e>chateau la Grande Filolie à Saint-Amand-de-Coly, inscrit MH en 1947
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Château de la Grande Filolie à Saint-Amand-de-Coly
 
 

        Le domaine doit certainement son nom à la famille de La Filolie qui possédait au Moyen Âge des biens à Montignac et dans ses environs: en 1339 notamment, Bernarde de Saint-Fergoeix, femme de Guillaume de la Filolie, vend à Raimond Duval, seigneur de "Palautzy" (Pelvézy à Saint-Geniès), une parcelle de vigne située sur la paroisse de Brénac. Selon toute vraisemblance, les biens de cette famille sont passés au XVe siècle à la famille de Beaulieu: en 1479, Antoine de Beaulieu tient par sa femme Brandelys du Chesne une maison noble située au bout du pont de Montignac. En 1496, Antoine est procureur de Montignac; il dresse avec Antoine de Salaignac, gouverneur pour le sire d'Albret en Périgord et Limousin, le procès-verbal de la prise de possession des comté et vicomté pour celui-ci. C'est à lui que nous devons dans ces années la construction à l'extrémité d'un éperon bordé par le Doiran et son petit affluent d'un premier logis composé de deux corps disposés en équerre (au nord et à l'est) dans une petite cour défendue par deux tours circulaires au sud. Un jardin, au nord, à la pointe de l'éperon, borde directement le corps de logis principal; disposition qui se retrouve, à une autre échelle, à Duras et à Cadillac. Les fenêtres sont caractéristiques de la période comprise entre 1490 et 1510 (comparables à celles du château de La Salle à Saint-Léon et du manoir de Cramirac à Sergeac, tous deux datés par dendrochronologie): ébrasement à chanfrein concave, croisillon à listel et appui à grande scotie droite soulignée par une fine moulure torique en partie inférieure et un listel épais en partie supérieure. On doit inférer de l'absence d'aveu rendu par les seigneurs de la Filolie aux seigneurs châtelain de Montignac au Moyen Âge et au début de l'époque moderne que celui-ci relevait d'une autre juridiction.
Le 31 janvier 1531, le fils d'Antoine, prénommé comme lui, se marie avec Catherine Vigier, issue d'une grande famille du Périgord. Cinq ans plus tard, Antoine II de Beaulieu est dit "seigneur de La Filolie". En 1538, il est chargé par François 1er, en tant que trésorier et receveur d'Albret et de Périgord, d'une commission visant à poursuivre les faux-monnayeurs dans le duché de Guyenne. En 1540-1541, il rend foi et hommage au roi de Navarre pour ses biens situés à Montignac. Le 2 janvier 1550, il cotise encore au rôle de la noblesse du diocèse de Sarlat, puis, le 24 juin 1556, il teste avec le titre d'"escuyer, seigneur de La Filolie". Son fils aîné, Jean, épouse Marie de Doublet le 2 novembre 1561, mais celui-ci décède sans doute quelques années plus tard, car on trouve, en 1578, François de Beaulieu, "seigneur de la Filolie". François entre au service de Henri III, roi de Navarre (futur Henri IV), duquel il reçoit le don d'un pré situé à Montignac en 1578 et un remboursement en 1580; peut-être s'agit-il du "sire de Beaulieu" mentionné comme valet de chambre du roi de Navarre en 1576. Nous sommes tentés d'attribuer les importants travaux qui eurent lieu dans la seconde moitié du XVIe ou au début du XVIIe siècle à son fils, Jean de Beaulieu, qui est attesté comme seigneur de La Filolie dès 1581 et rend hommage au roi de Navarre pour sa maison noble "du Chaigne" à Montignac en janvier 1583.
La datation de ces travaux ne repose que sur des critères internes et la comparaison avec d'autres réalisations de la région: les fenêtres à chanfrein droit avec appui mouluré à doucine (analogues aux fenêtres du château d'Auberoche à Fanlac, daté après 1616), les ouvertures de tir à redans (comme à Auberoche encore ou au château de Sauvebœuf, daté par dendrochronologie de 1623) ou constituées d'une simple fente de tir horizontale comme de nombreux châteaux du tournant du XVIIe siècle de la région (Séguinot daté de 1595, Cadillac à partir de 1598, etc.). Un contexte très favorable pour Jean de Beaulieu à cette époque conforte cette hypothèse de datation: en 1598 (23 août), il acquiert de Henri IV la justice de la Filolie, qui relève désormais directement du roi, ce qui revient à dire que la seigneurie est érigée en plein-fief avec droit de haute justice; en 1600 (24 octobre), il contracte pour son fils aîné Guillaume un beau mariage avec Marthe de Sédières, la sœur de François de Sédières, chevalier de l'ordre du roi et gentilhomme de sa chambre, seigneur de Coulonges. La campagne de travaux menée à ce moment fut d'importance. La cour réduite fut agrandie vers l'ouest au prix de grands travaux de terrassement pour racheter le dénivelé du terrain de ce côté. Un nouveau grand corps de logis rectangulaire fut établi de ce côté, dressé sur un étage de soubassement rachetant le dénivelé, orienté en fonction du terrain de l'éperon et parallèlement au cours de l'affluent du Doiran, afin de donner des vues aux habitants sur un second jardin, bien plus vaste que le premier, aménagé au fond de la petite vallée de l'affluent de sorte que celui-ci, canalisé, constitue l'axe de composition central des parterres; de petits canaux disposés perpendiculairement à cet axe ferment les parterres au nord et au sud. En outre, la pente de l'éperon entre le nouveau corps de logis et le jardin est aménagée en terrasses pour offrir des vues surplombantes sur les parterres.
Résolument tournée vers l'agrément, la nouvelle demeure n'en est pourtant pas moins pourvue d'une défense redoutable: elle est flanquée de deux tours rectangulaires à l'ouest, percées de nombreuses ouvertures de tir pour armes à feu, et un fossé est creusé afin de barré l'éperon au sud. De ce côté est aménagé un passage cocher défendu par un pont-levis et une échauguette en encorbellement percée d'orifices de tir circulaires. Une chapelle est bâtie à proximité, au sud de la cour. Guillaume de Beaulieu succède à son père dès le 11 octobre 1610, date à laquelle il rend aveu au roi pour la Filolie. Mais il décède à son tour quelque temps plus tard et le domaine revient à son frère cadet à son tour, Guillau, qui a contracté un très beau mariage avec Marguerite de Souillac de Montmège le 14 février 1640; mais Jean meurt peu après, avant le 18 septembre 1642, date à laquelle Marguerite dresse un premier testament. Par ce mariage, les Beaulieu obtiennent la terre de Gaubert. Le 17 février 1665, leur fils, Jean III de Beaulieu, seigneur de la Filolie, de Gaubert et de Paulin, contracte lui aussi une belle alliance en la personne d'Angèle Hippolyte de Salignac, demi-sœur du célèbre Fénelon. L'inventaire des biens meubles dressé au château en 1692 révèle la présence de nombreux tableaux, d'une bibliothèque, d'objets de luxe...; dans l'étage de soubassement de l'aile gauche, un cellier et un cuvier comportent de nombreuses barriques de vin. L'inventaire témoigne également de l'importance de l'emprise foncière importante de la seigneurie : à cette date, pas moins de dix métairies sont implantées autour du château, dont quatre dans la paroisse de Brénac (Montignac; ce sont une métairie aux Reynaux, deux à Fontas et une à Play) et les six autres à Saint-Amand (les métairies de Laborie, La Roubinie, la Peytivie, du moulin de la Filolie, des Drouille haute et basse, de Mortefons).
Le château passe ensuite aux des Cars, aux Chapt de Rastignac, aux de Beauroyre, puis à partir du XVIIIe siècle et jusque récemment, change de mains de nombreuses fois. La croix de Malte ornant les clés de voûtes de la chapelle et du porche d'entrée sont peut-être à lier à Dominique de Beauroyre, seigneur de la Filolie, qui à la fin du XVIIIe siècle était chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis. La carte de Belleyme montre que le domaine était en partie consacré à la vigne à cette époque. Nous trouvons un procès-verbal de visite du château, 9 avril 1809: "Aujourd'huy neuf avril mil huit cents neuf, nous, Jean Requier, notaire impérial à la résidence de Montignac, au département de la Dordogne, expert nommé par arrêté de Monsieur le Préfet du département, à l'effet de procéder à l'expertise valeur de 1790 du revenu actuel du château de La Filolie, sittué dans les communes de Montignac et Saint-Amant provenant de Bauroire Vilhac et cedé à la Caisse d'amortissement en exécution de la loi du 24 avril 1806. Nous sommes transporté avec Monsieur le receveur des domaines au bureau de Montignac, au dit château de La Filolie, où nous avons trouvé Monsieur Boredon, fermier du domaine, auquel nous avons fait connaitre le motif de notre transport. Nous avons ensuitte de concert avec le dit sieur receveur procédé à l'estimation des biens ainsi qu'il suit. Le château se compose d'un corps de batiment à gauche en entrant, qui demandes des réparations très urgentes pour ne pas tomber. En ruines. En retour de la cour d'un autre corps de bâtiments composé de cinq pièces en partie boisées, mais les boiseries en très mauvais état, d'un autre corps de batiment toujours en retour de la dite cour composé de plusieurs pièces dont une servant autrefois de chapelle, le tout en très mauvais état, partie desquels bâtimens est occupée par les métayers. Les couvertures de ces édifices sont dans le plus mauvais état, et toutes les croisées manquent de carreaux.
D'une grange en bon état sur la longueur de 52 mètres et la profondeur de huit mètres, la couverture ayant besoin d'être réparée. D'une terrasse au nord servant autrefois dse parterre contenant 4 ares en partie écroulée dans ce moment, ensemencée de bled d'hiver. Ces bâtiments et dépendances qui avaient un grand prix avant la division des biens de la Filolie sont dans ce moment beaucoup trop considérables et deviennent en raison de leur délabrement une charge pour l'acquéreur, aussi ils ne sont portés, savoir: ceux qui servant à l'exploitation du domaine et au logement des métayers, qui, pour un revenu annuel de dix francs; et ceux qui sont réservés pour le logement du maître pour un revenu anuel de quinze francs; d'une terre nouvelement défrichée, qualité médiocre, située au levant, contenant 41 ares 15 centiares d'un revenu annuel de six francs; d'un chamfroid sur lequel se trouve bâti un pigeonnier et une jarrissade attenant mal peuplée contenant le champfroid 78 ares et la jarrissade 52 ares d'un revenu annuel de dix francs; d'un morceau de pré coderc dont plus de la moitié sans aucun produit contenant 19 ares d'un revenu annuel de trois francs. Le cheptel à la charge du fermier consiste en une paire de boeufs, une vahce et une charette qui nous ont été représentés, le tout évalué par les procès-verbaux de l'adjudication centrale du maire et du receveur de Terrasson des 24 florial an VII et 21 nivose an XIII à la somme de quatre cents vingt francs. N'ayant plus rien à estimer au dit domaine, nous avons clos le présent procès-verbal pour être adressé aux autorités compétentes et avons signé à La Filolie le dit jour neuf avril 1809. Signature: Requier".
Le site occupe un éperon peu élevé pointant vers le nord et bordé de deux vallons. Le vallon occidental est parcouru par le Doiran, ruisseau affluent de la Vézère. Il alimente l'étang du moulin. Organisé autour d'une cour ouverte à l'est, le château se compose, au nord, d'un corps de logis construit selon un plan en "L" enserrant une tour d'escalier carrée munie d'une porte à accolade défendue en hauteur par une bretèche. Il s'agit du manoir primitif, seul bâtiment à étage du château. Les combles sont éclairés de lucarnes à fronton-pignon. L'aile nord se prolonge vers l'ouest par un logis en rez-de-chaussée devant lequel s'élève une tour polygonale liant le manoir au corps de logis ouest. Celui-ci, très développé en longueur surmonte un étage de soubassement voûté d'un berceau segmentaire abritant le chai. Une tour rectangulaire occupe l'angle sud-ouest de ce corps. Une seconde, de plan identique, le flanque à l'extrémité nord de son gouttereau. Elles sont couronnées par un chemin de ronde sur mâchicoulis. Des bouches à feu ovales ou à redents les défendent. Sur les combles du logis, côté cour, au nord, une lucarne à fronton trilobé et acrotères, orné d'une coquille répond à celle du corps en retour reliant le manoir. Au sud, une seconde lucarne à croupe domine une porte d'accès. La clé de son arc porte un écu armorié. L'aile sud juxtapose plusieurs édifices: l'ancienne écurie, le porche d'accès voûté d'ogives dont la bretèche sur consoles abritait les flèches d'un pont-levis, la chapelle dédiée à l'Immaculée Conception à la nef également voûtée d'ogive et au choeur en berceau plein-cintre, puis un logis modeste en rez-de-chaussée, dit "maison du concierge". Il s'appuie contre une tour circulaire à toit conique qui marque l'angle sud-est du château. L'ensemble est en moellon de calcaire avec de rares parties de mur en pierre de taille. La toiture, très complexe, est couverte en lauze de calcaire. Au sud du château, un colombier occupe les hauteurs de l'éperon. Les dépendances de la ferme se développent sur le coteau ouest du vallon oriental. Le domaine possède plusieurs métairies ainsi que de nombreuses cabanes maçonnées ou en pierre sèche. (1)

Éléments protégés MH : le château de la Grande Filolie en totalité : inscription par arrêté du 18 mars 1947.

château de la Grande Filolie 24290 Saint-Amand-de-Coly, propriété privée visite des extérieurs. Notons que ce bourg est classé parmi les plus beaux villages de France, abbatiale fortifiée du XIIe siècle.

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Crédit photos : Pipovend et Père Igor sous licence Creative Commons
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   source de l'historique : https://inventaire.nouvelle-aquitaine.fr/dossier/chateau/53eba6c1-45b6-4e4b-aabc-c5eceb8f09c2

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(IMH) = château inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, (MH) = château classé Monument Historique
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