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La commanderie templière de
Cenan formait, avec son annexe de Sainte-Gemme, l’une des quatre chambres
prieurales du grand-prieuré d’Aquitaine. Fondation de l’ordre du Temple, ce
vaste ensemble de bâtiments agricoles cité dès 1300 passe en 1313 aux mains
des Hospitaliers lors de la remise des biens en Poitou. Frappés en 1611 et
en 1760 par de violents orages de grêle, les bâtiments et la maison forte
furent à ces deux occasions suffisamment endommagés pour que les travaux de
réparation se poursuivent jusqu’en 1787. Cenan, mis en vente comme bien
national, fut acquis le 18 mars 1793, par André-Philippe Maichain, fermier à
Exireuil et père de Désiré Maichain, député des Deux-Sèvres, avec 43
boisselées de terres et la métairie de la Foye. Grâce aux procès-verbaux des
visites des membres de l’ordre, il est possible de connaître les bâtiments
et leurs modifications successives. Le plan du XVIIIe siècle nous permet de
situer au nord la chapelle joignant et contiguë au corps de logis, tous deux
détruits. Seul témoignage de la chapelle décorée au XVIe siècle, une clé de
voûte en pierre du XIIIe siècle conservée in situ. Élevée au XIIIe siècle,
la maison forte dont la masse frappe tout visiteur a conservé d’importants
éléments caractéristiques de l'architecture militaire templière puis
hospitalière. Le bâtiment initial, sur plan allongé, s’élevait sur deux
niveaux (rez-de-chaussée en partie enterré et un étage), vastes volumes
entièrement voûtés en berceau. Cette sobriété et la grande maîtrise d’une
architecture aussi vaste, après comparaison des établissements de l’ordre
répartis sur le département, indique l’importance de l’établissement que
Cenan dut être dès le XIIIe siècle.
Augmentée au XVe siècle de deux niveaux supplémentaires dont un est
maintenant en partie arasé, la maison forte a été flanquée de deux tours
rondes sur la façade nord-ouest situées aux extrémités. Ces tours conservent
des archères-cannonières et ont été percées de baies moulurées probablement
à la fin du XVe siècle ou au début du XVIe siècle. L'accès situé seulement
au deuxième étage rend l’utilisation de ces tours complexe (un dégagement
des fondations nous éclairerait peut-être sur l’accès éventuel de celles-ci
à partir du rez-de-chaussée). Si la circulation dans les tours rondes est
encore problématique, le bâtiment comporte deux entrées, façade sud, l’une
large, en pente légèrement inclinée, encadrée par deux contreforts ajoutés
lors de la surélévation du bâtiment, qui a dû être pratiquée tardivement.
Cet accès permet de pénétrer directement dans la partie basse voûtée qui a
pu servir de cellier. L’accès principal aux étages supérieurs s’effectue par
une porte au sud dont l’encadrement de pierre mouluré se rattache au XVe
siècle. Cette porte s’ouvre sur un escalier en vis logé dans une tour
carrée. Trois marches de pierre à gauche de cet escalier descendent au
rez-de -chaussée voûté. A chaque entresol se trouve un "banc de guet" ou
coussiège.
L’escalier débouche au premier étage sur une salle identique à celle du
rez-de-chaussée par son volume, son voûtement et ses ouvertures réparties
sur la façade nord-ouest et une baie unique côté nord. Ce niveau est
entièrement recouvert de pierres de taille et comporte une cheminée, mur sud
(aujourd’hui percée). Ces deux premiers niveaux sont parfaitement homogènes
et la superposition des relevés au sol confirment une seule campagne de
construction. Les deuxième et troisième étages ont repris le même plan, mais
en partageant le volume unique en deux salles d’inégales proportions. La
première de ces salles conserve des ouvertures à meneaux bouchées sur les
côtés nord-ouest et nord-est avec coussièges doubles se faisant face. Une
cheminée côté nord complète l’ensemble et comporte un linteau de bois
sculpté d’un écu, dont les armes sont illisibles. La deuxième pièce a
conservé un dallage de petits carreaux de pierre assemblés harmonieusement.
Une seconde cheminée occupe le mur nord et une baie ouvrant sur la façade
nord-ouest avec un coussiège. Ce niveau permet l’accès aux tours rondes dont
l’une contient quelques marches d’un escalier en vis, côté nord, et une
superposition de cheminées, côté ouest. De nombreux problèmes restent à
résoudre à partir de cet étage, les nombreux dégâts et modifications
successives rendant difficiles une lecture des ces derniers niveaux. La
confrontation du plan du XVIIIe siècle et des relevés du bâtiment nous a
confirmé l’existence d’un deuxième escalier situé dans une tour ronde à
l’est. Une porte au rez-de-chaussée bouchée permettait d’atteindre cet
escalier et à chaque niveau l'existence de portes plus larges aujourd’hui
noyées dans la pierre se retrouve assez facilement. La jonction entre la
cour principale d’entrée et les bâtiments d’exploitation au nord-est était
assurée par cet escalier. (1)
commanderie templière
de Cenan 79160 Saint-Pompain, propriété privée, ne se visite pas.
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Monsieur Thierry Roquet pour les photos qu'il nous a adressées afin
d'illustrer cet historique.
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