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Aujourd’hui en fort mauvais état (fin XXe
siècle), cette demeure eut, au XVIe siècle, son heure de gloire. Le corps
principal paraît avoir été modernisé ou reconstruit au début du XVIIIe
siècle. Une aile, toujours nommée le Château, est peut-être un vestige de
l’édifice primitif, avec une tour d’angle assez bien conservée. La cour est
vaste et on y trouve une grange du XVIe siècle, avec appentis à piliers
ronds et diverses dépendances rapportées. Un grand bâtiment, jouxtant la
cour, fait aujourd’hui partie de la propriété voisine. On accède à Beaulieu
par un pont enjambant le Mignon. Une tour isolée qui eut peut-être jadis un
rôle défensif semble encore garder l’entrée. Le premier seigneur connu est
René de Vivonne, seigneur de Bougouin, Epannes et Beaulieu (avril 1578). En
1603, Françoise de Volvire, dame de Bougouin, demeure "en l’houstal noble de
Beaulieu, paroisse d’Usseau en Saintonge". Sa fille Marie y épousa, le 9
avril 1604, Claude Gillier, baron de Mauzé. Par la suite, Beaulieu demeura
dans la famille Gillier jusqu’au milieu du XVIIIe siècle.
De nos jours, Beaulieu est une exploitation agricole, propriété de la
famille Guibretière. Ce château fut, en avril ou mai 1583, le théâtre d’un
bal somptueux, commandé par Henri de Navarre, futur Henri IV. Rien ne manqua
mise en scène fastueuse, débauche de lumières, musiciens renommés, invités
nombreux, titrés et distingués. Tout était en place quand arrivèrent pour y
séjourner René de Vivonne et sa pupille, Suzanne de Lezay. On imagine leur
surprise. Par l’éloignement, l’opiniâtre seigneur avait pensé mettre un
terme aux amours difficiles liant la jeune fille à l’impétueux Agrippa
d’Aubigné. Henri de Navarre, lui, avait conçu ce stratagème pour désarmer
Vivonne en honorant publiquement son frère d’armes et ami d’Aubigné.
L’aimable prince séduit toute l’assistance et surtout l’irascible tuteur qui
ne put qu’offrir, de son plein gré, la main de Suzanne à Agrippa, entré
juste au bon moment dans la salle de bal... Le contrat de mariage fut signé
le 6 juin 1583 à Bougouin. Les "amoureux de Beaulieu" allaient devenir les
grands-parents de la marquise de Maintenon, la presque reine de France ! (1)
château de Beaulieu, allée de Beaulieu, 79210 Usseau, propriété privée, ne
se visite pas, visible de la rue.
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