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C'est entre 1490 et 1530,
vraisemblablement en deux temps, que fut construit le corps principal de
Maurivet, exemple typique de l'architecture de la Gâtine poitevine et dont
on retrouve, dans le voisinage, des modèles semblables, notamment à
Thénezay, à quatre kilomètres de Maurivet. La façade est percée de façon
irrégulière de croisées ouvrées de motifs sculptés, différents pour chaque
fenêtre et aussi pour la porte d’entrée. La même façade s’orne de mascarons
et des armoiries des deux maisons (Garnier et Cossin de Maurivet)
successivement propriétaires du château. Travail très poussé en ornements à
signaler également: par exemple, la grande horloge dominant le pavillon
central, jadis, sans doute, un cadran solaire. Enfin, les pentes de la
toiture présentent sur leurs deux versants des chiens d’arrêt traités au
naturel dominant les pignons, et des figures de grotesques ou chimères.
Maurivet fut construit par les Garnier, maison qui porte gironné de bezants
d’or et de gueules et compte parmi ses membres les plus illustres Garnier
dit de Naples, dixième grand maître de l’ordre de Malte, qui mourut en 1187
de blessures reçues à la bataille de Tibériade, des troupes de Saladin. Un
autre, Louis, fut ambassadeur de France auprès des Plantagenêt (1419). Dans
sa branche poitevine, la même maison donne Pierre Garnier, capitaine-maire
de Poitiers en 1271. La branche des Garnier de Maurivet s’éteignit avec
Emmanuel François, président à la cour des Aides de Paris, baron de Buillac
et dernier de cette maison à se prévaloir de la seigneurie de Maurivet;
cette terre fut en effet, avec son château et ses dépendances, "saisie
réellement et adjugée par décret aux requêtes du Palais, à Paris", le 20
septembre 1702, au cousin au quatrième degré dudit Emmanuel François
Garnier, Pierre Cossin. Une alliance unissait, en effet, les deux maisons
depuis 1561.
Pierre Cossin, seigneur de la Braudière, lieutenant général du bailliage de
l’artillerie de France (1640-1711), devint seigneur de Maurivet. Depuis
1702, terre et château sont ainsi demeurés dans la même famille. Les Cossin,
seigneurs de la Braudière, de Vousnes, puis de Maurivet, seraient, selon une
tradition qu’il est impossible de vérifier, originaires de la province
d’Aragon. Ils essaimèrent et firent souche en Poitou au XIVe siècle. Deux
d’entre eux furent gouverneurs de Parthenay: Jean Cossin, ainsi que cela
apparaît par un acte de donation de 1363 en faveur de l’église Saint-Laurent
de Parthenay et Etienne Cossin (même témoignage, 1436). Leurs preuves de
noblesse furent admises et enregistrées lors de la maintenue de 1686, ainsi
que leurs armoiries, trois têtes de milan arrachées de gueules sur fond
d’or. Le XVIIIe siècle fut, pour les Cossin établis à Maurivet, une période
de prospérité: les terres furent augmentées, le parc redessiné dans le goût
de Le Nôtre, ainsi qu’en témoigne une gouache en vue cavalière de 1780,
figurant dans les archives de Maurivet. Henri Elie Cossin de Maurivet fit
alors reconstruire la chapelle placée sous le vocable de Notre-Dame de
Pitié, sur les ruines d’un précédent oratoire détruit au cours des Guerres
de Religion, et agrandir le château en flanquant le corps central (datant de
la Renaissance) de deux pavillons. Son fils Louis Joseph y ajouta en 1819
deux ailes basses, sans étage et tout en longueur, pour servir de communs et
fermer la cour du château à laquelle on accède présentement par une grille
séparant les douves en leur milieu, à l'emplacement d’un ancien pont-levis.
Maurivet, situé à l’orée du Bocage vendéen, fut d’autant moins à l’abri de
la tourmente révolutionnaire que ce même Louis Joseph Cossin, de la
compagnie des Mousquetaires Noirs, était aide de camp du général
d’Autichamp. En 1793, le château fut pillé par les Bleus qui emportèrent les
meilleurs meubles. Pendant qu'il participait à l’insurrection vendéenne, sa
femme, Charlotte Louveau de Ligny de la Règle, était emprisonnée à Nantes,
suivie d’une femme de chambre qui, bien qu’enceinte, ne voulut jamais
quitter sa maîtresse, et accoucha en prison. Le 9 thermidor les sauva. (1)
Éléments protégés MH : la cheminée Renaissance au rez-de-chaussée à droite
de l'escalier du corps de logis : classement par arrêté du 4 octobre 1988.
Les façades et les toitures du corps de logis, des pavillons latéraux, des
ailes des communs et des tours encadrant l'entrée, ainsi que l'escalier du
corps de logis : inscription par arrêté du 4 octobre 1988.
château de Maurivet 79390 Oroux, tel. 05 49 63 01 28, ouvert au public,
visites du 8 août au 22 septembre de 9h à 11h et de 14h à 18h.
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