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Château des vicomtes d'Aubusson et des comtes de la Marche
 
 

         Le nom d'Aubusson est attesté dès 936 dans le cartulaire de l'abbaye Saint-Martin de Tulle, dans un acte signé de la main de "Rainaldus, vicecomes Albuciensis". En 1069, les sources écrites mentionnent en ce lieu une église (Albuconensis ecclesia) et un château (Albuconii castrum). L'escarpement rocheux où se dressent les ruines du château des vicomtes d'Aubusson et des comtes de la Marche constitue l'un des tous premiers sites d'implantation de la population dans la ville. S'inclinant doucement vers l'ouest, c'est un éperon de confluence de haute valeur stratégique, qui domine de plus de cinquante mètres le carrefour formé par les vallées de la Creuse et le ruisseau de la Ville. C'est la raison pour laquelle il fut occupé dès l'époque gauloise. Il permettait en effet de contrôler l'une des plus anciennes voies de desserte d'Aubusson: l'itinéraire est-ouest qui, venu du plateau du Marchedieu, gagnait la place du Marché et la rue Vieille, avant de joindre le pont de La Terrade pour franchir le fleuve et de poursuivre vers Blessac, Pontarion et Limoges. Les vestiges archéologiques retrouvés sur le site corroborent l'hypothèse de cette occupation très ancienne: les sondages pratiqués en 1967 ont mis au jour, à près de deux mètres de profondeur dans l'enceinte médiévale, des poteries noirâtres à incisions remontant à l'époque de La Tène (300 av JC). De cette même période pré-romaine pourrait également dater le percement de la dépression (connue sous le nom de "Creux du Fossé") qui isole, à l'est, l'ensemble castral du plateau du Marchedieu. D'autres sondages, résultant d'un minutieux travail de fouilles ont exhumé des fondations bien antérieures à la construction du donjon.
La tradition érudite locale (Cyprien Pérathon) atteste, par ailleurs, du remploi, lors de l'édification de ce donjon, de matériaux provenant d'un "castellum romain", reconnaissable à son petit appareil, mais qui pourrait bien être un bâtiment plus ancien. Quelles que soient les origines non encore éclaircies de l'occupation du site, ce dernier devint le siège de la vicomté d'Aubusson à la fin du IXe siècle. Cette vicomté se constitua indépendamment du comté voisin de la Marche, vis-à-vis duquel elle réussit à préserver une relative indépendance jusqu'au milieu du XIIIe siècle. En 1260, les deux territoires furent réunis sous l'autorité d'Hugues X de Lusignan, comte de la Marche, qui acquit la vicomté d'Aubusson. C'est dans l'axe est-ouest de la rue Vieille en direction du faubourg de La Terrade, ainsi qu'autour des fortifications castrales qui en commandaient l'accès, que se développa dès le bas Moyen Age un noyau urbain. Protégée au sud par les puissantes murailles du château, Aubusson se dota au nord, à l'est et à l'ouest d'une enceinte murée. Son tracé, parallèle au thalweg du ruisseau de la Ville, était rythmé par une série de portes, dont la toponymie conserve encore le souvenir (rue de la Tour de Milan). Selon Cyprien Pérathon, la construction du donjon carré, encore partiellement visible, daterait du XIe siècle, mais il faut vraisemblablement la situer à la fin du XIIe siècle. L'édification du corps de logis contigu au donjon, dont ne subsistent que deux pans de mur, serait l'œuvre de Jacques d'Armagnac, comte de la Marche et duc de Nemours. Elle remonterait à 1470-1475.
Dès l'origine, l'éperon fut pourvu de deux églises: la chapelle castrale de Notre-Dame-du-Mont, consacrée à la Vierge et édifiée dans l'enceinte du château et l'église Sainte-Croix, située hors de l'enceinte, à la fine pointe occidentale de l'escarpement. Le château des vicomtes d'Aubusson et des comtes de la Marche fut démoli sur ordre de Richelieu à partir de 1632-1633, tout comme de nombreuses forteresses françaises ayant servi aux protestants, en application du traité de pacification d'Alès (1627). Les pierres tirées de cette destruction servirent à la reconstruction du pont de La Terrade, ainsi qu'à l'édification de nombreuses maisons de la ville. L'église Notre-Dame-du-Mont fut préservée, mais fermée au culte. En 1673, elle accueillit le chapitre collégial du Moutier-Rozeille, transféré à Aubusson, qui donna son nom de "Chapitre" à l'ensemble de la colline. La collégiale de Notre-Dame-du-Mont fut finalement détruite en 1808. En 1885, une association créa le musée d'Aubusson, qui fut installé dans les ruines du château. Ce musée ferma ses portes en 1938, à l'initiative de Maurice Dayras. Le cadastre napoléonien montre que des constructions sont venues s'implanter sur les flancs de l'éperon rocheux du château à partir du XIXe siècle, dénaturant la perception de son ensemble et banalisant progressivement le site, devenu un lieu de promenade. La protection de la colline du Chapitre au titre des sites classés dès le 1er février 1937 et l'inscription des vestiges fortifiés sur l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1964 n'ont pas réussi à endiguer cette évolution.
Doté d'un rôle stratégique majeur de part sa situation en limite de province, l'ancien château d'Aubusson était érigé sur un site défensif naturel constitué d'un éperon rocheux dominant la vallée de la Creuse et le ruisseau de la Ville, renforcé par des enceintes et des fossés qui le séparaient du plateau du Marchedieu. D'après un dessin ancien (XVIIe siècle) de François de la Pointe conservé à la Bibliothèque Nationale de France, la forteresse occupait toute la terrasse que l'on observe aujourd'hui et avait la forme d'un ovale allongé, dont le grand axe mesurait plus de 110 mètres. Le château possédait un donjon carré, bâti en pierres de grand appareil en granit sur un socle saillant, dont les quatre faces étaient rythmées par des contreforts massifs. Attenant à ce donjon se trouvait un grand logis cantonné de tours semi-circulaires coiffées de toitures en poivrière. Le château était chemisé d'une enceinte à tours rondes, qui ceignait le sommet arasé de l'éperon et était protégée de tous côtés par des fossés abrupts. L'entrée se faisait à l'opposé de l'église Notre-Dame-du-Mont, c'est-à-dire à l'est, vers l'accès actuel au site. A cet endroit, le fossé était enjambé par un pont, lui-même gardé par un châtelet, que le dessin de La Pointe représente sous la forme d'un étage de maison coiffé d'une toiture en bâtière, surmontant un passage couvert voûté en plein cintre, par lequel on pénétrait dans le complexe. Le dessin montre également quelle était l'architecture de l'église Notre-Dame-du-Mont, dont il ne subsiste plus rien aujourd'hui: il s'agissait d'une construction romane, dotée d'une tour-porche quadrangulaire centrale à trois niveaux d'élévation, d'une nef à collatéraux et d'un chevet avec des absidioles. Les restes les plus visibles du château se trouvent aujourd'hui sur la face sud du site: le soubassement du donjon roman, du logis attenant et des courtines rythmées de contreforts.
Les vestiges du donjon, datés du XIIe siècle, se présentent sous la forme d'une tour carrée de onze mètres de côté, sur une hauteur de dix mètres environ, bâtie en moellons de granit soigneusement taillés et appareillés. Cette tour repose sur un socle saillant et quatre contreforts plats flanquent chacun de ses côtés. Elle est percée à intervalles réguliers de petites ouvertures carrées disposées parallèlement. Sur sa face ouest, on note la trace du toit d'une construction qui devait être appuyée sur le donjon, mais qui a disparu. A l'ouest, contigus au donjon, subsistent deux pans de mur d'un bâtiment plus tardif: le logis du XVe siècle. Sur celui du sud se superposent deux baies à embrasures à arc surbaissé, dont l'une a conservé sa croisée et l'autre ses sièges de pierre. Ce pan de mur est également percé, à l'étage, d'une fenêtre plus modeste, dont l'encadrement s'orne d'un arc en accolade. Sur sa face intérieure, ce mur présente un bel appareil quadrangulaire régulier, tandis qu'à l'extérieur, son appareil est irrégulier, sauf à l'angle et aux encadrements, ainsi qu'à la séparation du rez-de-chaussée et du premier étage, marquée par un biseau. A l'est, une courtine partant du donjon se dirige vers une tour de flanquement. Elle correspond à l'ancien mur de soutènement de l'enceinte médiévale qui ceignait autrefois l'ovale du château et de l'église castrale. Ce mur est renforcé par quatre contreforts en pierre d'appareil, le dernier, à l'extrémité est, étant le plus imposant. La facture des trois premiers contreforts, qui se distinguent par une moulure de raccordement en quart de rond, fait penser à celle du donjon : la portion de courtine à laquelle ils se raccordent pourrait donc dater du XIe siècle. En revanche, à partir du troisième contrefort, la courtine serait postérieure et très certainement contemporaine de la construction de la tour de flanquement qu'elle rejoint à l'est. Cette dernière a conservé deux archères en forme de longue fente étroite. Elle pourrait avoir été édifiée au XIVe siècle, à la suite du siège d'Aubusson par les troupes anglaises du Prince Noir (1357). Elle commandait le chemin de ronde inférieur du château, tourné vers la Creuse. (1)

Éléments protégés MH : les vestiges du château sur la colline de Marchedieu ou du Chapître : inscription par arrêté du 8 février 1964.

château des vicomtes d'Aubusson et des comtes de la Marche 23200 Aubusson, propriété de la commune, vestiges visitables.

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Crédit photos : Wisi eu sous licence Creative Commons
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   source de l'historique : https://inventaire.nouvelle-aquitaine.fr/dossier/chateau/53eba6c1-45b6-4e4b-aabc-c5eceb8f09c2

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