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Aubigny était
une forteresse et le siège d'une importante seigneurie dont relevaient 163
fiefs. Les seigneurs d'Aubigny étaient également seigneurs de Faye, autre
forteresse située au-dessus de Nanteuil. Ils avaient droit de haute, moyenne
et basse justice et leurs fourches patibulaires étaient sur le territoire de
Nanteuil à la fin du XIe siècle, Aubigny faisait partie des biens de la
famille Loubet, l'une des plus riches de la région. Elle possédait de
nombreux fiefs dont, entre autres, celui de la Tour-Loubet qui occupait la
plus grande partie de la ville de Saint-Maixent. En 1130, Marguerite Loubet,
dernière héritière de la famille, apporta tous ses biens à Thibaud Chabot
des seigneurs de Vouvant. Dès lors, les Chabot devenaient seigneurs
d’Aubigny et Faye. La Tour-Loubet prenait le nom de la Tour-Chabot. Elle
sera le théâtre de nombreuses bagarres entre les habitants de Saint-Maixent
et les gens d’Aubigny. Pendant quatre siècles Aubigny se transmettra par
mariage. Ce furent d’abord les Rochefort, reconnus comme fondateurs de
l’abbaye des Châtelliers, puis les Vivonne. En 1344, Savary de Vivonne fut
envoyé en Espagne par Philippe VI pour renouveler le traité d’alliance qui
existait entre le roi de France et le roi d’Espagne. Il était accompagné de
l’archevêque de Reims. La chronique rapporte que l’archevêque signa mais que
le sire d’Aubigny mit une croix car il ne savait pas écrire. Le dernier de
cette famille, Jean de Chourses, plus connu dans l’Histoire sous le nom de
Malicorne, était gouverneur du Poitou. N'ayant pas eu d’enfants de ses deux
mariages, il vendit en 1561 à Louis de Rochechouart, gouverneur des enfants
de France.
Celui-ci construisit le logis actuel, répara le donjon, la tour carrée et la
chapelle. Cinq ans plus tard, il mourait sans alliance et laissait ses biens
à son neveu, le fils de sa sœur, René de Villequier. René de Villequier,
vicomte de la Guierche, gouverneur de Paris et de l’Ile-de-France, principal
favori d'Henri III, obtint du roi en 1577 que la seigneurie d’Aubigny et
Faye soit élevée à la baronnie. Ce fut un personnage hors série. De
connivence avec son gendre le marquis d’O, surintendant des Finances, il
abusa des faveurs du roi. Sous un prétexte, il tua sa première femme,
Françoise de la Marck. Cela se passait à Poitiers quinze jours après qu’il
eut reçu des mains du roi, en grande pompe dans la cathédrale, le collier de
l’ordre de Saint-Michel. Le roi pardonna, l’obligea à verser 4000 livres aux
pauvres et fit défense à toutes cours et procureurs du roi de revenir sur
cette affaire. René de Villequier épousa en secondes noces Louise de
Savonnières. Sa fille Catherine, née du premier mariage et veuve du marquis
d’O, épousa Jacques d’ Aumont, fils du maréchal, auquel elle apporta la
baronnie d’Aubigny. Leur fille Anne épousa le marquis du Chatellet, maréchal
de Lorraine, gouverneur et grand bailli d’Allemagne. L'un de ses fils prit
le nom de marquis d’Aubigny. Il doit sa notoriété au fait d’avoir eu une
belle-fille, Emilie de Breteuil, qui sous le nom de marquise du Chatellet,
était l’amie de Voltaire. Il ne devait pas garder Aubigny qui fut vendu en
1744 à François de la Broue de Vareilles. Celui-ci, fils du marquis de
Vareilles, devait être le dernier baron d’Aubigny. Il apporta au château des
aménagements plus ou moins heureux. Pendant la Révolution française il avait
caché les archives d’Aubigny entre deux planchers. Elles sont maintenant aux
Archives de Poitiers. François de la Broue n’avait eu que des filles. C’est
un de ses gendres, le comte de Lestang de Ringère, qui en 1845, au nom de
tous les héritiers, mit le domaine en vente et le morcela. Le château fut
transformé en exploitation agricole et changea de mains plusieurs fois. Il
était en piteux état lorsque, en 1968, M. et Mme de Catalan s’en rendirent
acquéreurs. Ils en ont entrepris la restauration avec soin et goût.
Les bâtiments qu’on voit maintenant sont de trois époques différentes: les
tours, du XIIe siècle et peut-être même du XIe siècle; le logis entre les
tours, du XVIe siècle; la construction qui double le logis, du XVIIIe
siècle. D’après les documents conservés aux Archives de Poitiers, on sait
que l’ancien château muni de remparts était entouré de douves. Sa façade
ouest baignait dans l’étang transformé en jardin au XVIe siècle. Il y avait
deux enceintes et une première cour dont l’entrée subsiste en partie avec un
portail ogival flanqué de deux petites tours (une seule est maintenant
visible). A droite étaient les communs qu'on retrouve dans les bâtiments
actuels. À leur extrémité, du côté de la chapelle, se trouvait une porterie
avec deux tours et pont-levis. Cette première cour était séparée de la cour
du château par une douve dont on voit encore l’amorce. On passait de l’une à
l’autre par un pont-levis. Les infrastructures de deux tours découvertes
dans la première cour permettent de supposer qu’elles étaient les défenses
du pont-levis. Dans la cour du château se trouvaient, outre les bâtiments
d’habitation, le donjon et une grosse tour carrée appelée la Mélusine. Il
reste des anciens remparts les pignons nord et sud des bâtiments actuels. Un
chemin de ronde subsiste du côté sud au-dessus du cachot voûté qui ouvre sur
la cour. Un passage le faisait communiquer avec le donjon.
La chapelle présente la particularité d’être en dehors de l’enceinte. Elle
était richement décorée et possédait une sacristie garnie de boiseries ainsi
qu’une cloche. On voit encore, sur le pignon est, l’ogive qui encadrait le
vitrail. Sur un mur dans le grenier subsistent les restes d’une litre
funéraire aux armes des La Broue de Vareilles. En dessous est un caveau de
caractère roman. Elle a été transformée en maison d'habitation au XIXe
siècle. Le logis fut construit en 1564 par Louis de Rochechouart. Pour la
façade, entre les tours, on utilisa l’ancien rempart. Ce logis était simple.
Il ouvrait par quatre fenêtres sur l’étang et quatre fenêtres sur la cour du
donjon. Au-dessus de la porte de l’escalier était un écusson portant les
armes de Louis de Rochechouart. Cet écusson très martelé menaçait ruine et a
dû être remplacé. Il est conservé dans les réserves du château. Il a été
relevé par Bouneault et figure dans ses dessins. En 1744, François de la
Broue de Vareilles se rendit acquéreur d’Aubigny et l’aménagea au goût de
l’époque. Il fit abattre le donjon, la tour carrée et ce qui restait de
l’ancien château, ne conservant que le logis et ses deux tours dans lequel
il pratiqua de nouvelles ouvertures. Ayant une nombreuse famille, il
construisit le bâtiment qui double le logis, englobant la tour de
l’escalier. Puis il combla les douves et relia les tours par la terrasse qui
ouvre sur l’ancien étang. Aubigny avait définitivement perdu son caractère
de forteresse. (1)
château d'Aubigny 79400
Exireuil, propriété privée, ne se visite pas.
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