|
Le castrum de Roussas, dont l'origine remonte au
milieu du XIIe siècle, est attesté en 1291, dans une reconnaissance faite au
pape par le comte de Valentinois. Cet ensemble fortifié était en effet terre
de fief des comtes Poitiers-Valentinois et Diois et arrière-fief du pape,
sur laquelle l'abbaye d'Aiguebelle possédait aussi des droits. Dès le début
de la période féodale, Roussas fut une co-seigneurie qui se maintiendra
jusqu'à la fin du XVIIe siècle; elle était divisée entre les comtes de
Valentinois et l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, d'où la
présence simultanée, sur un territoire aussi étroit (3/4 d'hectare), de deux
donjons dans la même enceinte. En 1229, la première partie est aux mains de
Giraud Adhémar en 1229 et passe à son gendre Bermond d'Uzès, qui en fait
hommage au comte de Valentinois en 1253. Elle se situe à l'extrémité de
l'éperon rocheux sur la partie la plus élevée du castrum, intégrant la
chapelle castrale entourée du cimetière, à l'est du site, le donjon nord-est
et les habitations. La chapelle castrale est datable de la deuxième moitié
du XIIe siècle, et le donjon attenant, de la fin du XIIIe siècle. La part
des Adhémar de la Garde, aussi vassaux des comtes de Valentinois, est
inféodée en 1334 à Eymard Gontard; située à l'ouest et plus restreinte, elle
comprend un espace avec une tour; le donjon sud-ouest, dans l'enceinte du
lieu, la rue publique faisant la limite avec l'autre partie.
L'appareillage des parties basses de ce donjon sud-ouest , appelé "tourre
Balestrière" au XVIe siècle et qui sert alors de colombier au seigneur,
permet de lui conférer une origine romane (milieu du XIIe siècle), mais les
parties hautes ont été construites ou reconstruites à une date ultérieure,
au XIIIe siècle. Les deux donjons n'avaient plus de toit lors d'un hommage
rendu en 1540. Le castrum est entièrement fermé par une enceinte polygonale,
construite à la même période que les donjons et mentionnée pour la première
fois dans l'acte de 1334. Cette enceinte comprend deux portes, le Portalet
au nord-ouest, et une porte au sud, dite au XVIe siècle "Portal Arnaud" ou
"Armand". Au cours des guerres de Religion, Roussas ayant été assiégé et
pris en 1579, la porte sud a dû être renforcée et probablement reconstruite
en partie: la clef de l'arc extérieur porte la date 1621. Le Portalet a été
également remanié, mais plus tardivement. Un chemin de ronde, aujourd'hui
disparu, se développait sur tout le pourtour de l'enceinte, ainsi qu'une
deuxième enceinte qui englobait le vieux village, également disparue.
L'ensemble castral de Roussas subit le sort de beaucoup d'autres sites,
lorsque Richelieu fit ordonner après la Fronde, l'abolition des
fortifications.
Les deux donjons sont décrénelés, ainsi que tout élément défensif; les
parties hautes sont rasées au niveau des plates-formes au-dessous des toits.
Les créneaux des courtines sont aussi détruits, ceux de la première enceinte
comme ceux de l'enceinte villageoise. Les portes fortifiées sont frappées,
et on leur laisse tout juste les vantaux de bois, sans herse. Vers le milieu
du XVIIIe siècle, une aile est construite contre le donjon nord-est,
transformé alors en corps de logis. Lors de la Révolution, la chute de
Robespierre a préservé de la démolition le château de Roussas, possédé par
les Bertet, ses derniers seigneurs, qui le récupérèrent par la suite. Les
maisons du castrum, en grande partie ruinées, furent démolies entre 1862 et
1868, date à laquelle Claude Amédée de Bertet, baron de Roussas, racheta la
chapelle vendue aux enchères. En 1880, à la mort d'Amédée de Bertet, le
château fut hérité par ses cousins Guilhermier. En 1977, minée par de fortes
pluies, la partie orientale du mur d'enceinte du château, qui soutenait la
chapelle Saint-Germain, s'affaissa le long du piton rocheux pour venir s'ammonceler
sur le chemin communal en contre-bas; après l'éboulement qui suivit en 1982,
des travaux de consolidation furent réalisés par l'entreprise Girard de
Valence en 1985, sous le contrôle de Decaux, architecte des Bâtiments de
France. La même entreprise a restauré les parties hautes du donjon sud-ouest
en 1991.
Cet ensemble fortifié, occupant le sommet d'un éperon barré, s'organise
autour de trois pôles : deux donjons et une chapelle installés sur un
promontoire rocheux. Une enceinte polygonale, de forme grossièrement
trapézoïdale, entoure intégralement le site. Elle est construite en pierre
de taille, en moyen appareil de calcaire ; des meurtrières et des redans
sont encore visibles à certains endroits. Cette enceinte est percée de deux
portes, l'une au nord-ouest, l'autre en contre-bas au sud. Celle-ci forme
une sorte de corps de passage construit en moellons calcaire, muni
d'archères, archère-canonnière et, au-dessus de l'arc en plein cintre de
l'entrée extérieure, d'une bretèche de défense, pourvue d'une
archère-canonnière cruciforme. Au sud-ouest du site, le donjon, de plan
sensiblement carré, est bâti en moellons assisés de calcaire en parement et
chaînes d'angles en harpe, en pierre de taille. Les petits moellons
qu'utilise la construction dans la moitié inférieure correspondent, dans la
division intérieure aujourd'hui dépourvue de plancher, à un premier niveau
assez élevé, tandis que la partie haute, qui compte deux étages, est bâtie
avec des pierres de dimension plus importantes. Les murs des étages
supérieurs, moins épais, sont percés de hautes baies en plein cintre à
profond ébrasement, datant de la reprise de construction. Deux arcs
doubleaux, qui supportaient le toit, surplombent ce grand volume vide. Une
porte récente est ouverte de plain-pied sur la face ouest. Sur la face sud,
une porte en plein cintre est ouverte à un mètre environ au-dessus du sol;
l'arc bien appareillé, du même type que ceux des baies des étages
supérieurs, aux claveaux allongés et étroits, laisse présumer que cet accès
a été pratiqué lors d'une la seconde campagne de construction. Outre la
chapelle et le corps de logis, on trouve encore à l'intérieur de l'enceinte
un puits, une bergerie et une maison construite sur la courtine, au
nord-ouest du site. (1)
Éléments protégés MH : la chapelle et les restes de l'ancien château :
inscription par arrêté du 17 juillet 1926.
château fort de Roussas 26230 Roussas, propriété privée, ne se visite
pas.
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous. Licence photos©webmaster
B-E : les
photos ci-dessous sont interdites à la publication sur Internet, pour
un autre usage nous contacter. A voir sur cette page "châteaux
de la Drôme" tous les châteaux répertoriés à ce jour
dans ce département. |
|