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Par Sa situation géographique, sur une sorte de promontoire de granit rouge
brun, dominant d’une quarantaine de mètres les méandres d’une rivière
encaissée, le Thouet, qui lui sert de première défense vers le sud, Thouars
fut de tous temps une position stratégique importante et un centre
d’habitation depuis les périodes préhistoriques. Au Moyen Age, cette ville
ne pouvait être autre que le siège d’une puissante forteresse dont certains
seigneurs figuraient parmi les plus illustres familles de la région. Les
vicomtes de Thouars étaient des seigneurs à très grand crédit et ont
toujours occupé la première place après le comte de Poitou. Le château,
durant la Guerre de Cent Ans, tantôt anglais, tantôt français, fut pris,
repris, incendié, démoli, reconstruit, jusqu’à ce que Du Guesclin, en 1372,
y mît un terme et rendît définitivement la vicomté de Thouars au royaume de
France. Aux dernières années du XIVe siècle, à la mort de Tristan Rouault,
dernier seigneur du Moyen Age, la vicomté passa à la famille d’Amboise en
1397. Louis, deuxième possesseur de Thouars dans cette famille, ayant refusé
à Georges de la Trémoille, favori du roi Charles VII la main de sa fille
aînée, dut céder, en 1462, sa vicomté à Louis XI. Mais la famille de la
Trémoille, qui avait fini par obtenir la main d’une des filles de Louis
d’Amboise, s’opposa à la donation et à la suite d’un procès qui dura onze
ans, Louis XI céda peu de temps avant sa mort. Charles VIII en 1489,
restitua le domaine aux d’Amboise, ainsi la vicomté passa par héritage aux
La Trémoille.
Le plus célèbre, Louis II, épousa en 1485 Gabrielle de Bourbon, qui
entreprit et dirigea la construction de la charmante et merveilleuse
Sainte-Chapelle du château. La Réforme fut marquée par des violences et
durant quinze mois, la terreur régna à Thouars. Le château et la chapelle
furent épargnés. En 1567, la vicomté, une des plus importantes du royaume,
fut érigée en duché et Louis III de la Trémoille fut le premier à porter le
titre de duc. Son fils Claude embrassa le protestantisme. Il avait épousé
Charlotte de Nassau, fille du prince d'Orange et elle-même princesse d’un
protestantisme fanatique. Leur fils Henri épousa sa cousine, Marie de la
Tour d'Auvergne, sœur de Turenne. C’est elle qui fit construire, à partir de
1619, le château tel qu’il se présente de nos jours. Après avoir abjuré en
1628 entre les mains de Richelieu, au siège de la Rochelle, Henri fut le
dernier seigneur de Thouars à vivre sur son domaine et ses successeurs, très
attirés par la cour royale, abandonnèrent et la ville et le château. A la
Révolution, le château et la chapelle furent dévastés de tous leurs meubles,
mais sauvés de la destruction. Déclaré bien national, il fut donné par
Bonaparte d'abord à Vaubois, général sénateur du Tribunal d’Appel séant à
Poitiers puis, en 1809, érigé en principauté et attribué à Masséna, duc de
Rivoli et prince d’Essling. Mais ni l’un ni l’autre ne purent accepter un
tel cadeau, le considérant comme trop onéreux d’entretien. La seconde
Restauration, par une ordonnance du 7 juillet 1825, rendit le château et la
chapelle au duc de la Trémoille en paiement des indemnités auxquelles il
avait droit. En 1833, la ville de Thouars fit l’acquisition de l’ensemble du
domaine et la chapelle fut rétrocédée à la famille de la Trémoille en 1873.
Le château fut alors occupé par l’armée pour y loger un bataillon jusqu’en
1849 et devint un collège libre de 1854 à 1868, sous la direction de l’abbé
de la Terrière. Maison centrale de force, de 1872 à 1925, cette ancienne
demeure seigneuriale fut affectée, en 1931, au ministère de l’Éducation
Nationale comme établissement u enseignement secondaire et technique, tout
en restant propriété de la ville .
Hormis le mur d’enceinte qui existe encore en très grande partie avec ses
tours de défense, dont la mieux conservée est celle de Fringall, dénommée à
tort tour du prince de Galles et qui servait de prison, ses portes (porte de
Prévost, au nord, porte Maillot, au sud) et ses guichets, il ne reste
absolument plus rien de la puissante forteresse du Moyen Age. En effet,
Marie de la Tour d'Auvergne, femme d’une grande intelligence, orgueilleuse
et altière, a fait tout démolir, y compris les substructions, raser l’énorme
butte sur laquelle était édifié le donjon, niveler entièrement le sol, afin
de ne rencontrer aucun obstacle pour réaliser son projet grandiose de
construction du nouveau château. C’est une énorme masse comprenant un
deuxième sous-sol partiel voûté, un premier sous-sol également voûté sous
l’ensemble du corps de logis principal et des deux premiers pavillons en
extrémité, deux niveaux, formant rez-de-chaussée et étage, et sur le tout,
deux niveaux sous combles. L'ensemble est ouvert à l'est et domine la
vallée. Désirant abandonner l’architecture classique Louis XIII, Marie de la
Tour d'Auvergne voulut rechercher une forme, une esthétique nouvelle,
souvent hésitantes, dont les proportions et l’harmonie n'étaient pas encore
bien affirmées et qu’il faut considérer comme une architecture de
transition. Au premier étage se tenaient les appartements d’honneur dont
toute la décoration qui devait être d'un luxe sans bornes a complètement
disparu. Une salle de théâtre était installée dans un des pavillons. La cour
d’honneur est entourée sur trois faces d’un portique en arcades et voûtes
d’arêtes successives, supportant une terrasse accessible depuis les
appartements du premier étage. Le château était pourvu de communs importants
et d’une orangerie, longue de 110 mètres, édifiée en 1650, avec aux
extrémités des emmarchements grandioses conduisant aux jardins en terrasse
descendant jusqu’au Thouet. (1)
Éléments protégés MH : le château : classement par liste de 1862. La
chapelle : classement par liste de 1840.
château
des Ducs de la Trémoille 79100 Thouars, ouvert au public en mai et juin tous
les dimanches à 15h30 et en juillet, août, septembre les dimanches, mardis
et jeudis à 15h30.
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