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La
commune de Saint-Pierre-du-Mesnil (canton de Beaumesnil) renferme un
important manoir du XVIe siècle, appelé le Blanc-Buisson. Le premier
seigneur du Blanc-Buisson dont le nom nous soit connu est Colinet Leconte,
connétable de Philippe le Bon, roi de Navarre et comte d'Évreux, qui mourut
le 16 septembre 1343. En 1474, le Blanc-Buisson passa dans la famille du
Merle, par le mariage de Marie Leconte avec Jean du Merle, seigneur de
Boisbarbot, d'Escorches et de Vaux. Il demeura dans cette maison jusqu'au
commencement du XIXe siècle. Le 11 avril 1801, le domaine qui comprenait
alors trois cents acres, fut acquis par Michel-Pierre de Pillon de
Saint-Philbert. A la fin du XIXe siècle, il appartenait à M. de Baudicour,
conseiller à la Cour d'appel de Paris, et neveu par alliance de
Charles-Jules de Saint-Philbert, qui avait possédé le Blanc-Buisson de 1834
à 1872, après la mort de son père. Enfoncé dans les bois, un peu éloigné des
grandes voies de communication, ce château est moins connu qu'il ne
mériterait de l'être. Les archéologues qui le visitent aiment ce site
mystérieux et aisible, ces grands fossés pleins d'eau ombragés de roseaux,
ces murs sévères n'ayant pour ornement que des fenêtres surmontées de
mâchicoulis, ces hautes toitures coupées de jolies cheminées de la
Renaissance. Tout cela, en effet, forme un ensemble des plus pittoresques.
Le terre-plein de la cour forme un pentagone irrégulier dont le plus petit
côté est occupé par le château, et les autres par de vastes dépendances et
des bâtiments d'exploitation rurale. Un fossé profond, défendu à ses angles
par trois tourelles rondes, l'environne dans tout son pourtour. La porte
d'entrée, située à l'ouest, est une jolie construction de l'époque d'Henri
III; elle se compose d'une arcade ou porche en appareil de brique et pierre,
surmontée d'un petit étage avec chambres. Les rayères du pont-levis sont
intactes, et l'on voit encore sous la voûte, dans la muraille, les niches
qui servaient de sièges aux gardes.
Le château proprement dit forme un rectangle avec deux pavillons carrés en
retour du côté de l'est, ou plutôt avec une aile très courte et un pavillon
presque détaché. A l'ouest, deux autres pavillons, un peu plus élevés que la
partie centrale, développent la façade et se relient au mur d'enceinte par
un angle très aigu. Le tout est construit en grès du pays. L'étage de la
façade ouest est appareillé en briques formant de grands losanges, avec
encadrement de pierre autour des baies. La base de la construction qui
baigne dans l'eau, sauf du côté de la cour intérieure, est en glacis terminé
par un ressaut qui indique le niveau du sol au rez-de-chaussée. La façade
orientale, donnant sur la plaine et protégée par un large fossé, offre un
aspect plus militaire. Une lucarne à mâchicoulis surplombe la douve. Ce
moyen de défense se retrouve sur les trois faces du pavillon méridional. Au
milieu du château s'ouvre, à l'étage, une jolie fenêtre Renaissance en
pierre, couronnée d'un fronton en accolade; elle donne jour dans l'ancienne
chapelle. L'étage de l'aile du nord et du pavillon qui y atteint paraît
avoir été reconstruit au XVIIIe siècle; la toiture de ce pavillon est
dépourvue de la petite lucarne Renaissance qui décore celle qui lui fait
face au midi. Toutefois, la présence des meurtrières dans les murs du
rez-de-chaussée indique que la reconstruction n'a été que partielle, et n'a
dû consister, pour le rez-de-chaussée, que dans l'élargissement des
fenêtres. Dans le pourtour des murailles, au-dessus des fossés, comme
au-dessous des combles du grand pavillon, sont percées de nombreuses
meurtrières. Avec ses murs solides, ses larges fossés en eau, et une petite
garnison bien armée, le château se trouvait à l'abri d'un coup de main. La
toiture est surmontée de plusieurs cheminées en briques avec corniches de
pierre; l'une d'elles, de forme ronde, est flanquée de quatre balustres de
pierre.
A l'intérieur on trouve, à droite en entrant, la cuisine, vaste pièce dont
la cheminée est soutenue par deux colonnes de grès; la plaque en fonte est
aux armes des du Merle. Le plafond est formé de sections de voûtes plates et
carrées en briques portant sur des solives posées en arête; un pendentif en
bois sert de clef à ces voûtains. Ce système de caissons se retrouve dans
plusieurs pièces du rez-de-chaussée et à l'étage du pavillon. La grande
salle est ornée de belles boiseries de l'époque de Louis XIV. Cette salle,
du XVIe siècle, ne devait former, avec les dépendances qui l'entourent,
qu'une seule et vaste pièce ayant, au lieu d'un plafond, un solivage
apparent dont on aperçoit encore certaines portions. Ce solivage était
supporté par trois grosses poutres chanfreinées, ornées de rageurs à leurs
extrémités, et reposant sur des pilastres. L'escalier à volées parallèles
est couvert d'une voûte en briques surbaissée. Sa disposition rappelle un
peu celle du grand escalier de Saint-Germairi-en-Laye. Il est précédé d'un
vestibule dont le voûtage est composé d'une ossature en pierre avec remplage
de briques. Au premier palier, une petite galerie à balustres laisse
pénétrer le jour dans un second vestibule, qui est de l'autre côté de
l'escalier et est voûté comme le premier. La chapelle est également voûtée
en briques. Près de cette chapelle est une petite pièce pavée en carreaux de
terre vernissée de la fabrique du Châtel-la-Lune ou du Prédange, que l'on
employait fréquemment au XVIe et au XVIIe siècle. La partie du château la
plus curieuse est le pavillon méridional, sorte de donjon où l'on avait
accumulé les moyens de défense.
Une cour très resserrée le séparait du château avec lequel il ne
communiquait que par un escalier fort étroit. Cet escalier, muni d'une porte
solide, donnait accès à l'étage et aux combles. A l'entrée de l'étage du
pavillon, une herse, où une porte pleine glissant dans des rainures et
commandée par l'appartement des combles, pouvait couper instantanément la
communication avec le rez-de-chaussée. Dans le cas où cette porte aurait été
forcée par les assiégeants, un petit escalier à vis, accolé à la muraille et
même en partie engagé dans celle-ci, permettait de se réfugier vers un
deuxième étage où se trouve une grande salle avec cheminée, défendue par un
système de mâchicoulis et de nombreuses meurtrières. Sous cet escalier on
découvre un obscur réduit qui communiquait avec le premier étage au moyen
d'une ouverture pratiquée à la voûte. Enfin, on pouvait descendre dans une
galerie souterraine qui est aujourd'hui remplie d'eau. Tel est, dans son
ensemble, le château du Blanc-Buisson, précieux témoin d'une époque qui fut,
en cette partie de la Normandie, profondément troublée par les guerres des
Gauthiers et des Ligueurs. Ce vieux manoir, à la fois féodal et militaire,
mériterait une monographie détaillée, avec de nombreuses planches qui
feraient mieux comprendre ses dispositions défensives. A la fin du XIXe
siècle, le propriétaire, M. de Baudicour a fait restaurer le château du
Blanc-Buisson avec un goût et un soin qui lui font honneur. (1)
Éléments protégés MH: les façades et les toitures, les douves, les
constructions élevées sur le terre-plein entouré d'eau: inscription par
arrêté du 22 novembre 1949. Le parc entourant le domaine : inscription par
arrêté du 28 mars 1952 (2)
château du Blanc Buisson 27330 Saint-Pierre-du-Mesnil, tel. 02 32 44 28
05, ouvert au public du 1er mars au 15 juin de 14h à 18h sauf le mardi, du
16 juin au 14 septembre de 10h30 à 18h 30 tous les jours et du 15 septembre
au 15 novembre de 14h à 18h sauf le mardi. Le château dispose de plusieurs
espaces de réception, et lors de séminaires, proposition d'ateliers sur
mesure en lien avec le cadre médiéval, voir le site :
http://www.blancbuisson.com
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous. Nous
remercions chaleureusement Monsieur Vincent Tournaire du site
http://webtournaire.com/paramoteurparapente.htm,
pour les photos aériennes qu'il nous a adressées afin d'illustrer cette
page. (photos interdites à la publication)
A voir sur cette page "châteaux
de l'Eure" tous les châteaux répertoriés à ce jour
dans ce département. |
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