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Un château fort
vraisemblablement antérieur au Xe siècle existait à l'emplacement du château
actuel. Ce château primitif a été détruit par les Anglais au cours de la
guerre de Cent ans, si bien que peu avant le milieu du XVe siècle Charles
VII donne son accord pour sa reconstruction. Cette autorisation a été
confirmée par le Comte de la Marche Bernard d'Armagnac auprès de Jean de la
Marche par lettre patente du 22 juillet 1444. Cette lettre précise que le
seigneur peut réédifier: tours, tourelles, fossés, pont-levis, créneaux,
mâchicoulis et autres fortifications, ce qui corrobore le fait que l'édifice
était initialement un château fort. Les travaux sont achevés en 1455. Le
colombier est un ajout de la fin du XVIIe siècle, fortement remanié au XIXe
siècle. Les documents attestant du droit de colombier ne sont pas connus
mais il est fort probable que le fief disposait de ce privilège. Dans le cas
contraire, le terme pigeonnier serait alors mieux approprié pour désigner
l'édifice. Des restaurations ont été effectuées au XVIIIe siècle au niveau
du logis, en particulier la réfection de la façade sud. Les bâtiments de la
réserve (grange-étables, sellerie et charreterie) sont des constructions du
XVIIe siècle et du XVIIIe siècle, montrant quelques reprises en brique au
XIXe siècle.
L'édifice dit boulangerie en raison de son fournil, datant probablement du
XVIIIe siècle, a été modifié au milieu du XXe siècle notamment par l'ajout
d'une lucarne passante donnant sur le fenil au sud. Les comtes de la Marche
se sont installés au château de Puyguillon dès le début du XIVe siècle. Le
sieur Morel de la Marche était alors écuyer et seigneur de Puyguillon en
1390. Lui succédent Bernard de la Marche puis ses descendants, qui restent
propriétaires du château jusqu'à la Révolution. Durant la période
révolutionnaire, le seigneur du lieu, Gabriel de la Marche, n'émigre pas et
accueille son beau-frère, Silvain Léonard de Chabannes, dernier prieur de
l'abbaye de Bénévent. Le château revient par héritage à son arrière-neveu
J-B Antoine de la Marche. La mort de ce dernier oblige son épouse Agathe
Faustine de Loubens de Verdalle à mettre en vente l'édifice en 1865. Après
plus de cinq siècles de présence des comtes de la Marche, le château est
cédé au vicomte Charles de la Celle, qui sera élu maire de Fresselines de
1873 à 1878 puis à nouveau en 1892. En 1913, son fils Henri, sensible aux
progrès techniques de son temps, décide de mettre en place dans sa propriété
un système d'éclairage électrique grâce à l'énergie hydraulique générée par
le moulin du hameau de Puy Guillon (jadis Puyguillon), qui dépendait du
château. Le cadastre de 1826 fait apparaître une extension carrée du logis
au nord-ouest ainsi qu'une enceinte conséquente au sud, où se trouve le
promontoire (ou terrasse) dominant à la fois la Creuse et le ruisseau de
Pierrefolle. Toutes les parties constituantes figurent sur le document. Le
château s'est illustré dans l'histoire de la Creuse du XXe siècle puisqu'il
abritait en 1944 le poste de commandement du bataillon Anne des Forces FFI.
Situé dans le village éponyme, le château de Puyguillon se trouve sur un
promontoire au nord du bourg de Fresselines, au-dessus de la confluence du
ruisseau de Pierrefolle et de la Petite Creuse. Il était autrefois flanqué
au nord par le fief de Pierrefolle, au sud par ceux des Saint-Maur de Vervy
et des d'Assy de l'Age-Champroy. Le logis du château se compose d'un corps
central de plan rectangulaire, flanqué au nord et à l'est par deux tours
auxquelles s'ajoute au milieu de la façade sud-est une tourelle d'escalier
engagée. Les chaînes d'angle sont en pierre de taille (granite), tout comme
l'intégralité des encadrements, par ailleurs harpés. La façade sud, de cinq
travées sur trois niveaux, ne comprend qu'une entrée ornée d'un linteau
droit chanfreiné portant les inscriptions: L 1736 B. Les entrées des premier
et deuxième niveaux sont également chanfreinées. Le troisième niveau est un
étage de comble ouvert par trois lucarnes à fronton, dont une récemment
restaurée à l'ouest. Ces niveaux sont desservis par un escalier en vis
éclairé par quatre étroites baies (deux meurtrières rectangulaires et deux
ouvertures carrées dont une est dotée d'un linteau à accolade). A l'est,
l'entrée refaite en pierre appareillée comporte un petit blason sculpté sur
la clé de linteau, sur lequel figurent les armes de la Marche. La plus
grosse tour, au nord-est, présente un plan intérieur hexagonal qui confirme
qu'il s'agit d'une des parties les plus anciennes de l'édifice. Sa toiture
offre par ailleurs trois lucarnes à fronton et gâbles à essentage de zinc,
dont les appuis reposent sur des corbeaux ouvragés. La tour nord-ouest, plus
récente que la grosse tour et dont l'appareil porte les marques de reprises
à diverses époques, se caractérise par une entrée en arc en tiers point et
des jambages harpés. La porte d'accès de la tourelle d'escalier au sud
possède un linteau en accolade avec les armoiries sculptées de la famille de
La Marche, qui porte d'Argent à la bordure de gueules, au chef de même.
Christian Rémy, historien, spécialiste des châteaux et seigneuries, indique
qu'il existe donc une dissymétrie de taille des tours de flanquement liée à
une hiérarchie entre ces deux tours: celle qui accueillait la chambre du
seigneur est plus volumineuse que l'autre et fait office de véritable tour
maîtresse. D'après l'auteur, ce procédé serait voulu par le constructeur du
château, mais il se rencontre sur d'autres sites dans des cas d'antériorité
de la grosse tour. La jonction avec le corps central au nord atteste que ce
dernier a été agrandi, s'adossant aux tours existantes. Ces remaniements
sont visibles à la jonction avec la grosse tour: les latrines médiévales
sont partiellement absorbées dans l'appareil du mur de la façade nord. La
toiture du corps central, à quatre pans, est couverte en tuile plate sur les
faces surmontant les murs gouttereaux et en ardoise sur les croupes
au-dessus des pignons. Les trois tours, dotées de corniches profilées en
doucine, sont couvertes d'un toit en poivrière couvert en ardoise et sommé
d'une girouette.
Au nord de cette construction se trouvent les dépendances dites ferme du
château. Tous les bâtiments qui composent cette ferme sont bâtis en moellon
de schiste et gneiss partiellement enduit, avec des chaînes d'angle et une
partie des encadrements en pierre de taille de granite et les autres
linteaux en bois. Tous sont couverts en tuile plate, sauf la boulangerie
dont la toiture a été refaite en tuile mécanique. Au nord, la grange-étable
se composait à l'origine d'une grange-étable pour les vaches et d'une étable
à cochons. Une pièce à l'est servait de remise. Le bâtiment se distingue par
la présence d'une porte en plein-cintre et d'une petite baie carrée toutes
deux chanfreinées. La lucarne passante située près de cette porte (et qui
figure sur les cartes postales anciennes) n'a pas été conservée lors de la
réfection de la toiture. L'étable à cochons qui était accolée contre le
pignon ouest est ruinée, tandis que le pignon est a été entièrement refait
(enduit total). L'édifice situé au sud-est de la grange-étable abritait à la
fois une charreterie, une sellerie et les écuries du château. Le pignon nord
est doté d'une lucarne passante dont l'accès est assuré par un escalier
tournant. Les portes de la sellerie et des écuries comportent des linteaux
en arc segmentaire. Un épi de faîtage en zinc subsiste au nord de la toiture
à quatre pans. Derrière le logis, vers l'ouest et légèrement en écart, se
dresse un colombier. De plan circulaire, l'édifice est ceinturé par un
larmier dont la saillie empêchait l'ascension des prédateurs. Néanmoins,
l'utilisation du bâtiment comme logement au XIXe siècle a induit la pose de
deux planchers pour créer des étages et de deux ouvertures supplémentaires
encadrées en briques qui interrompent le tracé du larmier. Pour les mêmes
raisons, à l'unique porte à linteau droit chanfreiné situé au sud-est s'est
adjointe une porte donnant sur le premier étage, accessible à l'est par un
escalier construit grâce au réemploi des marches d'un escalier en vis. La
toiture coiffée en poivrière, couverte en ardoise, est surmontée par un
lanternon caractérisé par des ardoises en écaille et sommé d'une girouette.
A l'intérieur du colombier, les boulins ont été rebouchés.
L'édifice situé au sud-est de la grange-étable abritait à la fois une
charreterie, une sellerie et les écuries du château. Le pignon nord est doté
d'une lucarne passante dont l'accès est assuré par un escalier tournant. Les
portes de la sellerie et des écuries comportent des linteaux en arc
segmentaire. Un épi de faîtage en zinc subsiste au nord de la toiture à
quatre pans. Le potager clos présente une entrée à linteau droit à accolade
à l'est de sa clôture, face à la charreterie. Une partie du tracé de
l'enceinte ancienne du château est visible au niveau du soutènement de la
terrasse, en particulier au sud et à l'ouest. Cette enceinte se compose de
deux niveaux de murs minutieusement appareillés en pierre sèche. Le plan
parcellaire cadastral de 1826 montre que ces vestiges étaient bien plus
importants à cette date. Ils sont reconnaissables grâce à une avancée en
demi-cercle qui existe encore. Sous cette terrasse subsiste par ailleurs une
cave voûtée munie d'une petite niche rectangulaire aménagée pour les messes
clandestines pendant la Révolution. Un bassin rectangulaire ornemental avec
fontaine a été aménagé au siècle dernier. A l'angle sud-ouest de l'enceinte
gît une cloche en bronze qui témoigne de l'existence d'une chapelle
aujourd'hui disparue et dont il reste également à proximité du potager une
pierre d'autel avec l'emplacement de sa tablette d'office. L'emplacement
exact de cette chapelle n'est pas déterminé. (1)
château du Puy Guillon 23450 Fresselines, propriété privée, ne se visite
pas, visible de l'extérieur.
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