Enfin, l’acquisition du château
au XIXe siècle par les Surtess puis par James Gasquet et Elisabeth Tibits
Pratt ont donné une touche finale à la cour d’honneur: construction de la
chapelle (1868) agrandissement du logis avec une nouvelle tour (entre 1905
et 1930), ajouts de décors réemployés ou créés comme la lucarne des communs
avec sa tête de licorne. L’aménagement intérieur, tel que nous le décrit la
notice de visite de 1929 restitue une atmosphère historique réinventée, à la
mode dans les pays anglophones, connue par l’expression anglaise de "period
room". Alain Mucet de la Conninais, porteur d’une brigandine et armé d’une
jusarme, est mentionné dans la liste des nobles de Dinan en 1480. Il déclare
la modeste somme de vingt livres de revenu. La construction du grand logis
seigneurial du XVIe siècle est davantage attribuable à ses descendants.
Estasse Mucet se marie vers 1530 à Olivier Mélas, leur fille par mariage
fait passer le château à la famille Vallée dont plusieurs membres sont
conseillers à la cour puis au Parlement de Bretagne. Jacques de la Vallée,
écuyer, seigneur de la Conninais, époux de Jeanne Ferron a été autorisé par
lettres d’Henri IV, du mois d’août 1607, à ajouter la particule devant son
patronyme.
Françoise Geneviève de la Vallée (1717-1763) épouse le 17 janvier 1745,
Louis Julien Jean du Chastel, chevalier, seigneur de la Rouaudais en
Langrolay. En l’absence de source sûre, il est fort vraisemblable que les
travaux de rénovation du logis leur soient attribués. Une nouvelle façade de
quatre travées régulières est ainsi agencée. Le petit corps antérieur de
garde-robe, dont on aperçoit les portes murées à l’ouest du logis, est
supprimé et de nouvelles fenêtres à croisées de bois sont créés afin de
mieux éclairer les différentes pièces qui seront également agencées. La
façade est recouverte d’un enduit et les décors gênants en relief des
encadrements des baies sont rabotés. L’inventaire des différentes pièces,
lors de la réquisition des biens des émigrés, donne une idée de
l’ameublement, très conforme à l’esprit raffiné du moment: la grande salle
est lambrissée avec cheminée en marbre de gêne, deux armoires d’attache,
quatre attique en peinture de différents paysages avec des bordures dorées à
l’huile. Le grand salon, dans la pièce occidentale est chauffé par une
cheminée, en bois passé en couleur de marbre. La description des jardins en
1794, fait apparaître leur bonne tenue, leur agencement en terrasses mais
aussi un nombre important d’arbres fruitiers. Le petit jardin arrière, clos
de murs était divisé en plusieurs quartiers plantés d’arbres de différentes
espèces et de quelques jeunes pommiers. Le grand jardin occidental, où se
situe le colombier (oublié sur le cadastre de 1844) est planté d’arbres
fruitiers et d’arbres en espaliers de différentes espèces. Une grande allée
conduisait à un espace circulaire au centre duquel était placé un méridien,
sur un poteau de pierre.
La propriété de la Conninais est acquise en 1820 par John Surtess qui la
transmet à sa fille Louise-Marie-Sara Surtess qui épousa en 1823 Albert Jean
François Tanneguy du Chastel, officier au régiment des gardes-françaises et
colonel d’infanterie. Elle se remarie en 1835 à Louis Frédéric de Quérangal
de Villleguries, receveur particulier des finances à Dinan. Une fille du
premier mariage Marie Françoise-Césarine du Chastel épousa à Taden en 1852,
l’armateur Louis Rouxel de Villeféron. Leurs enfants vendirent la Conninais,
le 28 août 1902 à Guillaume-Amédée de Gasquet James et à sa femme Elisabeth
Blecker Tibits Pratt, sujets américains demeurant également à Dinard, à la
Belle-Issue. Ils gardèrent le château jusqu’en 1926. Les familles
anglophones vont progressivement transformer le château. Me Surtess acquiert
le portail de l’hôtel du gouverneur, rue de l’horloge à Dinan pour sa
chapelle fondée en 1868, elle achète également du mobilier extérieur comme
un banc de pierre. La famille Gasquet-James aménage et agrandit, à grands
frais, la propriété vers l’ouest. La grosse tour ronde qui fait pendant au
pigeonnier et qui rappelle ""la tour d’amour" est construite entre 1905 et
1910. Les communs au bas de la cour sont entièrement réaménagés à cette
période: remplois de pierres anciennes, création de décor, comme la lucarne
à tête de licorne… Ces différents ajouts, décors historiques hétéroclites,
étaient dans l’esprit du moment et contribuaient à recréer une atmosphère
historicisante, très appréciée par ces familles d’Outre-Manche et
américaine.
Une notice, réalisée en 1929, pour la visite touristique du château est tout
à fait surprenante, on y trouve un historique incertain mais une description
assez précise des abords et des pièces visitables. Elle révèle des
changements importants depuis l’état des lieux réalisé en 1794, pour la
vente des biens nationaux provenant d’émigrés. En 1929, l’entrée, se situait
plus au nord, du côté de la chapelle, "on accède à ce manoir par une avenue
qui borde un étang profond", "la grille d’entrée du château est flanquée à
gauche d’une antique chapelle castrale". Les noms des différentes pièces,
"salle des gardes", "salle au pilier", "la vieille bibliothèque", "la
cachette", "la salle à manger", "la salle ronde", "le vieux pigeonnier", "la
tour d’amour, où tour du péché" évoquent un imaginaire troubadour qui est
éloigné de l’inventaire fonctionnaliste des biens des émigrés. L’inventaire
de 1794, note pour le rez-de-chaussée, "un grand vestibule", "un office et
une boulangerie" (aile arrière), "une grande salle", "un grand salon", "un
petit caveau". Les lambris et les cheminées en marbre ou en faux marbre du
XVIIIe siècle ne sont plus toutes en place. Dans la "vieille Bibliothèque"
qui correspond probablement au salon se situe "une superbe cheminée
renaissance" et dans la salle à manger, une "belle cheminée à bas-relief".
Dans le petit caveau, il est fait mention du dépôt de la cloche de
l’ancienne chapelle datée 1694. Dans la salle dite "au pilier" qui
correspond à la cuisine, une colonne torsadée, a été mise en place par les
Gasquet-James, pour soutenir le plafond. La cheminée de cette pièce semble
avoir été habillée également de colonnes, comme en rend compte une gravure
d’Yvan Got. Enfin une nouvelle salle ronde apparaît, vraisemblablement celle
de la tour neuve vers l’ouest, lambrissée "de boiseries remarquables aux
motifs très variés". Enfin, il est dit que la "tour d’amour", située à
l’entrée de la cour aurait été la résidence au XVIIIe siècle, de l’abbé,
Jean-Marie du Chastel, ami de la famille, fils de Jean-René du Chastel,
seigneur de la Rouaudais et d’Anne Marie Moussey de Mauny. Confesseur de
Marie Leczinska puis confident et aumônier de la reine Marie-Antoinette, il
meurt en exil à Jersey, le 23 février 1799.
Le logis a été agrandi vers l’ouest d’une aile basse et de deux tours, l’une
de forme carrée, l’autre circulaire, toutes deux coiffées d’un toit conique.
Une aile arrière, en retour sur l’angle, fait également partie d’une
campagne d’agrandissement qui reprend le style des lucarnes du logis
principal. Le logis principal présente un plan relativement courant, dit en
T renversé. Présence d'un contrefort à l'angle sud-est de la façade. Une
tour d’escalier circulaire est flanquée au nord-ouest de l’aile arrière sur
laquelle est venu se greffer un corps de latrines en appentis, transformé
depuis. Un pavillon s’est accolé au nord-est de l’aile arrière et forme un
ajout au plan initial. A l'intérieur le vestibule donne accès aux pièces du
rez-de-chaussée et à la cave située sous l'ancien salon (pièce occidentale).
D’après Monier: "Les pièces du manoir, au rez-de-chaussée renferment des
cheminées monumentales superbes, avec des hottes et des jambages sculptés.
L’une d’elles, visiblement rapportée, montre de gracieux putti en
haut-relief agitant des rubans et unis avec des guirlandes de fleurs et de
fruits". Décor de la porte d’entrée: cariatides en gaines soutenant un
entablement surmonté d’un cadre dans lequel s’insère des armoiries bûchées.
Dieux lions affrontés en support du blason. Les deux appuis des fenêtres
ornées du rez-de-chaussée sont sculptés de godrons. Les linteaux et
encadrements sont différents, pour celle de l’est, décor de style
renaissance avec angelots et pilastres ioniques arasés, pour celle de
l’ouest une accolade fortement mouluré de part et d’autre deux décors
incomplets. Fenêtres de l’étage à accolade, se mêle un décor héraldique
d’hermine et de fleur de lys à d’autres fleurs et des motifs géométriques,
losanges, cabochons.
La chapelle est de plan rectangulaire avec un chevet à pans coupés. Façade
principale nord de style gothique flamboyant remployée. Porte à accolades
gothiques avec fleuron, feuilles retournées et pinacles. Au-dessus des
armoiries sculptées timbrées d’une couronne de marquis, reprenant sans doute
les armes des du Chastel qui portaient: "de gueules au château donjonné de
trois tours d’or, supporté par deux lions affrontés de même". La façade
ouest sur la cour présentait avant la restauration du XXe siècle, une porte
ogivale qui a été remplacée par une porte rectangulaire faite de remplois de
pierres anciennes. Au-dessus se situe une fenêtre, remploi également d’une
niche de style gothique. Remploi également d’une ancienne baie au sud. La
description de 1794 de l'aile est sur la cour indique "un embas, chambre,
cabinet et grenier au-dessus, une grande écurie au bout et grenier
au-dessus". L’escalier latéral, de facture ancienne, avec sculpture de chien
est un remploi provenant d’un autre édifice. La tour de l'entrée est
l'ancienne tour d’habitation éclairée par trois travées de baies. Dans le
fronton se situe un buste de femme de profil, avec riche costume, manche à
crevés renaissance. La description des communs de 1794 indique "un logement
consistant en un embas avec cheminée, une remise au bout, deux greniers et
un fruitier au-dessus du tout. A la suite de la remise et l’ancienne écurie,
est une étable au bout avec un grenier sur les deux, au bout occident de la
maison principale est un hangar construit en bas-côté donnant sur le jardin
de derrière". La porte de la remise est ornée d’un fronton triangulaire de
style renaissance. Création de deux lucarnes très ornées de style gothique
au XIXe siècle, l’une sur la cour, l’autre sur l’entrée. On accède aux
jardins par une porte, fermée d’une grille en fer forgé, encadrée de piliers
couronnés de vases de fleurs sculptés. Colombier circulaire en place. (1=
Éléments protégés MH : le château de la Conninais en totalité : inscription
par arrêté du 28 septembre 1926.
château de la
Conninais 22100 Taden, propriété privée, ne se visite pas.
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous. Nous remercions chaleureusement
Monsieur Bernard Drarvé pour les photos qu'il nous a adressées afin
d'illustrer cette page.
A voir sur cette page "châteaux
des Côtes d'Armor" tous les châteaux recensés à ce
jour dans ce département. |
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