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D'un côté, l'Andelle,
courbant ses bras argentés, coule au milieu des prairies et d'îlots
verdoyants chargés d'arbres touffus; de l'autre, le terrain s'élève, couvert
de vieux arbres, et une allée sombre, qu'ombragent des hêtres séculaires,
conduit aux ruines du château-fort. Richard Cœur de Lion vint lui-même, en
1195, choisir l'emplacement de ce château, qu'il fit alors commencer par
Guillaume Tyrel. Une roche escarpée, formant la pointe d'un plateau d'un
accès difficile, fut isolée par un fossé large et profond et l'on tailla ses
flancs en glacis. Les terres du fossé servirent à former un second boulevard
et l'escarpement de la motte fut couronné par une muraille, flanquée d'un
donjon, de tours et d'épais contreforts. Ces travaux, conduits avec
diligence, étaient assez avancés pour que le château eût une garnison en
1201; on y éleva encore des constructions complémentaires qui, en 1203,
étaient confiées à Robert de Bristol. Le 13 juillet de cette année, Jean
sans Terre fit transporter à Radepont du matériel de guerre, et le
surlendemain vint inspecter la place. Les défenses étaient solidement
établies, et lorsqu'au mois d'août suivant, Philippe-Auguste vint mettre le
siège devant le château, il reconnut qu'il n'était attaquable que par le
plateau, dont il avait été séparé. Il y établit un camp fortifié et ce ne
fut qu'avec les plus grands efforts, après un siège de trois semaines et à
l'aide de tous les engins de guerre alors employés, tours de bois roulantes,
catapultes, balistes et béliers, qu'il parvint à pratiquer la brèche à un
endroit qu'on reconnaît encore aujourd'hui à la dislocation du mur, depuis
sa surface jusque dans ses parois intérieures.
Abattu vers 1219, à la suite d'un accord entre les propriétaires des deux
fiefs de Radepont, Robert de Poissy et Jean de Moret, le château n'était
plus, depuis six cents ans, qu'un amas de décombres, envahi par les ronces
et les plante sauvages, lorsque le marquis Dubosc de Radepont les fit
fouiller au commencement de du XIXe siècle. Il déblaya les murailles et mit
à nu leur contours, qu'il eut l'idée regrettable de modifier en y ajoutant
des ruines factices. Du vieux château, il ne laissa subsister que le puits
et les murs de séparation à l'intérieur du donjon, la première tour, dite de
Jean sans Terre, avec sa fenêtre et le cachot, et le premier étage de la
tour de Richard Cœur de Lion. Son fils Auguste de Radepont se plut à
embellir son parc et ses jardins; il aimait cette terre que sa famille
possédait et où elle avait vécu depuis 1540. C'est à lui que Radepont doit
une partie de sa renommée et les visites dont il fut l'objet. La duchesse
d'Orléans, fille du duc de Penthièvre et mère du roi Louis-Philippe, était
venue y retrouver des souvenirs de famille et du séjour de son père en 1790
et 1791. La duchesse d'Angoulême, lorsqu'elle faisait dessiner les jardins
de Marne, avait voulu voir ceux de Radepont. Mademoiselle Mars et Talma, le
créateur des jardins de Brunoy, reçurent plusieurs fois l'hospitalité dans
le château. En quittant le château féodal, le promeneur rencontre deux
chemins, dont l'un contourne le plateau qui domine le parc, et l'autre suit
les prairies et se dirige, sous une voûte de feuillage, vers les ruines de
l'abbaye de Fontaine-Guerard, que le baron Jacques Levavasseur avait
achetées en 1821 et que son fils Charles réunit plus tard à son parc,
lorsqu'il eut fait, en 1844, l'acquisition du domaine de Radepont.
Les embellissements dont ce domaine avait été l'objet de la part de la
famille de Radepont, étaient peu de chose auprès des véritables
transformations qu'y opéra M. Levavasseur. Pour ajouter à l'agrément de sa
propriété, il fit raser de vieilles constructions sans intérêt, modifia la
direction des cours d'eau de l'Andelle et des sources, créa de larges
prairies à la place de marais couverts d'aunes et donna à son parc l'aspect
si attrayant qu'il a aujourd'hui. Le château de Radepont fut construit en
briques et pierres vers la fin du XVIIIe siècle, sur les plans de
l'architecte rouennais Gueroult (1). Mais cet édifice fut remplacé par une
majestueuse demeure au tout début du premier quart du XXe siècle, en style
Louis XIII, par Duchesne, architecte à Paris puis par Lacire, architecte à
Rouen. Mais des revers de fortune obligent le propriétaire à se séparer du
domaine. Au lendemain de la première guerre Mondiale, il est acquis par
Fernand Colombel. Sans héritier et sensible au travail de l'Armée du Salut
auprès des bagnards, sous l'impulsion de Charles Péan, il lui lègue le
domaine en 1939. A la fermeture du bagne en 1946, l'Armée du Salut est
chargée de rapatrier 4000 survivants environ. Le château est emménagé pour
les accueillir dès 1952. Le domaine se spécialise un temps dans l'accueil
des multirécidivistes dont la libération n'est envisageable qu'avec la
garantie d'un logement et d'un travail...
château de Radepont, rue Grande, 27380 Radepont, il appartient à M.
Evgeny Shafirov, businessman Russe, tombé amoureux du château, il veut le
réhabiliter et lui redonner une deuxième jeunesse. Loin de vouloir venir
goûter aux joies de la vie dans la région normande, M. Shafirov veut en
faire sa résidence secondaire, mais avant de profiter de ce beau cadeau, il
va devoir réaliser d’importants travaux, il faudrait certainement investir
entre 4 et 5 millions d’euros pour le restaurer.
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constatez une erreur, contactez nous. Nous remercions chaleureusement le
propriétaire du château, Monsieur Evgeny Shafirov, pour les photos qu'il
nous a adressées pour illustrer cette page. A voir sur cette page
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dans ce département. |
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