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Le fief de Salles et sa seigneurie sont fort anciens. Il faut remonter au
début du Moyen Age pour le trouver dans les pièces d’archives. La première
pièce que nous connaissons concerne un chevalier de Maintrolles qui était,
au XIIe siècle, seigneur de Salles. Ce dernier rend hommage de vassalité et
obédience à l’abbaye de Saint-Maixent. Il prit part à la quatrième croisade
de 1202 à 1204, et ses armes sont à Versailles (Galerie des Croisades). Son
successeur à Salles semble être le vicomte Aymeri Bar qui était à Salles au
moment de la Guerre de Cent Ans. Le 4 mai 1377, c’est Aymeri Bar qui rend
hommage du fief de Salles au roi de France. Aymeri Bar laisse pour héritier
Jehan de Vasselot et Charles de Sazay qui vendirent la seigneurie de Salles
à Jehan Sangler. En 1489, Salles appartenait à Jacques Gillier, gens d’armes
anoblis en 1379. Ce sont eux à qui l’on doit les bases du château. Tout ce
qui pouvait exister avant le début du X Ve siècle fut rasé; mais que
pouvait-il exister ? On devine que tout a commencé par une motte féodale,
île artificielle constituée par la rivière et des douves protégeant un
réduit central. La famille Gillier apporte donc une architecture gothique
début Renaissance dont une partie est encore visible de nos jours: fenêtres,
portes de tour, escalier en vis. L’un de ces Gillier fit construire une
chapelle avec armoiries dans l’église de Salles. Cette famille fut
d'influence considérable pour la contrée: elle était propriétaire du château
de la Villedieu. Ses armoiries se trouvent ainsi sur la porte gothique du
château, dans les églises de Salles, Sainte-Eanne ainsi que dans l’église
Notre-Dame-la-Grande à Poitiers.
La famille Gillier se fond avec la famille de Sainte-Maure-Montausier avec
le mariage de Louise Gillier en 1572 et de François de Sainte-Maure. Le
mariage eut lieu au Fougerit près d’Amailloux le 23 août, ce qui retint la
noblesse poitevine en Poitou lors de la Saint-Barthélémy et la sauva du
massacre. François de Sainte-Maure, dont nous possédons la pierre tombale
retrouvée lors de travaux dans les douves, était protestant. Il fut
gouverneur de la ville de Saint-Jean-d'Angély et y mourut lors de la guerre
contre la Ligue. Sa veuve se remaria en 1591 avec le seigneur de la
Mothe-Saint-Héray. Léon de Sainte-Maure, né du premier mariage de Louise
Gillier, épouse en 1606 Marguerite de Chateaubriand. En 1610 naît leur fils
Charles de Sainte-Maure-Montausier. En son jeune âge dit Charles de Salles,
il prit le titre de duc de Montausier à la mort de son frère. Duc et pair du
royaume, il fut le précepteur du Grand Dauphin, fils de Louis XIV. Il fut en
cette fonction tout particulièrement remarqué pour sa sévérité. Il épousa la
belle Julie d’Angennes, fille de la marquise de Rambouillet. Ce couple,
possesseur du château, vint souvent à Salles, l’été pendant la belle saison
et au moment des fêtes. C’est au XVIIe siècle et probablement à cette époque
que la deuxième aile du château fut construite, avec modification de la
porte d’entrée sur la rivière, et en même temps destruction d’une deuxième
tour qui faisait le pendant de celle existante et se trouvait ainsi avoir
les pieds dans l’eau. A la même époque, les communs sont construits sur les
anciens murs de fortifications; on relève d’ailleurs l’utilisation
d’anciennes fenêtres à accolade du XVe siècle. On dit que Louis XIV vint
deux fois à Salles, en 1675 et 1680, dates de plantation de chacun des deux
platanes.
La fille des précédents, Marie Julie de Sainte-Maure, épouse en 1664
Emmanuel de Crussol, duc d’Uzès, gouverneur de Saintonge et d’Angoumois.
Elle hérite de la terre de Salles et du château de Pugny. Elle était donc
duchesse d’Uzès et de Montausier, marquise de Rambouillet et de Pisani, dame
de Salles, Pugny, Talmond et autres lieux. Elle fut veuve en 1693. L’un de
ses fils, François de Crussol, chevalier, comte de Montausier, lieutenant
général des armées du roi en 1718, épouse en 1705 Charlotte Pasquier de
Franclieu. Son autre fils, Louis Charles de Crussol, marquis de Montausier,
épouse en 1737 Marie Elisabeth d’Aubusson de la Feuillade. Les blasons des
deux familles étaient figurés sur la cheminée du grand salon avant
l’incendie de 1975: le blason restauré ne comporte pas les cordons qui
existaient auparavant. Louis Charles est le créateur de la partie XVIIIe du
château qu’il habite avec ses sept enfants. Les travaux commencèrent en
1736, en prévision du mariage; cette date est inscrite sur la porte d’entrée
du pavillon XVIIIe. Il fait ouvrir de grandes baies, installe un escalier
avec rampe en fer forgé encore existant, crée le salon dont les boiseries
ont été conservées. Le blason d’Aubusson de la Feuillade se trouve dans
l’entrée, au-dessus de l’arc qui va vers le salon. Le 10 juillet 1750, il
accueille à Salles le roi Louis XV qui aurait couché au château. Fils du
précédent, Anne Marie André de Crussol émigre et en rentrant en 1806
retrouve le château qui avait toujours été occupé par les domestiques. Le
fils meurt sans postérité, et le château passe à Antoinette Catherine
Emmanuel de Crussol, mariée en 1808 à Alexandre Green de Saint-Marsault. Sa
fille épouse à la Rochelle Charles Léon, comte de Lescours, qui, après avoir
créé la filature qui se trouve non loin du château, le vend en 1873 à Madame
Dulas.
Le château était demeuré quatre siècles dans la même famille, et le plus
souvent transmis par les femmes. Depuis lors, deux propriétaires se sont
succédés: MM. Bourin et Boureau, et finalement le propriétaire actuel, la
S.C.I. Granimo. Cette dernière trouva le bâtiment dans un état lamentable.
La restauration de la toiture s’avérait nécessaire pour stopper les dégâts
déjà provoqués par les intempéries: un peuplier s’était écrasé sur la partie
ouest du bâtiment lors de la tempête de 1972. C’est ainsi que le nouveau
propriétaire découvrit peu à peu l’intérêt caché de cette vieille demeure,
et en décida la remise en état. Celle-ci fut menée en 1974 et 1975, mais le
8 octobre la partie d’époque XVe brûlait au cours de la nuit. En dix mois,
de janvier à novembre 1976, tout fut réparé avec le concours des mêmes
artisans locaux qui s’acharnèrent à remettre dans un état parfait ce qu’ils
avaient déjà restauré. En dépit des difficultés, les propriétaires sont
heureux d’avoir fait revivre cette demeure sans prétention; ceci permet de
renouer avec le passé et de rêver de ses charmes, des illustres
propriétaires et invités: les Gillier-Montausier, Julie d’Angennes, Madame
de Grignan, Ninon de Lenclos, Madame de Sévigné qui apprécièrent
probablement ce site champêtre bien typique du Poitou. (1)
château de Salles 79800 Salles, propriété privée, visite des
extérieurs uniquement.
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Nous remercions M. Vincent Tournaire du site
http://webtournaire.com/paramoteurparapente.htm,
pour les photos aériennes qu'il nous a adressées. (photos interdites à la
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