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Le
projet initial daté de 1773 est dessiné par le commandeur Louis de Brilhac.
Ce dernier issu d'une famille de parlementaires, propose ses talents
d'architecte à sa parenté et à une clientèle d'amis et conçoit les plans de
plusieurs hôtels particuliers et châteaux bretons. De la comparaison de ses
différents projets conservés aux archives départementales d’Ille-et-Vilaine,
ressort une grande homogénéité. Louis de Brilhac adopte un parti
architectural d'une harmonieuse simplicité où l'on reconnaît sa prédilection
pour les avant-corps centraux couronnés d'un fronton triangulaire flanqué
par des œil de bœuf. L'élévation qu'il propose du côté de la cour et du parc
demeure en partie exécutée. La distribution dénote un nouveau mode de vie
correspondant davantage à une maison de villégiature tournée vers la nature
et le paysage.
Il est possible qu'à l'origine un site de motte ait existé au nord du parc
comme semble l'indiquer, sur le cadastre de 1833, le tracé semi-circulaire
de l'ancienne route communale qui devait vraisemblablement le contourner. Le
toponyme de la Rivière indique probablement la proximité d'un ancien cours
de la Rance; le cours actuel étant distant du site de plus de 800 mètres. La
présence dans le site du Marais tout proche de plusieurs cours d'eau encore
figurés sur le cadastre ancien confirmerait cette hypothèse. Les vestiges de
l'ancien manoir conservé jusque dans les années 1950 en faisaient remonter
la construction au XVe siècle et XVIe siècle. Des photographies anciennes
font apparaître les vestiges d'un logis bas accosté d'un pavillon à étage
dont la porte surmontée d'un arc en accolade est encore gothique tandis que
la corniche, la lucarne et la souche de cheminée sculptée présentaient les
caractéristiques du XVIIe siècle que l'on retrouve notamment dans les belles
maisons rurales du bourg. La terre de la Rivière passe probablement au XVe
siècle entre les mains de la famille Hingant. Jean Hingant, seigneur de Hac,
sur la paroisse du Quiou, chambellan de Jean V de Bretagne, personnage riche
et influent, constructeur de l'actuel château de Hac eut différents conflits
avec le baron de Coëtquen, en raison des terres qu'il possédait sur
Tréfumel, paroisse dont le seigneur de Coëtquen était suzerain. Ces
éléments développés par Michael Jones dans sa notice historique sur le
château de Hac justifient la présence d'une dalle funéraire du XVe siècle
aux armes des Hingant dans l'église de Tréfumel. La terre de la Rivière
était détenue des le milieu du XVIIe siècle par la famille de la Bintinaye,
anciennement possessionnée dans la paroisse de Toussaints à Rennes. César de
la Bintinaye acquiert le 17 mai 1656 par sa femme Claude de la Mettrie, la
terre et seigneurie noble de la Rivière en Tréfumel. Une des deux cloches
conservées actuellement dans l'église sainte Agnès datée de 1662 porte le
nom de sa marraine Claude-Marie de la Bintinaye. Le château actuel qui était
contigu au manoir jusqu'au milieu du XXe siècle est une reconstruction
inachevée de la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Commandé par
Gilles-François de la Bintinaye, vicomte de Rougé, greffier en chef aux
Etats de Bretagne et Marie Angélique Champion de Cicé, son épouse, il a été
construit à partir d'un projet conçu en 1773 par le commandeur Louis de
Brilhac, projet dont les plans et les élévations sont conservés aux archives
départementales d'Ille-et-Vilaine. Les bâtiments de la ferme datent de la
fin du XVIIIe siècle avec des parties de la fin du XIXe siècle, époque à
laquelle on construit également de nouvelles écuries et une serre, ainsi
qu'une grotte de Lourdes. Les vestiges de l'ancien manoir ont été détruits
vers les années 1950.
Le château de la Rivière Bintinaye est implanté dans le centre du village de
Tréfumel en bordure d'un parc paysager dont l'extrémité nord communiquait
antérieurement par une grille avec l'église paroissiale Sainte-Agnès. Le
cadastre de 1833 signale dans le parc la présence de plusieurs bâtiments,
dont deux sont parallèles au corps de logis ainsi qu'une avenue à l'ouest
aujourd'hui disparue, implantée dans le secteur du Marais. Une partie des
dépendances a été maintenue et forme l'actuelle métairie. Hormis la présence
vraisemblable d'une motte se devine également le tracé d'un ancien enclos
seigneurial avec une tour circulaire, vestige probable d'un ancien
pigeonnier qui a été en partie reconstruit de l'autre côté de l'enclos de la
ferme actuelle. Le château déséquilibré par la destruction de l'ancien
manoir est une construction inachevée entièrement bâtie en calcaire
coquillier des faluns dont seuls les chaînages et les encadrements de baies
devaient être apparents. Les deux façades aux travées régulières présentent
quelques variantes, avant-corps, fronton triangulaire regroupant deux
travées au nord, trois au sud. Le tympan sud porte les armes de
Gilles-François de la Bintinaye et de son épouse Marie-Angélique Champion de
Cicé. Cette mise en valeur de la façade sud orientée vers le parc se perçoit
également dans la distribution où les pièces de réception donnent sur le
jardin tandis que les pièces nord sont réservées aux offices et à la
circulation. (1)
château de la Rivière-Bintinaye, rue
de Saint Maden, 22630 Tréfumel, propriété privée, ne se visite pas.
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