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Le castrum de Montignac est mentionné
au milieu du Xe siècle dans les chroniques du moine Adhémar de Chabannais :
le vicomte de Limoges, Guy, y emprisonne le comte Hélie 1er de Périgord.
Forteresse devenue le siège d’une importante châtellenie au cours de la
"révolution castrale" du XIe siècle, le "castellum Montiniacum" (Vita sancti
Sacerdotis; Gourgues) possède sa propre chapelle placée sous le vocable
Saint-Sauveur (attestée en 1153), et une motte castrale (appelée, au XVIIe
siècle, la motte de Vilhac). Entre 1031 et 1092, une fille du seigneur de
Montignac épouse Boson III, comte de Périgord, et lui apporte en dot la
seigneurie de Montignac, qui passe ensuite à Hélie Rudel, seigneur de
Bergerac, puis à Roger Bernard, comte de Périgord. Quatorze paroisses
dépendaient de la châtellenie de Montignac au XIVe siècle: Aubas, Auriac, Le
Cern (La Bachellerie), Bars, Brenac, Le Cheylard, Condat, Fanlac,
Saint-Léon, Saint-Pierre et Saint-Thomas de Montignac, Sergeac, Thonac et
Valojoulx. Le château se dressait alors sur un promontoire rocheux très
étroit et à pic de trois côtés, barré au nord-est par un fossé profond. A
l'extrémité du promontoire se dressait une haute tour de plan carrée contre
laquelle s'adossait la grande salle médiévale, de plan rectangulaire, voûtée
et orientée nord-ouest/sud-ouest.
Autant qu'on puisse en juger par la représentation de ses vestiges par Léo
Drouyn, cette grande salle est comparable à celle des châteaux de Commarque
ou de Beynac: le mur gouttereau sud-ouest, parementé en pierre de taille
(moyen appareil), comprend une fourrure intérieure en opus spicatum (comme
aux murs de l'enceinte de l'abbaye de Saint-Amand-de-Coly); la grande
cheminée était aménagée dans ce mur; et le mur-pignon sud-ouest, dirigé vers
la Vézère et le bourg castral, était ouvert par une grande baie à remplage.
De ce château subsiste également, au nord, une grande porte en arc brisé à
longs claveaux qui défendait l'accès principal de ce côté. Le comte
Archambaud V trahit le roi d'Angleterre à l'appel de Charles V. Les comtes
Archambaud V et VI sèment la terreur à partir de leur château de Montignac
jusqu'aux portes de Périgueux. Le roi de France mène deux expéditions contre
eux, en 1394 et en 1398. Lors de cette dernière, l'artillerie royale détruit
le donjon, appelé le "Jacques". L'arrêt du 19 juin 1399 met fin à la
dynastie comtale, et la châtellenie est confisquée en 1400 par Charles VI et
transmise à son frère Louis d'Orléans. En 1437, la ville et le comté sont
vendus par Charles d'Orléans à Jean de Blois. En 1470, le château entre dans
la maison d'Albret, par le mariage de Françoise de Blois-Bretagne (morte en
1481), comtesse de Périgord et vicomtesse de Limoges, avec Alain d'Albret,
dit Le Grand (1440-1522).
La famille d'Albret y entreprend d'importants travaux à la fin du XVe siècle
et au début du suivant. En 1502, le château est décrit par les officiers du
seigneur châtelain: "Touchant le château, il est vrai que du temps de
monseigneur Guillaume, et long-temps par avant, il était tout détruit, et ne
y avait que les vieilles murailles que encore sont, une vieille salle et une
petite chambre voutées, toutes découvertes, et pleuvait partout. Plus, y
avait et encore est une vieille terrasse, mal cimentée, et où il y a deux
vieilles chambres, mal logeables et mal acoutrées, et une vieille chapelle
toute découverte. Depuis que mondit seigneur Guillaume fut trépassé,
monseigneur de Saint-Bonet, fut capitaine, et aux dépents de madite dame,
fit bâtir les deux belles chambres qui y sont, celle de monseigneur et celle
de monsieur le cardinal [Amanieu d'Albret, cardinal, évêque de Pamiers],
l'une sur l'autre, et fut cimentée ladite terrasse, et fit recouvrir la
chapelle et toute la place. Depuis madite dame fit bâtir une petite chambre
et garde-robe derriere, sur une pille, que peut bien monter toute la
réparation dessus dite jusques à la somme de cinq à six cents livres
tournois et plus." En 1560, le parti huguenot dirigé par Arnaud Debord se
rend maître de la ville, s'empare du château et fait pendre le capitaine. Le
château est repris par les catholiques en 1562, mais il est de nouveau
assiégé par le capitaine de Vivans en 1580; Mayenne s'en empare en 1586.
Les deux niveaux de casemate percés de canonnières à la française de taille
imposante, tout comme la monumentale tour circulaire à l'est, semblent
pouvoir être datés de la période comprise entre 1586 et 1594, selon les
dires du seigneur d'Hautefort qui attribue les travaux au capitaine du
château Jean de Boussier dans l'acte de capitulation du 6 mai 1594: "ayant
fait réparer les brèches et ravin du Lanon, et élargir la plateforme,
recouvrir le lieu de la batterie, et aussi qu’il (Jean de Boussier) a fait
bâtir du pied de trente à quarante brasses de murailles, au milieu d’icelle
fait construire une belle et grosse tour, montée et hord d’échelle, servant
de casematte de flanc de côté de la fontaine, auquel lieu auparavant on se
pouvoit loger à couvert sous le roc, ce qu’on ne pouvoit plus faire au moyen
de lad. tour, laquelle ensemble la courtine il a fait revêtir de fossés, et
de plusieurs autres réparations a ses dépens, où il a employé plus de deux
mille écus du sien propre". La plate-forme supérieure de la tour, couverte
en terrasse, était faite pour accueillir des canons. Au moment de la
pacification du pays et de la promulgation de l'édit de Nantes en 1598, le
château est entre les mains de son propriétaire légitime, le roi de France
et de Navarre Henri IV, qui le tenait de sa mère Jeanne d'Albret; à cette
date, le souverain se voit cependant contraint d'aliéner une partie de la
châtellenie pour éponger ses dettes.
C'est pour une raison similaire qu'en 1603 il vend la totalité de la
châtellenie et l'ensemble du comté de Périgord à François d'Hautefort. Le
château est décrit en 1730 par le chevalier de Lagrange-Chancel: "Son
château est assis sur un rocher est bizarrement édifié, flanqué de tours
assez belles, avec un profond fossé taillé dans le roc, qui faisoit sa
principale deffence; il commande à la ville". En 1798, le citoyen Boulou
l'acquiert. Il sert alors de carrière de pierre jusqu'en 1826. En 1905, Léon
Pautauberge consolide les vestiges du château et fait construire une villa
et une orangerie. Le logis actuel a englobé à ce moment un logis antérieur,
visible sur une photographie ancienne. La partie sud-ouest du logis
préexistant n'a été que peu modifiée. La tour a été coiffée d'une toiture,
tandis que la partie nord-ouest a été surélevée. L'orangerie située au
sud-ouest a été construite à la même période. Le parc, séparé du château par
la rue de la Tour, a été amputé à plusieurs reprises pour permettre
l'agrandissement du nouveau cimetière communal.
Situés sur un éperon rocheux dominant le bourg de Montignac et la Vézère,
les vestiges du château s'inscrivent dans une enceinte fortifiée. De la
forteresse médiévale ne subsistent que ce tracé, la base talutée du mur
d'enceinte ainsi qu'un pavillon, très modifié, et une des tours (nord-est);
le donjon, la maison carrée, les prisons, ainsi qu'une tour (ouest), la
salle des états et la chapelle, qui sont mentionnés dans les textes ou sont
représentés sur les plans anciens, ont disparu. La tour monumentale à l'est,
qui est stratégiquement placée du côté du bourg, de la Vézère et de la route
de Terrasson qu'elle domine et surveille, est un bel exemple de tour à
canons de l'époque moderne: son niveau inférieur; une casemate, est encore
percé d'une canonnière munie d'une énorme embrasure extérieure "à la
française" (elle a une largeur de près de deux mètres); sa partie supérieure
est encore aujourd'hui couverte en terrasse. (1)
château de Montignac 24290 Montignac,
propriété privée, ne se visite pas.
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