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Le château de
l’Homelière se situe près du bourg d’Augé, entre Plaine et Gâtine, dans ce
qu’on appelle quelquefois le pays des gueurs, c’est-à-dire des rivières et
ruisseaux qui s’écoulent du massif ancien gâtineau vers le sud, entaillant
le pays d’une série de vallons verdoyants et bocagers; Le toponyme "l’Homelière"
(celui qui figure sur la carte de Cassini), "l’Hommelière" ou "l'Houmelière",
avec sa terminaison en ière typique des XVe et XVIe siècles, indique
l’habitation d’un nommé Houmeau. Les premiers habitants de l’Homelière dont
on trouve trace sont les Poussard: Loys Poussard en 1467; Jean Poussard,
mentionné en 1538 dans l’arrière-ban des nobles du Poitou; Loys Poussard qui
fait aveu en 1585 à Charles de Vivonne, sénéchal de Saintonge. A la fin du
XVIe siècle, semble-t-il, la seigneurie de l’Homelière passa aux mains d’un
vieux lignage de petits gentilshommes poitevins: les Clervaux. Ceux-ci vont
marquer les lieux de leur empreinte durant presque trois siècles. Ces
simples chevaliers paraissent avoir embrassé la Réforme dès le XVIe siècle
et, par leurs alliances, vont contribuer à maintenir un point d’appui du
protestantisme à la lisière de la Gâtine. Ce n’est qu’en 1750, à l’occasion
du remariage d’Esther Nérée d’Auzy, veuve d’Hercule Augustin de Clervaux,
avec Nicolas de la Lande, gouverneur de Melle, que la branche familiale
devient catholique. Avec la période révolutionnaire surviennent les
difficultés. La veuve d’Auguste de Clervaux (1743-1777), ancien mousquetaire
de la garde du roi, et ses deux fils aînés, Jean Paul Augustin et Charles
Augustin Jacques, émigrèrent en 1791-1792. Confisqué "pour cause
d’émigration de la veuve Clervaux", le château de l’Homelière est vendu aux
enchères le 8 floréal an II, et acquis pour 29500 livres par le fils cadet
Antoine de Clervaux, resté à Niort. Il épousa Louise Charlotte Jeanne Agathe
d’Auzy (de Suiré de Saint-Gelais) en l’an VI et mourut en l’an XIII (1804);
sa veuve ne réussit à achever de payer le domaine qu’en 1813. En dépit du
retour des trois émigrés, le domaine resta entre ses mains. Son fils aîné,
Charles Louis de Clervaux, s’engagea dans la "Royale", servit en 1823 lors
de la campagne d’Espagne et se retira à l’Houmelière avant son mariage en
1827 avec Louise Aymer de la Chevalerie. Beaucoup de travaux d'aménagement
intérieur et extérieur sont leur œuvre. De ce mariage naquirent quatre
filles dont une seule survécut, Marie Zénobie, qui épousa le baron Henri
Godefroi de Villebois-Mareuil. À sa mort, en 1886, les héritiers vendirent
le château et les terres (173 hectares) à différents agriculteurs. Ainsi
s’achevaient plusieurs siècles d’enracinement familial dans cette demeure et
commençait une longue phase de décrépitude qui dura jusqu’à l’achat, en
1973, par les propriétaires actuels.
Le corps de logis proprement dit s’aligne d’ouest en est, dans le sens de la
pente, sur 50 mètres environ. Il comprend quatre éléments principaux, tous
construits en moellons calcaires, seuls les encadrements d’ouvertures étant
façonnés en pierres de taille. À gauche une tour circulaire de trois
niveaux, soit dix mètres environ; à l’origine couronnée de créneaux, cette
construction reçut, sans doute à la fin du XVIIe siècle, des balustres de
pierre taillée. La partie principale, également sur trois niveaux, présente
une toiture à la Mansart qui associe, comme en d’autres lieux entre Loire et
Gironde, la tuile canal et l’ardoise. La disposition assez régulière des
ouvertures, les lucarnes sommitales aux frontons triangulaires moulurés
coiffés de pots de feux, révèlent un aménagement de façade réalisé sous
Louis XIII ou Louis XIV, seule la porte en bas à droite marquant par son
néo-classicisme le début du XIXe siècle. Cette façade abrite des pièces dont
les décors s’échelonnent entre le XVe et le XVIIIe siècle. L’aile sur
terrasse et sur cave qui se trouve dans le prolongement à droite ne présente
aucun caractère particulier; elle est couverte de tuiles aux rives sur
génoise et ses grandes croisées à la française ouvrent sur les salons du
château, l’un aux boiseries Louis XIII, l’autre Empire. La tour carrée, à
l’extrême droite, indique un remaniement des années 1830: initialement, le
corps de logis principal était relié sans discontinuité aux communs placés
au sud-est. Les propriétaires souhaitèrent équilibrer l’ensemble et
remanièrent l’existant en aménageant cette tour couverte d’une toiture à
quatre pentes en ardoises. Le château constitue une demeure moyenne,
représentative de la petite noblesse rurale et des évènements de l’histoire
régionale et familiale. Son charme provient de sa diversité même et des
frondaisons de cèdres deux fois centenaires sur lesquelles elle se détache.
(1)
château de l'Homelière 79400 Augé, situé au lieu-dit l'Houmelière,
propriété privée, ne se visite pas.
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