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Le château de Coulonges-les-Royaulx (désormais
Coulonges-sur-l’Autize) a été construit par la famille d’Estissac,
propriétaire de la seigneurie à partir du XVe siècle. Détruit en grande
partie, le château Renaissance présente aujourd’hui un bâtiment en équerre,
deux pavillons ainsi que les vestiges des pavillons sud-ouest et nord pris
dans les bâtiments postérieurs. Le décor architectural (intérieur et
extérieur) qui a fait la réputation du château des d’Estissac a été démonté
à partir de 1849 par l’aquafortiste Octave de Rochebrune qui le fit
transporter et remonter dans son château de Terre-Neuve à Fontenay-le-Comte.
Bien que Geoffroy d'Estissac, évêque de Maillezais, ami et protecteur de
Rabelais , soit jusqu'à sa mort, en 1542, seigneur de Coulonges, c'est son
neveu, Louis, qui s'affirme le commanditaire du château de Coulonges, tout
en profitant de l'érudition du cercle de son oncle. Une aile nord-ouest fut
probablement projetée mais sa réalisation effective reste hypothétique ; le
château, alors achevé, aurait présenté le parti sur plan carré adopté à
Ecouen et à Ancy-le-Franc. Trois pavillons subsistants ponctuent fortement
l'ensemble. La présence de ces éléments novateurs dans l'évolution du
château français autour des années 1538-1540 évoque Ecouen ou Ancy-le-Franc,
soulignant l'importance du projet architectural de Louis d'Estissac. L'étude
précise de ces pavillons a permis à R. Levesque de rattacher le début de la
construction au pavillon sud-est qui relie les deux ailes subsistantes.
Celui-ci en effet diffère de l'ensemble par l'absence de moulurations
horizontales qui sépare les niveaux et présente trois baies côté jardin dans
la tradition du XVe siècle.
Les travaux débutèrent vers 1538 par ce pavillon, mais l'arrivée, autour de
1540, d'un nouvel architecte entraîna une rupture. Chaque aile du château
comportait un rez-de-chaussée (une galerie occupait celui-ci à l'aile sud),
un étage et un comble éclairé par des lucarnes à frontons triangulaires.
Soulignant l'horizontalité des façades, un large bandeau sépare chaque
niveau. Les ailes sont structurées par une alternance de grands trumeaux de
mur nu et de fenêtres isolées à soubassement en saillie. Les fenêtres à
meneaux encadrées par des pilastres doriques portent un entablement à
métopes lisses et triglyphes. Le logis, dans l'aile est, se distingue par un
pavillon rectangulaire en saillie, formant avant-corps. Deux portes, encore
conservées, sont conçues suivant le même principe que les fenêtres. La
chapelle, située dans l'aile sud, a conservé une grande baie avec le même
décor de cartouches en perspective fuyante, et surtout sa porte extérieure
remontée à Terre-Neuve, datée de 1551, qui se situait sous la galerie formée
de deux vaisseaux très inégaux, couverts de voûtes d'arêtes, reposant sur
des piles carrées, flanquées sur chacune de leurs faces de deux pilastres
doriques. Les arcs avaient reçu un décor de grecques comme sur le porche de
l'escalier, particularité assez peu fréquente dans le décor architectural
contemporain. Le décor de la porte de la chapelle démontre la maîtrise et la
connaissance des mouvements architecturaux contemporains par le
maître-d'œuvre de Coulonges qui s'inspire de Serlio pour l'emploi des
ordres, pour le décor mouluré et pour les chapiteaux des colonnes cannelées
et des pilastres, à une date très précoce. L'escalier principal était situé
dans un pavillon intégré à l'aile est.
Jusqu'à son démontage, en 1860, un porche de plan carré, décoré à l'antique,
précédait ce pavillon relevant d'un type architectural que l'on retrouve à
Villesavin (Indre-et-Loire) et au château du Puy-du-Fou (Vendée). L'escalier
auquel il donnait accès, maintenant détruit, peut être reconstitué grâce aux
gravures d'Octave de Rochebrune. Un escalier droit, rampe-contre-rampe,
desservait le premier et le second étage. Des dalles de pierre portant au
revers quatre caissons carrés formaient le plafond des rampes et des
paliers. Une grande partie des 173 cartouches ont été remontés à
Terre-Neuve. Le répertoire ornemental est constitué par les monogrammes de
Louis d'Estissac et de son épouse Anne de Daillon, cartouches, cuirs
découpés, putti, fleurons. L'originalité de cet escalier est manifeste
lorsqu'on le compare avec celui élevé en 1542 par Claude Gouffier à Oiron,
mais dans le style des années 1520. Deux autres ensembles de caissons
décoratifs sont remontés à Terre-Neuve. Les motifs de ces caissons dérivent
des gravures de l'Ecole de Fontainebleau. Le décor était complété par des
cheminées sculptées dont l'une, remontée à Terre-Neuve, porte la date 1568.
La réhabilitation en cours des cuisines laisse apparaître un plan tout aussi
cohérent que celui du rez-de-chaussée, organisant une succession de trois
salles avec un pilier central sur lequel retombe les arêtes de voûtes
décorées de bandeaux losangés. La circulation s'effectue par des portes en
plein cintre rejetées le long de la façade sur le jardin. Deux escaliers
donnaient accès aux cuisines. Si les façades extérieures du château montrent
une très grande sobriété et un goût particulier pour les ordres antiques, le
décor intérieur avait été particulièrement soigné à Coulonges. Malgré
l'absence sur le lieu même des caissons, du portique, de la porte de la
chapelle, qui nuit à la compréhension du bâtiment, la restauration des
cuisines va donner une nouvelle dimension au château des d'Estissac, point
de départ d'une nouvelle phase d'évolution architecturale, en même temps que
chant du cygne du renouveau architectural en Bas-Poitou. (1)
Éléments protégés MH : les vestiges de la galerie sud, contenus dans
l'entrepôt de l'actuelle droguerie, ainsi que ceux du pavillon d'angle :
inscription par arrêté du 7 juin 1993. Le château, le sol de l'ancienne
emprise du château : classement par arrêté du 29 avril 1994.
château de Coulonges 79160 Coulonges-sur-l'Autize, tel. 05 49 06 10 72,
ouvert du 1er Juillet au 30 aout tous les jours de 14h30 à 18h30 et du 1er
Mai au 30 Juin et du 1er Septembre au 30 octobre sur RDV à prendre à l'hôtel
de ville.
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