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La Tour de Brunehaut
n'a senble-t-il laissé aucun vestige identifiable aujourd'hui. Alors que le
"vetus aedificium Brunichildis" est mentionné dans une charte d'Henri 1er en
1046, on sait que Girard Dufour "marchand et bourgeois d'Etampes" possède
Brunehaut dès 1511. Dans le terrier du duché d'Etampes pour 1511-1512, sont
citées la "maison, terres et appartenances de la Tour de Brunehaut". Versn
1527, la veuve de Girard Dufour détient un "manoir manable auquel à maison
couverte de chaulme, court fontaine, jardin, prez... avecques ung autre
héritage qui est de présent en masure, court jardin et appartenances... le
tout assis près Sainct-Phallier au lieu dict Srunehault". Enfin, dans une
récapitulation de 1527-1578, on apprend qu'à la "maison appelée la Tour de
Brunehault" s'ajoutent des "granges, étables, vollière... le tout en un
enclos..." Elle appartient alors à Anthoinette Thibaut. Un aveu du 18 mai
1666 fournit quelques indications supplémentaires : "le Grand Brunehault
scis en la paroisse de St Germain d'Estanpes concistant en une grande porte
charretière et vantil ouvrant du côté du Grand Chemin de Paris, allée
servant de charrière et entrée par laquelle on entre dans la cour dudit
lieu, autre porte charetière. Toutte la cour close de murs ou il est un
corps de logis ou il y à une allée allant à une petite cour close de murs ou
sont une fontaine et lavoir, chambre basse, chambre haute, une grande
estable joignant ladite allée doublée, grenier au-dessus des chambres et du
mesme costé une grande bergerie le tout couvert de thuille servant de
batterie, ouvrant par ladite chambre basse et un grenier au-dessus ouvrant
sur le petit clos. Porte sommière pour aller au jardinprez aulnaies qui sont
derrigre ledit corps de logis du costé de Malassis jusques à la rivière et
cour qui sont derrière la porte et muraille qui closent lesdit corps de
logis...".
Lorsque Marie Jacquet, veuve de Pierre Delambon, céde Brunehaut à ses fils
cadets, le 18 mai 1688, la terre de Brunehaut consiste "en un enclos
contenant vingt huit à trente arpens fermé de murs et de la rivière par bas,
un pavillon neuf au milieu dudit enclos basty sur les vestiges de laTour
dudict Brunehault, foullerie a costé, cave, volière a pigeons détachée dudit
batiment, logement d'un vigneron auprés en apenty adossé contre le mur dudit
enclos, attenant une porte d'icelluy...". Le même document évoque aussi a
trois reprises le nouveau jardin. Le 16 mai 1742, Thomas Baudry, marchand a
Etampes, achète le domaine a Philippes Françoise Billeheu, épouse de Nicolas
Delanbon, conseiller du Roy notaire honoraire au Chatelet de Paris "le lieu,
terres et maison de Brunehault scis en la paroisse de Saint Germain lez
Etampes consistant en un pavillon isolé servant de logement pour le maistre,
baty sur les vestiges de l'ancienne tour de Brunehault, autres bastiments
pour le fermier et le jardinier, bassecourt, écuries, remises, cuisine,
office, volière et autres bastimens étant dans laditte bassecourt, grand
enclos fermé de murs d'un costé et de la rivière de l'autre, planté
d'arbres, bois de haute futaye, aulnois, bois de décoration, charmilles,
prez dans ledit enclos...". Par Marie-Madeleine Baudry, fille de Thomas
Baudry, Brunehaut devient la possession de Charles-Nicolas de Viart le 22
décembre 1780. La propriété demeurera dans cette famille pendant prés d'un
siècle. A la mort de Charles-Nicolas de Viart en 1786, le domaine passe à
son fils aîné Charles. Dans le partage et succession de M. et Mme de
Viart du 25 décembre 1786, on apprend que le chateau de Brunehaut comportait
alors deux étages. Une description sommaire, qui reproduit pour l'essentiel
celle de la vente de 1742, mentionne également un colombier et
"l'emplacement d'une grande allée qui conduisait du grand chemin au lieu de
Brunehaut le long du bois, laquelle allée a été abbatie". Cette dernière
information est confirmée par le cadastre ancien datant de 1814/1824. La
description fournit enfin quelques indications complémentaires sur l'enclos,
composé de terrasses, jardin, vivier, prés, etc". C'est a Charles de Viart,
lieutenant au régiment de Conti sous l'Ancien Régime, maire de Morigny
pendant la Révolution et l'Empire, que l'on doit le vaste embellissement du
domaine : création d'un parc orné de fabriques, reconstruction des communs,
de la ferme en partie, du moulin. Les travaux devaient sans doute être
achevés en 1802-1803 (an XI), date a laquelle Pierre Villiers publia une
description du parc de Brunehaut, très vraisemblablement rédigée par Charles
de Viart lui-même, parue en 1827. On y apprend que le château se présente
sous l'apparence d'un fort isolé et d'une forme pittoresque, placé sur une
pelouse découverte. Aucune source ne laisse entendre que Charles de Viart
aurait transformé ou rebâti le céteau proprement dit, alors que tous les
documents mettent l'accent sur les transformations considérables qu'il fit
subir au parc. Après le décès en 1868 du vicomte Amédée de Viart, fils de
Charles, sa veuve vend le domaine le 23 avril 1873. L'inventaire fait état
des constructions à Brunehaut depuis 1859. On en retiendra qu'en moins de
dix ans ont été élevés : "la maison du garde se trouvant a l'entrée du parc
de Brunehaut ; un lavoir couvert en tuiles ; le batiment du réservoir et un
atelier contigu, un poulailler et un colombier faisant partie de la ferme de
la basse-cour ; une maison servant d'habitation au jardinier ; une grande
orangerie ; deux serres ; un jardin potager avec trois cents mètres de mur
destiné à établir les espaliers". Le 23 mai 1873, 1a veuve d'Amédée
vicomte de Viart vend à Lady Tufton "la terre de Brunchaut comprenant un
château et ses dépendances, un moulin, la ferme de Malassis et
Saint-Phallier et diverses pièces de prés, bois et aunoies". L'acte de vente
donne une description assez précise qu'il est aisé de mettre en parallèle
avec le cadastre de 1814/1824 : "un château connu sous le nom de Brunehaut,
bati sur les vestiges de I'ancienne tour de Brunehaut, et se présentant sous
l'apparence d'un fort isolé. Il se compose d'un principal batiment carré
sous forme de pavillon élevé d'un rez-de-chaussée divisé en : vestibule,
grand et petit salon, salle de billard, salle à manger, office, chambre,
cabinet de toilette, d'un premier étage divisé en vestibule, quatre chambres
à coucher et quatre cabinets de toilette et d'un deuxième étage comprenant
cinq chambres et deux cabinets de toilette. Grand grenier au-dessus. Et d'un
batiment ayant I'aspect d'un fort communiquant avec le pavillon par un
corridor. Il est élevé en partie sur cave et comprend au rez-de-chaussée
cuisine, office, salle à manger des domestiques, remise et garde manger,
deux laveries, salle de bains, deux cabinets d'aisances, cabinet aux lampes,
cabinet aux chaussures, grande cour pavée, et au premier étage fruitier,
neuf chambres à coucher, deux cabinets, lingerie, chambre a repasser, maison
de concierge à l'entrée, communs, écurie pour dix chevaux, remises pour six
voitures, sellerie, étable, chambres pour domestiques, buanderie, fruitier,
laiterie, grange, hangar, poulailler et volières. Trois cours, atelier de
peinture formant pavillon avec cave dessous. Autre atelier fermé a usage de
forge et mécanique et atelier de menuiserie, grenier au-dessus. Hangar de
trois travées, grenier au-dessus, réservoir d'eau pouvant contenir cinquante
mille litres alimenté par un manége se trouvant sous le hangar. Orangerie
avec calorifère, serres chaudes et tempérées. Un potager en plein rapport
entouré de murs et contenant environ deux hectares cinquante ares avec
canalisation souterraine en fonte pour l'arrosage communicant avec le
réservoir. Un pare dessiné par Lendtre, contenant des arbres de toute beauté
dont une partie remonte à Louis XIV. Pièce d'eau avec source jaillissante".
L'inventaire après décès de Mme veuve Tufton,dressé le 21 avril 1902 et
jours suivants, apporte quelques informations complémentaires "le château
qui existait au moment ou Mme Tufton a acheté la propriété de Mme la
Vicomtesse de Viart a été démoli. Sur le même emplacement et sur une partie
des vestiges de l'ancien château, Mme Tufton a fait élever un château de
style moderne". A quelques détails prés, la description des lieux qui suit
est la même que celle de la vente de 1873. Mais c'est uniquement grâce à
l'analyse des papiers établie lors de l'inventaire que l'on connait le nom
de l'architecte qui réalisa les travaux mémoire des honoraires dis par Mme
Tufton a M. Le Coeur, architecte, pour la reconstruction du château de
Brunehaut. Par la matrice cadastrale (augmentations-diminutions, 1877), on
sait qu'une construction nouvelle fut achevée au château en 1874. Mais il
s'agit vraisemblablement plutôt d'une adjonction et de transformations,
importantes certes, mais non d'une reconstruction totale. Depuis le début du
XXe siècle, le château qui appartient au département de l'Essonne, a changé
de propriétaires six fois. Dans l'acte de vente du 21 septembre 1933, il est
fait état d'une nouvelle partie construite en 1931 (transcription aux
Hypotheques du 4 octobre 1933). Il stagit des deux tourelles entre
lesquelles se situe dés lors l'entrée principale. Les sources
iconographiques sont constituées par le plan de Trudaine, le cadastre
napoléonien, trois gravures du début du XIXe siècle et des cartes postales
des années 1900.
Éléments protégés MH : les façades et les toitures de la ferme de la
basse-cour ; le pavillon du garde ; la colonne de la Concorde civile ; la
fontaine ; l'autel antique ; le pont rouge ; le temple de l'Amitié :
inscription par arrêté du 4 novembre 1991. (1)
château de Brunehaut 91150 Morigny-Champigny, propropriété d'une société ;
propriété du département, centre médico pédagogique.
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