|
Nous empruntons à une remarquable étude publiée,
en 1890, par M. Lottin de Laval, sous le titre de Bernay et son
arrondissement, les pages suivantes qu'il a consacrées à la Tour de Thevray.
Au milieu du vaste plateau de l'Ouche apparaît, comme un géant qui le
domine, ce beau monument d'architecture militaire qu'on nomme à tort la Tour
de Thevray, car c'est un donjon polygonal d'un puissant aspect et d'un grand
caractère. Occupant un angle de la vaste cour féodale, il est presque
entouré d'eau, et l'îlot qui lui sert de base borde la douve au sud et au
sud-ouest. Une petite passerelle y donne accès, et elle remplace l'ancien
pont-levis dont les chaînes de fer entraient dans les deux rainures, espèces
de longues meurtrières nommées quelquefois reyères (terme peu usité), qu'on
y voit encore et qui sont d'une conservation parfaite. De tous côtés la
masse est superbe, imposante et grandiose. Le temps n'a pas eu de prise sur
cette forteresse; elle est intacte et peut encore défier bien des siècles.
C'est sous le règne de Charles VIII et non de Louis XI, et par permission
spéciale de ce prince datée du 6 juillet 1489, que messire Jacques de
Chambray commença la construction de ce donjon. La base est en larges blocs
de grès et de silex noirs, et les angles, depuis le soubassement jusqu'à la
naissance des mâchicoulis, sont en grès de Saint-Laurent, soigneusement
piqués à vives arêtes; tout le reste de l'énorme massif est en briques, sauf
les pieds-droits, les linteaux et les traverses des fenêtres percées avec
parcimonie. De lourdes grilles annelées d'une bonne facture protègent toutes
les ouvertures.
Les mâchicoulis en pierre blanche, tréflés à leur base et dans les
interstices, comme on en voit en Périgord, forment une corniche puissante;
c'est sur ce large encorbellement qu'a été construite la longue galerie des
hourds. "Les toitures, couvertes en ardoises, dit M. Quevilly, ont pour
amortissement, ainsi que la lucarne de la chapelle, des panonceaux en plomb
dans le style de l'époque. Quelques lignes de briques noires forment des
losanges et des zigzags sur les cheminées". La chapelle, voûtée en douvelles
de merrain, occupe la partie supérieure du grand corps quadrangulaire qui
fait face à la cour féodale, vis-à-vis de l'ancien château détruit au milieu
du XIXe siècle; son unique fenêtre en lucarne est d'une forme très élégante.
Charles VIII, ou plutôt Louis XII, avait autorisé Jacques de Chambray à
placer un canon comme couronnement de la tour; c'était une grande récompense
de la part du roi; d'ailleurs un canon, c'était maigre, et cela ne
permettait guère au grand vassal de songer jamais à la révolte contre son
suzerain. Cette pièce d'artillerie nous fait croire que la toiture est
postérieure à l'édification de la forteresse. Originairement il ne devait
pas y avoir de toiture; ce fut vraisemblablement une terrasse comme au
donjon de Falaise, comme à tous les donjons, sur laquelle on pouvait
manœuvrer à l'aise cette pièce de canon unique, probablement peu lourde,
d'un petit calibre, dont on dirigeait la bouche à volonté par les embrasures
carrées qu'on voit encore sur toutes les faces des hourds. Des archéologues
ont émis l'idée que le donjon de Thevray était le premier édifice construit
en briques depuis les Romains; nous avons le regret de ne pouvoir partager
l'opinion de ces savants.
En cherchant bien, on en trouverait d'autres. Depuis la disparition des
conquérants de la Gaule, la brique n'a jamais été complètement abandonnée.
La fameuse cathédrale de Toulouse, Saint-Sernin, du XIIe siècle, avec sa
tour énorme à nombreux étages ajourés, son abside et ses absidioles, tout
cela est en briques, agrémenté avec quelque parcimonie de pierre jaunâtre,
tout juste assez pour adoucir le ton rouge de la masse et s'harmoniser avec
le bleu du ciel. Nos aïeux n'avaient pas manqué d'exemples. Aux temps des
Croisades, ils avaient trouvé la brique employée dans les édifices syriens,
et après leurs conquêtes, ils l'employèrent souvent pour réparer les villes
ruinées, et de retour dans leurs manoirs et leurs châteaux, ils durent
conserver ce mode de construction si rapide et si économique. Mais ce qui me
paraît concluant, c'est la régularité, la beauté de cet appareil de briques
appliqué au donjon de Thevray, à d'aussi grandes surfaces; on n'arrive pas à
cette perfection dans l'art de bâtir sans un long apprentissage, et les
maçons du sire de Chambray n'en étaient pas à leur coup d'essai, cela est
certain. La galerie des hourds, ou plutôt le couloir, a environ un mètre de
largeur sur deux mètres de hauteur; le mur extérieur est tout en pierre de
taille; sous l'arc ogival de chaque mâchicoulis et dans son axe, existe un
trou béant presque au ras des murailles, ce qui occasionne un peu de
vertige; c'était de là qu'on jetait des pierres, des poutres sur les
assaillants quand toutes les défenses étaient forcées, quand ils arrivaient
au pied des murs et en cas qu'ils voulussent employer la sape. Pour ce qui
est de l'eau, du plomb et de l'huile bouillante, cela a toujours paru du
domaine de la fantaisie; en effet en ce temps-là, l'huile était trop rare,
le plomb bien cher, de plus il en aurait fallu une profusion fantastique
pour assurer, pendant quelques heures seulement, le service de cette très
grande enceinte crénelée.
Les lourds cailloux qui ne coûtaient rien, tombant d'une hauteur de soixante
ou quatre-vingts pieds, suffisaient pour décourager les plus intrépides. La
charpente des hourds était d'une grande solidité; elle se composait de
courtes solives carrées que renforcent des jambettes qui vont se souder
maintenant aux chevrons de la toiture; au lieu de volige, on se servait de
planches de chêne fort épaisses, afin qu'elles pussent résister aux chocs
des projectiles lancés par les pierrières et les mangonneaux. Comme on avait
à redouter les incendies et qu'il fallait assurer complètement la protection
des défenseurs, aux heures de péril on blindait le toit de la galerie avec
une épaisse couche de terre, que l'on recouvrait de gazon humide, le côté
herbeux tourné en dessous, et quelquefois usant d'une précaution excessive,
on terminait ce travail par un hourdis épais de terre et d'argile malaxées,
semblables au mortier des murs de bauge; par les temps de sécheresse on les
arrosait la nuit, ce qui rendait les hourds indemnes du feu. Les hourds de
Thevray, construits à l'époque où l'art de la défense était parvenu à son
apogée, durent être délaissés vite en face de l'artillerie bien autrement
puissante qui venait de naître; mais ce spécimen complet si beau, si rare de
l'architecture militaire au XVe siècle est précieux pour l'archéologie, pour
l'histoire, c'est un admirable souvenir pour notre pays.
Si nous pénétrons dans l'intérieur de cette remarquable construction
féodale, nous trouvons une vaste salle polygonale munie d'une cheminée aux
proportions énormes, semblable à celles des châteaux de Jean sans Terre où
l'on aurait aisément pu faire rôtir un bœuf entier; le plafond, très élevé,
est peint en bleu, les solives équarries au rabot sont peintes couleur vieux
chêne et les sommiers sont revêtus de peintures de style, absolument
semblables à celles d'une des salles du palais de Fontainebleau. Au-dessus
des hauts panneaux plissés vieux chêne qui font le tour de la salle, sont
des tentures ornées de grandes fleurs de lis vieil or, et, vis-à-vis l'une
de l'autre, deux fort belles tapisseries représentant des scènes
villageoises d'après Téniers. Les autres panneaux sont ornés de portraits de
famille ou d'anciens possesseurs; entre autres celui de Messire Gilles de
Guyenro, lieutenant de nos seigneurs les maréchaux de France pour le
bailliage d'Évreux, surmonté de son écusson "d'or à trois rocs de gueules 2
et 1", et qui est d'une réelle valeur. Deux grandes fenêtres, dont les
embrasures ne mesurent pas moins de deux mètres, éclairent cette salle
autrefois destinée à l'usage des hommes d'armes, chargés de protéger le pays
contre les invasions anglaises. Quelques marches plus haut, on remarque une
autre salle plus petite, jadis spécialement destinée au commandant de ces
hommes d'armes. Un petit corridor pratiqué dans la muraille sert à mettre
ces deux salles en communication; enfin, dans le renfoncement de l'escalier
se trouve un réduit faiblement éclairé, qui ne pouvait être qu'un cachot.
Les linteaux des portes sont en accolade et les vieux huis sont ornés de
panneaux dans le goût du temps des rois Louis XI et Louis XII.
Dans la première petite salle, au-dessus de panneaux presque semblables à
ceux de la grande, sont des peintures sur cire d'un vert d'eau très mat,
également ornées de fleurs de lis en deux tons. A la voûte, de couleur
saumon, se dessinent des épées d'or, symbole des combats, mêlées à des
chimères également d'or. Sur la cheminée est peint un grand écusson surmonté
du haubert et des lambrequins du plus bel effet, représentant les armes de
la famille de la Boullaye de Thevra y. C'est d'argent à la bande de gueules
orné en chef d'une merlette de sable et en pointe de 3 croisettes du même en
orle. Au rez-de-chaussée, une énorme colonne monocylindrique supporte la
retombée des voûtes de la cave. Les larges fossés qui entourent l'îlot ne
mesurent pas moins, dans certains endroits, de quarante-cinq mètres de
largeur; ils permettent de faire aisément en bateau le tour du vaste
quadrilatère et d'étudier le donjon sous tous ses aspects. Au delà du pont,
en dehors de l'enceinte fortifiée, on trouve un bâtiment du commencement du
XVIe siècle, en colombages imbriqués, avec figures, chiffres et emblèmes
mêlés aux imbrications. En raison de sa situation presque au bord de la
douve, il était sans doute affecté aux voyageurs attardés, aux pèlerins, aux
mendiants, auxquels la prudence commandait d'interdire l'accès du manoir.
D'après tous les documents parvenus jusqu'à nous, le domaine de Thevray
remonte à une haute antiquité.
Thevray était dans la vicomté et l'élection de Beaumont-le-Roger, la
généralité d'Alençon et dépendait du Parlement de Rouen; il était à la
présentation du chapitre de la cathédrale d Évreux. Le pape Grégoire IX,
élevé à la papauté en 1227, envoya une bulle à la ville de Conches où il est
parlé du moulin de Thevray. Nous ferons commencer la filiation des
possesseurs de la terre de Thevray à Gilbert de Thevray, vivant vers 1160 et
qui blasonnait: de gueules au lion naissant d'hermines. Ce dernier donna une
charte pour l'abbaye du Désert, où Hélissandre sa femme prit l'habit
religieux. En 1179 vivait Roger de Thevray, qui fonda en 1206 une prébende
pour un chanoine de la cathédrale d'Evreux. L'acte constitutif est conservé
dans le chartrier de la famille de la Boullaye de Thevray. Cette charte fut
confirmée par Robert comte de Meulan. Après Roger de Thevray vinrent
successivement Guillaume, Robert, Richard, Guillaume II et Ranulf de Thevray
en 1274. En 1318, il est fait mention d'un Guillaume troisième du nom,
chevalier. A cette époque, Philippe, comte d'Evreux, confirma des
acquisitions faites par l'abbé de Saint-Taurin, de terres appartenant à
Monseigneur Guillaume de Thevray, chevalier. Jean de Thevray succéda à
Guillaume et laissa en mourant une fille du nom de Jeanne, qui se maria à
Laurent de Menilles, et une seconde du nom d'Elisabeth, épouse de Nicolas de
Rouve; les deux filles de Jean se partagèrent la seigneurie de Thevray. Guy
de Menilles, fils de Laurent, laissa pour héritière une fille unique, qui
épousa en 1385 Roger de Chambray, seigneur de Saint-Denis de Behellain et de
Lymeux. Guy, seigneur de Menilles et de Thevray, avait reçu du roi de France
Charles VI, le 28 septembre 1391, la permission de chasser dans les forêts
de Conches et de Breteuil. A la mort de Roger de Chambray, vers 1417, sa
femme hérita de la seigneurie de Thevray.
Les Anglais, qui venaient d'envahir la Normandie, firent le siège du château
de Thevray; ils le prirent et y mirent le feu. Laissant sa mère et son
domaine à la garde de son frère Simon, Jean III de Chambray, l'aîné de la
famille, se rendit en Touraine pour mettre son épée au service du roi de
France, Charles VII. Cet acte de patriotisme irrita le roi d'Angleterre
Henri VI, qui confisqua tous les biens des Thevray au profit de Richard de
Garancières, qui appartenait à une famille de Normandie de l'élection de
Domfront. Jean III de Chambray, chevalier, seigneur de Thevray et de
Menilles, rentra en possession de son domaine en l'an 1450. Il avait été
fait chevalier en 1428 et avait racheté par échange, le 2 février de la même
année, la terre de Chambray, qui appartenait alors à Yollent de Chambray, sa
cousine germaine, fille d'Yvon. Les lettres patentes qui lui furent
délivrées à cette occasion par Charles VII, contiennent un brillant éloge de
la fidélité de Jean III et de ses prédécesseurs à la couronne de France.
Jean rétablit les châteaux de Chambray et de Thevray qui avaient été réduits
en cendres durant la guerre. Il mourut à la fin de 1459. Il avait épousé en
1440 Gilette Cholet, dame d'Urbois de Leureville et de Bretoncelles, qui eut
à sa mort la garde noble de ses huit enfants mineurs dont Jeanne, qui épousa
le 17 mai 1462 Gilles de la Haye, seigneur de Chanteloup; Catherine, épouse
de Guillaume de Melicourt, seigneur de la Guilerie; Jean, quatrième du nom,
époux de Françoise de Tillay, baronne d'Auffay; Jeanne, abbesse de
Montivilliers le 17 octobre 1508; Germaine puis Vincente, abbesse d'Almenèches
en 1504; Nicolas, qui porta le nom de baron d'Auffay et de Thevray par droit
de succession, et enfin Jacques, chevalier de Saint-Michel, seiglleur de
Thevray, chambellan du roi Louis XII, bailli et gouverneur d'Évreux, qui
reçut en partage, le 3 avril 1478, la terre de Thevray.
Ce fut Jacques de Chambray qui fit élever le magnifique donjon qu'on admire
aujourd'hui. Mais cette construction éveilla la jalousie de ses voisins, et
il eut à vaincre des difficultés sans nombre que lui suscitaient ses
tenanciers pour entraver ses projets. Il se vit même contester par les
puissants chanoines d'Evreux, le patronage de sa paroisse de Thevray. Louis
XII dut intervenir; il aplanit tous les obstacles, et c'est lui sans doute
qui permit, vers 1499 ou 1500, de placer sur la plate-forme des hourds le
canon dont il est parlé plus haut. Jacques de Chambray mourut, à Magny, le
14 mars 1504. Il ne laissait pas de postérité, et ce fut son frère, Jean IV,
qui hérita de Thevray et des autres domaines. Celui-ci fit élever, à la
mémoire de Jacques, dans une chapelle de l'église Saint-Martin, un
magnifique mausolée. Ce beau monument, qu'entouraient six statues d'apôtres,
fut détruit vers 1730 par Messire Gilles de Guyenro du Chastel, devenu
possesseur du fief des Chambray. Jean IV fut, en 1483, 84 et 85, un des cent
gentilshommes de la maison du roi et créé chevalier de l'ordre de
Saint-Michel en 15oo. Il mourut en I528; il avait épousé Françoise de Tillay,
baronne d'Auffay en Caux, dame d'Anières, dont il eut huit enfants. Nicolas,
l'un de ses fils, lui succéda. Il se maria le 5 janvier i53o à Bonaventure
de Prunelé, fille de François et d'Antoinette Le Roi de Clavigny, et mourut
en 156o. Gabriel, un de ses six enfants, hérita de Thevray, fut nommé
coadjuteur d'Oger, son oncle, abbé de Cormeilles; mais il quitta cette
abbaye pour embrasser la carrière des armes. Le roi Henri III le fit
chevalier de son ordre et le pourvut de la charge de gentilhomme ordinaire
de sa chambre, par lettres du 17 mai 1585.
Député de la noblesse au bailliage d'Évreux, aux États-Généraux du royaume,
tenus à Blois en 1576, panetier du roi en 158o, il se distingua aux
batailles d'Ivry, de Dreux et de Condé. Henri IV lui donna, en 1590, une
compagnie de 50 hommes d'armes et l'envoya commander à Condé pendant la
Ligue; puis il lui ordonna de négocier la réduction de la ville et du
château de Dreux. Il dut dans cette campagne avancer de ses propres deniers
la somme de 15000 écus, dont il fut remboursé par ordonnance du 18 mars
1595. Jacques de Prunelé, son oncle, le fit, en 1585, son légataire
universel; il eut les terres de Machenainville et de Beauverger-en-Dunois.
Il avait épousé en premières noces, le 15 juin 1566, Peronne Le Picard de
Radeval, morte sans enfants, et en secondes noces, le 27 janvier 1578,
Jeanne d'Augennes, fille de Denis et de Jacqueline de Silly-la-Rochepot,
dont il eut un fils unique, Tanneguy de Chambray. Celui-ci hérita de son
père, en 1612, le domaine et la terre de Thevray, fut chevalier de l'ordre
du roi, mestre de camp entretenu en l'infanterie Française, puis maréchal
des camps et armées du roi. Élu député de la noblesse de la vicomté de
Beaumont-le-Roger pour l'élection d'un député aux états de Rouen, il fut
nommé gouverneur de Pont-de-l'Arche. Il mourut en 1645, après s'être vu
obligé de céder son domaine de Thevray à Antoine de Villeneuve de Boullais,
chevalier, marquis de Trans et des Arts, baron d'Allemaigne, prince
d'Avelines ou d'Avelino. Le fief de Thevray ne resta point longtemps en la
possession du chevalier de Boullais et passa aux mains de Messire
Jean-Jacques de Lambert, chevalier, capitaine des gardes du roi Louis XIV,
gentilhomme ordinaire de sa chambre, seigneur d'Herbigny, du Mont-Saint-Jean,
Bussy, Thevray et autres terres et sieuries, maître des requêtes du roi et
intendant du Dauphiné.
De Lambert rendit aveu du domaine au duc de Bouillon, après l'avoir fait
réunir à son marquisat de Thibouville. Il eut pour successeur comme
propriétaire de Thevray Messire Gilles de Guyenro, chevalier, seigneur du
Chastel de la Roche et patron honoraire de Thevray, fondateur de la cure et
prébende dudit lieu, lieutenant de nos seigneurs les maréchaux de France
pour le bailliage d'Evreux. De son mariage avec Anne de Gaillardbois, Gilles
de Guyenro laissa deux enfants, un fils, Pierre-Louis et une fille,
Marguerite-Elisabeth Preur, qui posséda ensuite le domaine. Gilles de
Guyenro se fit inhumer dans la chapelle mortuaire de Jacques de Chambray, à
la place même qu'avait occupée avant lui le fondateur de la tour de Thevray.
C'est ainsi que fut détruit le magnifique monument élevé à la mémoire de ce
dernier. Marguerite-Elisabeth de Guyenro épousa en premières noces Antoine
Brice de Bardouil, chevalier, seigneur du Long-Essard, et en secondes noces,
Gabriel de Roussel, chevalier, seigneur d'Origny et de Corneville,
mousquetaire de la première compagnie du roi Louis XV, qui mourut en 1753.
Thevray échut à leur fille, Barbe-Paule de Roussel, que l'on nommait
communément la Dame de Thevray; elle épousa, vers 1750, Messire François d'Espinay,
seigneur de la Halboudière près d'Orbec. Elle n'eut pas d'enfants. A sa
mort, en 1777, François de la Boullaye de Bosc-Roger, à titre d'aîné de sa
famille, préleva le fief de Thevray sur sa succession. La famille de la
Boullaye paraît avoir tiré son origine du fief de la Boullaye ou haute
Boullaye, situé sur la paroisse de Croisilles, près Gacé, élection de
Bernay, généralité d'Alençon. François de la Boullaye mourut le 21 janvier
1809 en laissant plusieurs enfants. Ce fut à Madame de Hesbert, une de ses
filles, qu'échut le domaine; elle n'eut pas d'enfants et Thevray devint la
propriété de Madame Mélanie de la Boullaye, qui eut deux fils,
Charles-François-Nestor et Jules-Guillaume-Raoul. Le domaine de Thevray
passa par droit de succession à M. Robert de la Boullaye. (1)
Éléments protégés MH : la tour de Thevray : classement par arrêté du 12
juillet 1886.
château de Thevray 27330 Mesnil-en-Ouche, lieu dit Tour de Thevray,
propriété privée, ouverte aux journées du Patrimoine.
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous. Propriétaire de cet édifice, vous
pouvez enrichir notre base de données en nous adressant des photos pour
illustrer cette page, merci.
A voir sur cette page "châteaux
de l'Eure" tous les châteaux répertoriés à ce jour
dans ce département. |
|