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Château de Bressuire (Deux-Sèvres)
 
 

      L’existence du castrum de Bressuire est attestée vers 1050. Le lignage des seigneurs du lieu, les Beaumont, apparaît clairement dans la vassalité des puissants vicomtes de Thouars. L’église Saint-Nicolas du château est mentionnée dans les textes à la fin du XIe siècle. À la fin du XIIe siècle, Thibaud de Beaumont, seigneur de Bressuire, vassal et gendre du vicomte de Thouars, figure parmi les fidèles alliés des Plantagenêts, comtes de Poitou et rois d’Angleterre. À l’automne 1206, le roi Jean sans Terre fait étape deux jours à Bressuire avec son armée. Et en 1214, alors qu’il prépare une nouvelle expédition, il promet d’envoyer une garnison en renfort pour assurer la défense des châteaux de Bressuire et de Thouars: 200 chevaliers, 200 soldats et 20 arbalétriers. Cela témoigne de l’importance de ces deux places fortes. Dans les années 1224-1242, le seigneur de Bressuire reste globalement fidèle au roi Plantagenêt (Henri III), qui lui verse des sommes considérables pour soutenir sa guerre en Poitou. On peut supposer que cet argent a servi au renforcement progressif des fortifications du château. Il est possible que la ville ait bénéficié également de cette campagne de fortification. C’est seulement un siècle plus tard que l’on trouve mention des murs d’enceinte du château et de la ville dans les textes: ils sont dégradés, et le début de la guerre de Cent ans en justifie la remise en état. C’est alors le prince de Galles qui, tenant le Poitou pour le roi d’Angleterre, concède en 1368 une aide pour la mise en défense de Bressuire. Les murailles de la ville cèdent cependant à l’assaut de l’armée française menée par Bertrand Duguesclin en 1371; le château est rendu sans combat.
Une dizaine d’années plus tard, en 1383, le seigneur de Bressuire Louis de Beaumont donne l’ordre d’engager de nouveaux travaux de réparation et fortification "pour l'éminent péril de guerres". Il demande aussi d’installer "canonc, arbélètes et autres armements". La mention de canons attire l’attention: elle montre le souci précoce de se doter d’artillerie à feu. Les travaux engagés en cette fin du XIVe siècle au château ne concernent pas seulement la fortification mais également les logis. En 1420, Guy de Beaumont, seigneur de Bressuire, est nommé chambellan et conseiller du dauphin Charles. Ce dernier lui accorde pour trois ans le bénéfice d’une taxe sur les vins (le billot) pour "estre convertiz et emploiez es fortiffication, réparacion et autres emparemens de la dicte ville de Bersuyre, et aussi pour avoir canon, engins, poudres, arbalestes, artillerie et aultres habillements de guerre nécessaires pour la tuicion et deffense de la dicte ville de Bersuyre". Ce droit est renouvelé à plusieurs reprises par les rois de France, jusqu’à la fin de la guerre de Cent ans. En 1438, les bénéfices de cette taxe sont répartis et utilisés précisément entre la fortification de la ville et du château. En 1440, à la mort de son grand-père Guy, Jacques de Beaumont hérite de la seigneurie. Marié en 1451 à la riche héritière de Jean de Rochechouart, il dispose de moyens financiers considérables et poursuit les réparations des fortifications. Parallèlement, il engage au château des travaux pour en améliorer la résidence. En 1457, Charles VII octroie aux habitants de la ville et châtellenie de Bressuire un impôt de 100 livres tournois par an pour les réparations et fortifications de la ville et du château.
À la mort en 1492, Jacques de Beaumont, sénéchal de Poitou, laisse la seigneurie à sa fille aînée Jeanne; qui la transmet à sa fille, épouse du puissant Pierre de Laval. Le couple ne réside pas au château de Bressuire. Les comptes de la seigneurie ne mentionnent que quelques menues dépenses. Bressuire passe avant 1544 à Gilles de Laval, puis à René de Laval qui en rend l’hommage en 1560 et Jean de Laval en 1572. En 1581, la baronnie est vendue au colonel Philippe Strozzi, qui ordonne de "faire toutes les réparations nécessaires au château". À sa mort, Bressuire revient à sa nièce, dont le mari Scipion de Fiesque fait réaliser quelques restaurations au château dans les années 1580. En septembre 1588, les Huguenots entrent dans la ville de Bressuire. En cette période des guerres de religion, le château semble être déjà en état de défense et ses murailles bien défendues puisqu’on se contente d’y ajouter des claies "pour aller d’une tour à l’autre". En 1605, François, comte de Fiesque rend hommage à la duchesse de Thouars, pour son "chastel et ville de Bressuyre contiguz et se tenant l’ung l’autre et tout ainsi qu’ils sont entretenuz de fossez, murailles, ponts levys, tours, flancs, machicoullys, carneaux, canonnières, arbalestriers et toutes aultres espèces de forteresse". Des travaux sont engagés en 1611 dans les logis, et en 1614 pour la remise en état des fortifications de la ville et du château. En 1659, un bail énumère au château les "fossés et terres y attenant qui jadis servoient de demy lune et aultres fortiffications pour la deffance dicelluy". Cette mention témoigne de l’existence de lignes de défense en terre au devant des murailles.
Dans le dernier tiers du XVIIe siècle une véritable campagne de restauration est engagée dans les logis, sur l’initiative du nouveau propriétaire, Philippe de Courcillon, marquis de Dangeau. Le 30 mars 1730, une tempête renverse les logis du château. Les années qui suivent voient le démontage progressif des bâtiments qui menacent encore de s’effondrer. Un état des lieux dressé vers 1754 confirme que "le château est absolument en ruine". En mai 1777, la baronnie de Bressuire est vendue à Jean d’Abbadie qui fait transférer les archives seigneuriales dans son château de Saint-Loup. Le château de Bressuire est ruiné et abandonné. Dans le cadre des guerres de Vendée, il reste ignoré des belligérants, alors que la ville est incendiée en 1794. Toute l’élévation du logis sud s’effondre en janvier 1876. Le château est acheté alors par Bathilde Bernard, qui fait raser l’ancien bâtiment et construire une demeure bourgeoise avec les matériaux de démolition. Le site est de nouveau habité et ses abords entretenus. À la fin du XIXe siècle, Raymond Barbaud fait entreprendre des fouilles massives parmi les décombres des bâtiments. Il dresse ainsi le plan d’ensemble du château et réalise des plans de détail, coupes et élévations restituées de plusieurs tours. Après la publication de Bélisaire Ledain, celle de Raymond Barbaud, qui paraît en 1903, attire l’attention sur l’intérêt historique et archéologique du château. La famille Bernard conserve le château pendant un siècle et le vend en 1974 à la municipalité de Bressuire.
Le château de Bressuire est élevé à l’ouest de la ville, sur un plateau granitique dans une boucle du Dolo. Ce site d’éperon barré semble avoir été occupé dès la préhistoire. La rivière était contenue par deux chaussées de pierre, le Peyré au sud, et le Jabard à l’ouest, de façon à former des étangs. Le château lui-même est formé de deux enceintes concentriques, qui se développent vers le plateau et la ville.
La première enceinte, le donjon et sa "chemise". La première enceinte, de plan semi-circulaire, se referme sur le bord du plateau rocheux, au sud. Sur ce front dominant la rivière, s’élève un manoir reconstruit au XIXe siècle à l’emplacement des logis de la fin du Moyen Âge. Un pan de mur ruiné, au sud-ouest, serait le seul vestige d’une tour maîtresse de l’époque romane, ce qui ne peut être vérifié sans une nouvelle étude archéologique. Les vestiges découverts en fouille par Raymond Barbaud correspondent à un édifice de plan rectangulaire (20 m x 12,50 m). Il est bien difficile de confirmer aujourd’hui ces données. À l’endroit où Barbaud localise le donjon roman, Ledain situe une chapelle avec une porte à deux archivoltes en arc brisé sur colonnettes. La première enceinte est flanquée de sept tours rondes et pleines de 8 mètres de diamètre. Deux d’entre elles, la tour de Lany, et la tour du Trésor, ont été annexées par les logis de la fin du Moyen Âge et surélevées pour accueillir des salles. À l’origine, toutes ces tours devaient former en leur sommet de vastes plates-formes défensives desservies par le chemin de ronde des courtines. La muraille d’enceinte ne laisse apparaître aucune ouverture de tir, ce que Barbaud justifie par son doublement extérieur. La cour intérieure est remblayée sur une hauteur d'environ 1,50 mètre, masquant d’éventuelles ouvertures.
La porte d’entrée de la première enceinte est ouverte au sud est; elle est formée d’un long passage dont les agrandissements successifs correspondent à différentes phases de construction. La porte originelle est un simple massif carré encadré de contreforts. Le passage voûté en berceau est défendu par un assommoir. Cette porte très simple, dépourvue de herse, peut être datée de la fin du XIIe siècle. Le passage a été prolongé et doublé d’une seconde porte, avec vantaux et herse, contre la courtine sud. L'épaisseur du mur, au nord, renferme un petit réduit voûté desservant quatre archères, dont une frontale. Cette petite gaine défensive est encore accessible, mais ses fentes de tir ont été condamnées par le doublement du mur, sur épaissi au XVe siècle, surélevé et doublé d’une couronne de mâchicoulis sur consoles en partie haute. Les ouvertures ont été réduites à de simples trous d’évents, encore visibles sur le parement externe. Cette nouvelle porterie intègre un accès à la tour voisine, une poterne de plan semi-circulaire adossée à l’enceinte. Un second accès, depuis la basse cour, rejoint le premier. Ainsi, sans avoir à abaisser le pont-levis qui ferme la porterie, un piéton peut circuler de la première ou de la seconde cour directement à l’extérieur du château. Au-dessus du passage d’entrée, la porterie comprend encore deux niveaux, dotés d’archères; mais les restaurations radicales dont ils ont fait l’objet interdisent toute analyse. Une seconde enceinte, de plan quadrangulaire irrégulier, entoure la première, enfermant plus de quatre hectares. Elle est flanquée de tours rondes, sauf sur le front sud, où le château est naturellement protégé par l'escarpement du terrain et la boucle du Dolo. Dès l’origine, l’enceinte apparaît dotée de tours pleines ou creuses, de quatre à six mètres de diamètre entre lesquelles sont parfois percées des archères, directement dans la muraille. Dans un second temps, de nouvelles tours ont été ajoutées à l’enceinte, sur les fronts nord et est, de sorte que l’espacement entre deux ouvrages n’excède pas huit mètres. Ces deux phases de construction se sont succédé rapidement.
Les tours pleines, quoique d’un diamètre inférieur à celui des tours de la première enceinte, relèvent d’une même conception : de plain-pied avec le chemin de ronde des murailles voisines, à une dizaine de mètres de hauteur, elles offrent une terrasse défensive depuis laquelle on pouvait couvrir l’approche des murailles. Les tours creuses, de faible diamètre, possèdent trois niveaux, le second étant ouvert sur le chemin de ronde de l’enceinte et accessible uniquement par ce dernier. Contrairement à l’impression donnée par les travaux de restauration, aucune tour n’était ouverte à la gorge. Elles étaient toutes demi-circulaires, adossées à la muraille d’enceinte. Le faible diamètre des tours, l’absence de voûtes, les ouvertures en plein cintre, la rareté des talutages, constituent autant d’archaïsmes qui nous invitent à dater l’ensemble de la première phase de construction du tout début du XIIIe siècle. Cette campagne vise à renforcer les fortifications. On ne note ni cheminée, ni latrines. La multiplication des archères est remarquable. Elles sont toutes à niches en plein cintre, et fente de tir rectangulaire, couverte d’un linteau droit, et dotée d’une allège. Les encadrements des ouvertures sont soigneusement appareillés, en pierre de taille de granit. Ces archères font partie des plus anciennes que nous pouvons voir en Poitou. Certaines présentent quelques perfectionnements pour améliorer les conditions de tir, comme une fente de visée, ou un étrier circulaire ou triangulaire.
La porte d’entrée principale du château, est située à l'angle nord-est de la seconde enceinte, vers la ville. Il s’agit d’une grosse tour de plan semi-circulaire de seize mètres de diamètre, percée d'un passage voûté. Selon Barbaud, la première porte aurait été constituée de deux tours rondes flanquant le passage d'entrée, englobées dans un seul ouvrage au XIVe siècle. Nous pensons au contraire que l'ouvrage d'entrée était dès l'origine une tour ronde percée d'un simple passage encadré de deux étroites pièces de plan semi-circulaire. Ces retraits voûtés en demi berceau peuvent correspondre à de petites salles de tir, flanquant les abords de l’entrée ; mais il n’y a aucune trace d’archères percées vers le passage. La tour primitive est encore bien lisible en partie haute. Dans un second temps, la porte est renforcée, simplement englobée dans une tour plus grosse de même plan. Une herse est aménagée à l'entrée, fermée par des vantaux et le tablier du pont venant s'encastrer dans la feuillure rectangulaire visible sur la porte. Les deux phases de construction peuvent être attribuées au début du XIIIe siècle. Le sol de l’entrée a été décaissé au XIXe siècle, sur plus d’1 mètre de hauteur. Au-devant de la porte existait une barbacane circulaire en maçonnerie dont Barbaud a retrouvé les vestiges en fouilles. Les dispositions en sont bien lisibles sur l’ancien cadastre. Il s’agit d’un ouvrage important, détaché de l’enceinte, avec porte latérale, et flanqué de cinq petites tours face à l’attaque. L’une de ces tours était encore en élévation lorsque Bélisaire Ledain la décrit, avec des archères. Barbaud la relie à une troisième enceinte avec tours à archères ce qui est douteux. L’existence d’un rempart ou d’une fausse braie sur le front est n’est cependant pas à exclure.
Une seconde porte de plan circulaire existe à l’angle sud-ouest de l'enceinte : la tour du Corbin. Il s’agit d’une poterne, dont le passage étroit, ne permettant que l’accès des piétons, s’ouvre sur la campagne à flanc de coteau. Des terrassements au-devant de la tour laissent supposer un aménagement pour franchir les fossés. La façade conserve la feuillure sur laquelle venait s’appliquer le tablier du pont-levis. Il était relevé par une chaîne qui passait par un trou au-dessus de l’entrée. Le passage d’entrée, voûté en berceau, est sensiblement coudé; Barbaud voyait là une reprise de construction, que nous n’avons pu vérifier: la tour aurait englobé une première porte percée dans la muraille, et la tour voisine qui la défendait. La partie supérieure est aménagée en pigeonnier au début du XVIIe siècle. La tour de la Fontaine englobe également une ancienne porte protégée par un large assommoir. Cette poterne, qui sortait au fond du fossé, pour donner accès à une source, est dépourvue de herse. Dans un second temps, elle est fermée par un mur percé d’une archère. Enfin, ce n'est que dans une troisième campagne qu’est construite une grosse tour de plan semi-circulaire englobant l'ancienne porte, et la fontaine. Le mur fermant la poterne est alors doublé, et l'archère transformée en une simple et mince fente de jour. Le premier étage, dont le carrelage existe encore, communique avec le chemin de ronde des courtines par deux portes. Il dessert trois longues archères. Un pilier central porte le plancher du second étage, s’ouvrant sur quatre archères à l’extérieur, et une large baie sur la cour, restituée récemment avec un curieux pilier. Certaines caractéristiques originales (les tours portes de plan circulaire, les archères à niches, à étrier et fente de visée) placent clairement le château de Bressuire parmi les forteresses majeures bâties par les Plantagenêts au début du XIIIe siècle. (1)

Éléments protégés MH : le château, ainsi que les sols correspondant à son emprise, y compris les fossés : classement par arrêté du 30 avril 1996.

château de Bressuire 79300 Bressuire, tel. 05 49 65 10 27, ouvert au public du 1er avril au 30 septembre de 8h à 23h et du 1er octobre au 31 mars de 10h à 20h, propriété de la commune.

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Crédit photos : Hal Eksandr et Twingoman sous licence Creative Commons
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    source de l'historique : https://inventaire.nouvelle-aquitaine.fr/dossier/chateau/53eba6c1-45b6-4e4b-aabc-c5eceb8f09c2

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