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En suivant cette belle vallée où serpente la
rivière d'Eure, vous avez à peine quitté la jolie petite ville de Pacy que
votre regard est attiré par la riante colline où se trouvent bâtis la
bourgade de Menilles et son château. Ce gracieux édifice rappelle le temps
où les seigneurs et les princes du sang royal cherchaient dans le charme de
la solitude et dans les beautés de la nature la plus luxuriante, le repos
des agitations politiques et des guerres incessantes. Il a été construit sur
l'emplacement de l'ancien manoir des seigneurs de Ménilles, dont la race
s'est éteinte dans Jehan de Ménilles dont la fille Jehanne épousa Guillaume
Le Cesne, qui prit possession du fief (aveu du 10 avril 1450). Si ce château
fut commencé sous le règne de François 1er, il n'a dû s'élever qu'au temps
de Henri II, comme le témoignent les écussons et les chiffres entrelacés de
Diane de Poitiers et du roi Henri, qui font son ornementation. Ce n'était
point un domaine royal. Aussi peut-on donner de ce genre de décoration et
chercher à se l'expliquer, ou par une fantaisie de l'architecte, ou par une
flatterie de Guy Le Cesne, seigneur de Menilles, qui le faisait construire.
Peut-être se proposait-il, comme le fit plus tard l'intendant-general
Fouquet pour Louis XIV, de recevoir son roi en lui offrant une gracieuse
hospitalité, en compagnie de Diane sa favorite. Le vestibule, remarquable
par son ampleur et sa disposition, reçoit la plus grande richesse de son
ornementation, de son grand escalier monumental avec ses rampes de pierre
aux sculptures ajourées, qui rappelle le bel escalier du château de Blois.
Le grand salon, restaure au milieu du XIXe siècle, a repris sous une main
habile le cachet de son style primitif et ses grands airs d'autrefois.
La terrasse elle-même, qui entoure le château, n'a rien perdu de son
élégance et de son originalité. Elle accompagne avec ampleur cette gracieuse
construction, devant laquelle s'ouvre une vaste et longue avenue de
tilleuls, qui appellent le regard vers les horizons lointains et multiples
de notre belle région. Un parc d'une grande étendue (presque une forêt),
s'étend sur tout le coteau jusqu'au sommet et fait de cette demeure un
domaine presque princier. Ajoutez à cela la fertilité de son territoire et
l'excellence de ses vins et vous ferez de ce petit pays un séjour vraiment
enchanteur. Les premiers seigneurs de Ménilles eurent leur illustration. Un
d'entre eux, qui vivait au XIIIe siècle, fut religieux de l'ordre de
Saint-Dominique. Il était un des plus éloquents et des meilleurs
prédicateurs de son siècle. Il est plus connu sous le nom de Guy d'Evreux.
Il faut croire que ce séjour prédisposait à la vie contemplative, car nous
retrouvons, au XVIIIe siècle, un Le Cesne de Ménilles, auteur ascétique
renommé, qui mourut en 1770. Au moment de la Révolution de 1789, la
seigneurie de Ménilles appartenait au comte Joseph de Puisaye, marié à
Louise Le Cesne de Ménilles. Le comte de Puisaye, général vendéen, qui fut
d'abord lieutenant du fameux Félix de Wimpfen, commandant en chef de l'armée
des côtes de la Manche, s'était mis à la tête du mouvement insurrectionnel
de la Bretagne et de la Normandie. Il commandait l'armée fédéraliste, lors
de la déroute de Brécourt. Il avait installé son quartier général au château
de Ménilles. Le peu d'honneur qu'on lui fait, c'est de supposer qu'il
dormait profondément pendant que ses soldats cherchaient leur général, et
qu'il ne s'est réveillé que le lendemain, 14 juillet, pour rejoindre les
fuyards à Evreux. Parmi eux se trouvait l'abbé Gohier de Jumilly, qu'on
appelait le volontaire de Brécourt.
On nomma cette équipée la bataille sans larmes, parce que, suivant les uns,
il n'y eut pas une seule goutte de sang de versée. Mais ils ne quittèrent
point la place sans avoir mis le château au pillage. Le château de Brécourt
appartenait alors à Madame la marquise Jubert de Bouville. Le château de
Menilles était resté la propriété de la famille Le Cesne jusqu'au 7 mars
1778, date à laquelle il passa entre les mains de Louise Le Cesne de
Menilles, mariée au comte Joseph-Genevieve de Puisaye; dont la fille
Joséphine-Louise de Puisaye mourut en 1809. A sa mort, elle légua le château
à l'abbé d'Auxais, son parent, dont l'héritier le vendit, pour la première
fois depuis sa construction, au baron de Roederer. Madame la marquise de
Montalembert, née de Choiseul-Praslin, en fit l'acquisition en 1874, et le
céda à son second fils, Artus Orace de Montalembert d'Essé, à l'époque de
son mariage (1). La seconde guerre mondiale arrive presque à son terme avec
peu de dégâts causés à la demeure, lorsque le comte de Montalembert
disparaît en 1944. Après une nouvelle mise en vente, le domaine est morcelé.
Le mobilier, y compris les tapisseries du grand salon et l'énorme
bibliothèque sont vendus à l'occasion d'une grande vente qui dura plusieurs
semaines. En 1950, une société immobilière, devenue propriétaire, poursuit
le morcellement et la vente sur pied des arbres plus que centenaires du
parc. C'est dans un triste état que la ville de Gennevilliers achète ce qui
reste du domaine en 1960. Après cinq années de travaux dirigés par trois
architectes et au prix d'un investissement important, le domaine est de
nouveau en état.
château de Menilles 27120 Menilles, Tél. 02 32 22 60 70,
centre de vacances de la ville de Génevilliers.
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Monsieur Vincent Tournaire, du site:
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