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La plus ancienne mention du lieu-dit
Courteil date de la deuxième moitié du XIIIe siècle: dans les hommages
d'Alphonse de Poitiers on peut lire qu'un certain P. Bochardi tient de
ladite dame le fief de Cortaio moyennant un hommage lige et cent sous de "tenet
feodum de Cortaio a dicte domina, cum homagio ligio et cum C solidis de
placito". Au début du XVIIe siècle, Bertand de la Fitte, fils puîné d'une
vieille famille originaire de la province d'Armagnac, est arrivé dans la
région dans le régiment du maréchal de la Meilleraye et devenu par la suite
grand maître de l'artillerie et gentilhomme ordinaire de la reine-mère. En
1604, il épousa en premières noces Henriette Chabot (de la famille des
seigneurs de Bois-Renoux), et en décembre 1608, en secondes noces, Jeanne
Hélye, fille de Jacques, seigneur de Surin. A l'époque de son mariage, cette
dernière demeurait dans la maison noble d'Allery, et son futur époux ne
portait pas encore le titre de seigneur du Courteil. Il aurait acquit la
seigneurie du Courteil entre 1608 et 1638, année où il fut tué au siège de
Fontarabie. En 1650, Jeanne Hélye, sa veuve, obtint un jugement en sa faveur
contre François Vatelier (ou Vételier), dont les descendants sont dits
"seigneur de Tauché", probablement son voisin. En janvier 1665, une visite
des réparations à faire après une saisie de cette seigneurie atteste que
Pierre de la Fitte, chevalier seigneur de Liesta et du Courteil, lieutenant
colonel du régiment de la Meilleraye, capitaine d'une compagnie de 100
hommes d'armes, lieutenant pour le roy des villes et forteresses de Brisach
en Alsace, était devenu propriétaire de ce bien peu avant cette époque.
Celui-ci était le fils aîné de Jean, frère de Bertrand et donc son neveu. Sa
dalle funéraire, conservée dans l'église de Sainte-Blandine, nous apprend
qu'il est décédé le 14 mai 1677, âgé de 75 ans. A cette époque, l'ensemble
était en mauvais état, certains bâtiments étaient même en ruine.
Cette source est intéressante non seulement pour les précisions concernant
les réparations à faire, mais aussi pour le vocabulaire utilisé pour
identifier certains bâtiments. Ainsi, le bâtiment principal est nommé le
"donjon" et une des tours "la tour de l'ermitage"; cette dernière était
couverte de pierres de Prahecq. Au jardin, il y avait "la tour du jardinier"
et une autre tour appelée "de l'autre coin du jardin", couvertes de pierre
de Prahecq. En revanche, la fuie, située proche la métairie, était couverte
de tuile plate. De ce côté du chemin, il y avait encore une autre tour
"proche de la fuye" en ruine et une tour "joignant le pré et proche la
garenne". On dénombre alors cinq tours plus la fuie et les tours cantonnant
le logis, ce qui fait une dizaine de tours au total. Extrait de la visite
des réparations à faire au logis du Courteil, commencée le 7 janvier 1665:
"Par devant nous, Hillaire Houlyer, conseiller du Roy, s'est comparu en sa
personne mre Simon Binet spécialement fondé de procuration de Alexandre Le
Fesvre, bourgeois de Paris, assisté de mre Jean Nau, son avocat et
conseiller... premièrement avons veu et fait visiter le portal et
principalle entrée dudit logis lequel, lesdits experts nous ont atesté estre
nécessaire de refaire à neuf la fermeture et ferrure d'icelluy Et à costé à
la petite porte joignant ledit portal est nécessaire est nécessaire de
refaire et receper une toise et demie de long de muraille à trois pieds de
hault. Et à l'entrée du dongon du costé de ladite cour et sous les balustres
fault grifonner et crespir quatre toises de longeur et une de hauteur; et
les quatre coings de ladite porte ont besoing d'arestes ou crochetes; à la
voûte des trois volières et arcades qui sont au dessoubz desdits balustres,
pour la conservation d'icelles et en enpescher la ruine entière.
La face du corps de logis a besoing d'estre crespie et chamantié. Du costé
du puid, à main gauche dudit dongon faut receper trois toises de longeur à
trois pieds de haut. La vouste de la porte de la salle est relachée et
entrouverte; et en ladite salle du costé du jardin avons trouvé un pied
debout qui suporte la poutre qui menace ruine. Et dans le bas de la tour du
costé de la porte du jardin, il fault refaire le plancher du bas. Et au bout
de la cuisine dans la tour de l'autre costé dudit logis convient rejoindre
le plancher du bas. Et de la estant venus dans la salle haute, la poutre
s'est trouvée pourie par un bout et rompue à l'autre; la plate bande de la
croisée qui regarde sur la cour de cinq pieds et demy de long et quinze
pouces de large; et convient chaumantier l'espace qui est entre ladite
croisée et la porte de la galerie (sur la cour). Plus ladite porte entrand
dans la galerie, il fault refaire entièrement trois toises et demie de la
muraille. Et continuant ladite visite, lesdits experts ont monté sur la
couverture dudit dongon et nous ont ensuite raporté que la ruine d'icelluy
vient du deffault des dalles de pierres qui sont gelées et crevassée en
plusieurs endroits et qu'il fault de nécessité pour enpescher la ruine
totalle mettre des dalles de plond sur celles de pierre de longeur de dix
huict toises au total y compris six canaux deschargant les aigoux. Et estant
desandus en la première cour, lesdits experts nous ont fait apercevoir que
ledit logis doit estre recepé par le dehors à tout le moings trente sept
toises de long et trois pieds de hauteur. Et de là sommes transportés au
jardin et trouvé la tour du jardinier qui est à main gauche en entrant, la
couverture estant rompue. La tour de l'autre coin du jardin, du costé du
parc, doit estre reparée de trois toises et demie de massonne; il fault
refaire entièrement la cherpante de ladite tour; chartées de pierre de
Prahec. Il fault refaire deux toises de muraille en celle qui est entre
ledit jardin et le parc...
De 1684 et 1685 datent deux autres visites assez complètes de l'ensemble des
bâtiments, visites faites après le bail à ferme consenti par Pierre de la
Fitte, deuxième du nom, au fermier général René Bion, un marchand de Niort,
en 1684 et à sa sortie en 1685. A cette époque, il y avait des parties en
assez bon état et d'autres en ruine. René Bion, capitaine d'une compagnie de
fusiliers, s'était marié à Sainte-Blandine en 1679 et au moins sept de ses
dix-huit enfants sont nés entre 1685 et 1694 dans ce village. En 1698, une
autre source nous apprend qu'il demeure au Courteil où il mourut 25 novembre
1727, âgé de 67 ans; sa veuve Marie-Jeanne de Villedon fit faire en 1728,
l'état des lieux de la grande métairie de Saint-Rue. Leur fils Amable,
chevalier, seigneur du Courteil, La Masobre, Saint-Rue, capitaine de
dragons, époux de Marie-Louise de Renty, demeurait avant 1728 en son logis
noble de Saint-Rue, paroisse de St-Médard, puis, après le décès de son père,
il emménagea en son château du Courteil. Plusieurs des enfants de son second
mariage sont nés et ont été baptisés à Sainte-Blandine. Enfin, son
petit-fils Amable-Louis, seigneur du Courteil, passa le 13 décembre 1787 un
marché d'ouvrage avec Antoine Martin, maçon du pays de la Marche (en
Limousin), afin de "démolir une cheminée qui a été percée dans la chambre au
dehors de la salle en entrant..., ne l'ayant pas été dans le goût que luy
avait indiqué le seigneur de Courteil, en conséquence promet ledit Martin de
reposer laditte cheminée au lieu qui lui sera indiquée". Veuf de Catherine
de Thibault de Neuchaize, il partit vers 1788 à Port-au-Prince où il périt
assassiné en 1801.
Au moment de la Révolution Française, le château et ses dépendances n'ont
pas été vendus comme bien national. En 1818, l'ensemble appartenait toujours
à un Delafitte, propriétaire à Poitiers. Il s'agit probablement de
Hilaire-Urbain, mort à Poitiers le 31 janvier 1836. Il possédait encore de
nombreuses parcelles, notamment les parcelles de la métairie et celles
autour du logis. Le plan cadastral de cette époque ne matérialise plus que
quatre tours autour du donjon, et une tour, sans doute le pigeonnier, à
proximité de la métairie. Les deux tours du jardin avaient disparu avant
cette époque, tout comme les deux tours situées près de pigeonnier et proche
de la garenne. Aujourd'hui le château de Courteil se compose d’un corps de
bâtiment allongé dont le premier étage, aux hautes fenêtres, porte un balcon
dans sa partie centrale. Il remonte vraisemblablement au XVIIe siècle. Les
deux tours au toit tronconique, beaucoup plus élevées qui encadrent le
principal corps de bâtiment, semblent être plus anciennes. (1)
château du Courteil 79370
Sainte-Blandine (Aigondigné), propriété privée, ne se visite pas.
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